Lichterfelde West, quartier maître de Berlin

Lichterfeld est un quartier résidentiel paisible et vert, truffé de villas parfois rocambolesques, incontournable pour les amoureux de l’architecture début du siècle. Rues pavées, becs de gaz dispensant le soir une chiche lumière jaune, allées plantées de tilleuls ou de marronniers… Du temps du Mur, une villa à Lichterfelde se vendait quelques dizaines de milliers de Marks, et aujourd’hui encore, le quartier est peuplé de nombreux soixante-huitards à la retraite, amateurs de ces jardins sauvages qui font aussi le charme du quartier. Ce tour d’une heure environ est idéal par une belle journée d’automne, lorsque les feuilles tombées laissent mieux deviner les façades parfois somptueuses du quartier. Au bout du parcours, la Karl-Platz offre une pause idéale, chez «Frau Lüske», un café proposant de très bons gâteaux ou brunchs.

L’histoire de Lichterfelde débute en 1865. Cette année-là, l’homme d’affaires et agent immobilier Johann Anton Wilhelm Carstenn achète le vaste Domaine endetté de Lichterfelde, pour y édifier un ensemble de luxueuses villas destinées à une haute bourgeoisie en pleine croissance. L’endroit présente un atout de taille: la ligne de chemins de fer, qui relie Lichterfelde au pouls urbain de la Potsdamer Platz en 20 minutes. L’édification en 1870 de la gare – l’une des plus belles de Berlin, dans le style toscan à la mode à l’époque et où commence notre visite– jouera un rôle central dans le succès commercial du lotissement.

La place de la gare est charmante, avec ses maisons peintes, notamment la «Emisch-Haus», ornée de motifs verts tirés de la Bible. En prenant à droite la Curtiusstrasse, la visite commence par une des plus belles villas de Lichterfelde : la «Villa Florentine» aussi appelée Villa Holzhüter, l’une des plus anciennes et les plus spacieuses du lotissement. Nous prendrons plus loin sur la gauche la Köhlerstrasse, puis la Friedrichstrasse également sur la gauche. Au coin avec la Kommandantenstrasse se dresse la Fondation Rother, une série de bâtiments de brique typique de l’architecture berlinoise de l’époque, où étaient logées les filles d’officiers non mariées et dans le besoin. Le bâtiment abrite aujourd’hui une maison de retraite.

Poursuivons dans la Kommandantenstrasse, ornées de belles maisons puis faisons un crochet sur la droite, dans le Weddigenweg comptant lui aussi de belles façades avant de retourner sur nos pas vers la Paulinenstrasse. Aux numéros 16 et 17, puis 24 à 28, se trouvent plusieurs beaux spécimens de maisons dessinées par l’architecte en mode à l’époque, Gustav Lilienthal, qui a construit à Lichterfeld plusieurs petits châteaux forts avec tourelles et pont-levis, délicieusement kitsch. Au bout du parcours, la Karlplatz offre une pause idéale. Les plus courageux peuvent poursuivre leur route vers le sud, vers la Potsdamer Strasse, puis plus à l’est la Walter Linse Strasse. Au numéro 12 vécut l’avocat ouest allemand défenseur des droits de l’homme Walter Linse. Critique du régime soviétique, il avait été enlevé en 1952 chez lui par la police politique de RDA la Stasi, livré au KGB, torturé en Union Soviétique avant de mourir à Moscou en 1953.

Nathalie Versieux Berlin, de notre correspondante

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