Etats-Unis: les artistes de rue se jettent dans la bataille électorale

Le street artiste Jules Muck peint un graffiti en l'honneur du candidat à la primaire démocrate américaine Bernie Sanders, à Coachella en Californie, le 21 avril 2016
Le street artiste Jules Muck peint un graffiti en l’honneur du candidat à la primaire démocrate américaine Bernie Sanders, à Coachella en Californie, le 21 avril 2016

Graffitis, pancartes, panneaux de circulation détournés, montages photo… La course à la Maison Blanche déborde dans les rues aux Etats-Unis à travers des oeuvres de « street art » qui défendent ou attaquent les candidats.

Le milliardaire Donald Trump, en tête de la course à l’investiture républicaine et qui a tenu des propos dénigrant les Hispaniques, les femmes ou les musulmans, est le candidat qui inspire le plus les artistes de rue.

« Beaucoup de gens se sont ligués pour créer de l’art qui le dénonce », constate Mitchel Dumlao, co-fondateur de la galerie de Los Angeles LA Street Art Gallery, interrogé par l’AFP.

« Plus un candidat est controversé, plus il récolte d’attention », ajoute-t-il.

La peinture murale anti-Trump de l’artiste new-yorkais Hanksy a triomphé à Manhattan et sur les réseaux sociaux: elle représente le visage du magnat de l’immobilier qui transparaît dans le dessin d’un tas d’excréments survolé de mouches.

« Donald tu es un crétin », un pochoir en noir et blanc qui montre le profil du candidat, fait aussi partie des oeuvres les plus visibles et populaires du moment. Sponsorisée par la marque d’alcool Ilegal Mezcal, elle a été reproduite à l’infini sur des posters placardés à New York, Los Angeles et Miami, ou sur des T-shirts.

Un homme photographie une oeuvre du "street artist" Plastic Jesus, détournement d'un panneau d'interdiction de stationnement où figure "interdit à Trump à toute heure", à Hollywood en Californie le 27 avril 2016 © ROBYN BECK AFPUn homme photographie une oeuvre du "street artist" Plastic Jesus, détournement d'un panneau d'interdiction de stationnement où figure "interdit à Trump à toute heure", à Hollywood en Californie le 27 avril 2016 © ROBYN BECK AFP
Un homme photographie une oeuvre du « street artist » Plastic Jesus, détournement d’un panneau d’interdiction de stationnement où figure « interdit à Trump à toute heure », à Hollywood en Californie le 27 avril 2016 © ROBYN BECK AFP

A Chicago, Washington, New York et Los Angeles, le « street artist » Plastic Jesus a fait sensation avec le détournement de panneaux de stationnement portant la mention « interdiction de stationner à toute heure » en: « interdit à Trump à toute heure ».

« Comme beaucoup de gens, je n’ai pas de voix en politique. Des journaux comme le New York Times ne m’ouvriraient jamais leurs pages pour écrire une tribune sur la politique, la guerre contre la drogue ou la crise économique », a expliqué à l’AFP l’artiste.

– Générer un débat –

« Pour moi, l’art de rue est donc une bonne manière d’exprimer mes opinions et, avec un peu de chance, d’aider à générer un débat dans le pays », poursuit celui qui avait déjà monté une opération similaire l’an dernier en s’en prenant cette fois aux soeurs Kardashian, stars de la téléréalité.

La politique a toujours fait partie de l’inspiration des artistes de rue dans le monde entier.

Graffiti sur le mur de Berlin représentant un baiser entre l'ex dirigeant de l'URSS Leonid Brejnev (g) et l'ex-dirigeant de la RDA Erich Honecker, photographié à Berlin le 6 novembre 2015 © JOHN MACDOUGALL AFP/ArchivesGraffiti sur le mur de Berlin représentant un baiser entre l'ex dirigeant de l'URSS Leonid Brejnev (g) et l'ex-dirigeant de la RDA Erich Honecker, photographié à Berlin le 6 novembre 2015 © JOHN MACDOUGALL AFP/Archives
Graffiti sur le mur de Berlin représentant un baiser entre l’ex dirigeant de l’URSS Leonid Brejnev (g) et l’ex-dirigeant de la RDA Erich Honecker, photographié à Berlin le 6 novembre 2015 © JOHN MACDOUGALL AFP/Archives

L’un des exemples les plus emblématiques est le célèbre baiser de l’ex dirigeant de l’URSS Leonid Brejnev et de l’ex-dirigeant de la RDA Erich Honecker, reproduit sur le mur de Berlin.

Aux Etats-Unis, l’image peut-être la plus influente de la campagne électorale de Barack Obama en 2008, le poster colorisé surmonté de la mention « Hope » (espoir), a été conçue par Shepard Fairey.

« Il a inspiré et aidé toute une génération de nouveaux électeurs à se sentir connectés au candidat Barack Obama. Son imagerie et son message simples ont touché le public américain qui cherchait un futur dans lequel croire après le gouvernement Bush », estime Souris Hong, présidente de la société de conseil artistique Creative Cabal et conservatrice de l’exposition « L’art de la révolution politique », organisée par l’équipe de campagne du candidat démocrate à la présidentielle Bernie Sanders.

Pour elle, les murs des villes du monde entier offrent depuis longtemps des tribunes politiques aux artistes. « La différence, aujourd’hui, ce sont les réseaux sociaux, qui aident à répercuter le message plus loin et beaucoup plus vite », a-t-elle ajouté, interrogée par l’AFP.

Le candidat le plus à gauche en lice pour la présidentielle, Bernie Sanders, est le préféré des artistes.

Hillary Clinton, qui le devance cependant largement dans les sondages pour la course à l’investiture démocrate, est également l’un des sujets de prédilection des « street artists ».

Son visage imprimé sur un sapin en carton – de type « arbre magique » désodorisant – frappé du slogan « Hillary Pue » et de la mention « odeur de scandale », a envahi Los Angeles.

L’ex-secrétaire d’Etat apparaît aussi sur certains posters travestie en ogre du film d’animation « Shrek », entre autres.

Trump et Clinton apparaissent aussi côte à côte dans certaines oeuvres, notamment sur l’une d’elles, dans une rue de New York, où ils sont transformés en boxeurs qui s’affrontent.

01/05/2016 12:56:55 – Los Angeles (AFP) – © 2016 AFP

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