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« Rosalie Blum », « Médecin de campagne »… Les films à voir (ou pas) cette semaine

Le choix de « l’Obs »

♥♥♥♥ « In Jackson Heights« , par Frederick Wiseman. Documentaire américain (3h10).

En immersion. Comme toujours chez Frederick Wiseman, personne ne parle à la caméra, pas un mot de commentaire, pas une explication, pas de souci didactique apparent. Juste des images, des sons, des mots. Ceux-ci sont le plus souvent hispaniques, mais c’est bien de New York qu’il s’agit, de Jackson Heights précisément, ce quartier du Queens situé à moins de trente minutes de métro du cœur de Manhattan.

Un conseiller municipal l’affirme avec une fierté légitime : « Cette communauté est la plus diverse au monde. » Une diversité traduite par un chiffre : à Jackson Heights peuvent s’entendre 167 langues différentes. Tous les habitants sont venus d’ailleurs, ce qu’aucun d’entre eux n’a oublié, pas même les plus anciens, dont les ancêtres ont traversé l’Atlantique, quand certains des plus récents ont, eux, franchi le Río Grande. Tous sont américains, ou se préparent à le devenir, et cela aussi le film le montre. Comme il montre les salons de coiffure et les cours de danse, les manucures et les abattoirs où l’on sacrifie les volailles, les bars gay, la synagogue, l’église, l’école coranique, le temple hindou, les réunions de prostitués, transsexuels ou pas, la formation des aspirants chauffeurs de taxi, les boutiques de bimbeloterie catholique, les salons de beauté pour chiens, les réunions à la mairie, enfin tout ce qui fait la vie au quotidien de ces gens qui ont trouvé leur unité dans la diversité.

Une diversité menacée. La proximité de Manhattan excite l’appétit des sociétés immobilières, les baux des petits commerçants ne sont pas renouvelés, de grandes enseignes s’implantent. Demain, les plus modestes seront partis, et l’argent coulera à flots. Demain, Jackson Heights ne sera plus Jackson Heights. Pour l’heure, une dame très riche de 98 ans se désole que personne ne lui parle, l’employé latino d’une pizzeria travaille 65 heures par semaine, le maire de New York prend part à la parade des gays, les Colombiens s’enflamment pour l’équipe de foot de leur (premier) pays.

Le cameraman de Frederick Wiseman filme, lui-même enregistre les sons et, dans la salle de montage, donne forme à son film, qui doit être quelque chose comme son quarantième (les treize plus anciens viennent d’être réunis dans un somptueux coffret DVD édité par Blaq Out, premier volume d’une intégrale indispensable). « In Jackson Heights » est une nouvelle merveille, qui vient compléter l’extraordinaire tableau composé par un des maîtres du cinéma d’aujourd’hui, qui a fêté ses 86 ans le 1er janvier dernier.

Les autres sorties

♥♥♥ « Keeper« , par Guillaume Senez. Drame belge, avec Kacey Mottet Klein, Galatea Bellugi, Catherine Salée, Sam Louwyck, Laetitia Dosch (1h35).

Maxime n’a que 15 ans, mais quand Mélanie, sa petite amie, lui annonce qu’elle est enceinte, il souhaite garder l’enfant. Maxime est un gardien (« keeper »). Un gardien de but, pour commencer, entraîné par son père, qui espère qu’il fera carrière dans le foot, mais les grands clubs dont il rêve sont encore loin.

Voilà, les données du premier film de Guillaume Senez sont en place. Mais l’essentiel, c’est l’énergie dont le jeune cinéaste et ses acteurs font montre. Elle est portée à son point d’incandescence par une réalisation au plus près des personnages, qui privilégie le tempo et réussit à maintenir du début à la fin un rythme d’enfer.

Kacey Mottet Klein, que l’on verra bientôt dans le nouveau film d’André Téchiné, et Galatea Bellugi (Mélanie) sont extraordinaires, mais aussi les interprètes des parents, la mère de Maxime, aimante et accommodante, celle de Mélanie, aimante elle aussi, mais refusant de voir sa fille vivre ce qu’elle-même a vécu, qui l’a blessée à jamais et s’opposant donc aux désirs des deux jeunes. Un petit coup de force scénaristique aide les personnages à aller là où les auteurs ont décidé qu’ils iraient. Il y a là un talent, une maîtrise, une attention aux autres et une confiance dans le cinéma qui conduisent à penser que l’on reparlera de Guillaume Senez.

♥♥ « Médecin de campagne« , par Thomas Lilti. Comédie dramatique, avec François Cluzet et Marianne Denicourt (1h42).

Comme il y a une médecine de proximité, voici du cinéma de proximité. Où tout est filmé à hauteur d’homme, dans une commune rurale où le généraliste tient autant du thérapeute que du compagnon, tutoie ses patients, soigne des corps rugueux et des accidentés de la ferme, connaît leurs drames personnels (ici, des enfants handicapés mentaux), se déplace en bottes, affronte les chiens et les jars, se dévoue jour et nuit, sans jamais compter ses heures ni mesurer sa fatigue.

Deux ans après le très autobiographique « Hippocrate », le Dr Thomas Lilti, 39 ans, qui a lui-même exercé en Normandie et dans les Cévennes, poursuit sa chronique balzacienne d’un très vieux sacerdoce que notre époque voudrait rationaliser, moderniser et parfois éradiquer. Pour illustrer ce débat, il y fait le portrait d’un médecin de campagne qui refuse de dételer malgré le cancer contre lequel il se bat et qui voit débarquer, pour le seconder et bientôt le remplacer, une interne hospitalière venue de la ville.

François Cluzet et Marianne Denicourt, tous les deux aussi justes et sobres, apprennent peu à peu, non sans mises à l’épreuve, à cohabiter et à fraterniser. C’est, avec la maladie du Dr Werner, la seule part romanesque de ce film naturaliste d’une touchante humanité, d’une attachante honnêteté, et dont le propos est clairement politique.

♥♥♥ « Chala, une enfance cubaine« , par Ernesto Daranas. Comédie dramatique cubaine, avec Alina Rodriguer, Armando Valdes Freire, Silvia Aguila (1h48).

Le hasard fait bien les choses. Au lendemain de la visite historique et intéressée de Barack Obama à La Havane, et à la veille du concert historique et gratuit que les Rolling Stones vont y donner, sort en France « Chala, une enfance cubaine », d’Ernesto Daranas. Ce film est une très bonne nouvelle. D’abord, il est aussi bien réalisé qu’interprété – preuve que le cinéma cubain, depuis longtemps étouffé par le castrisme, n’est pas mort. Ensuite, il ne cache rien des problèmes économiques, sociaux, éducatifs et politiques que rencontrent aujourd’hui les Cubains. Enfin, il a la force et la portée d’une fable universelle, dont la candeur est toujours un leurre.

Son héros, Chala, est un préado sans père et presque sans mère – elle partage en effet sa vie entre l’alcool, la drogue, le tapin et la dèche. Pour se faire de l’argent, Chala dresse des chiens de combat et élève des pigeons sur le toit. Sa seule conscience morale est incarnée ici par une institutrice âgée, Carmela, qui l’instruit, le discipline, le protège et surtout l’aime –c’est la magnifique Alina Rodriguez, disparue l’été dernier, sur le visage sans rides de laquelle semble passer toute l’histoire, à la fois sombre et solaire, de Cuba.

Quant au gamin débrouillard, mélange d’insolence et de tendresse, il représente l’avenir de cette île dont, loin de la misère et de la dictature, on n’a jamais aussi bien filmé les grands ciels et représenté l’espérance. Ce Gavroche de La Havane, filmé par un cinéaste de 54 ans doué pour déjouer la censure, s’appelle Armando Valdes Freire et il est encore au collège. Il mérite le tableau d’honneur.

♥ « Comme des lions« , par Françoise Davisse. Documentaire français (1h55).

Un film de lutte. Pendant deux ans, Françoise Davisse a suivi le combat des salariés de l’usine PSA d’Aulnay, elle a capté leurs mots, surpris leurs visages, saisi les moments de doute et les instants d’espoir, débusqué les mensonges des puissants, patrons et responsables politiques mêlés.

Rencontres, discussions, contradictions, manifestations, confrontations, les mots disent le désarroi, la colère, les corps tendus traduisent la volonté, la rage, les corps contraints, entraînés de force par les représentants de la loi, expriment un découragement souvent passager, mais bien réel. Une phrase inscrite sur les tee-shirts clame : « On se battra comme des lions. » Oui, ils ont tenu parole, c’est ce que montre le film, qui porte haut son ambition de proposer les modèles à suivre pour les luttes à venir.

♥♥ « Rosalie Blum« , par Julien Rappeneau. Comédie sentimentale française, avec Kyan Khojandi, Noémie Lvovsky, Alice Isaaz, Anémone (1h35).

Il a hérité du salon de coiffure de son père. Sa mère (Anémone, au numéro parfaitement rodé) vit dans le même immeuble que lui et ne lui laisse pas un instant de répit. Il n’a pas vu sa copine depuis plus de six mois. Heureusement, il y a Rocky, son chat. La vie de Vincent (Kyan Khojandi) n’a rien de bien palpitant. Jusqu’au jour où il fait la connaissance de l’épicière (Noémie Lvovsky), qui vit en solitaire dans cette petite ville de province.

Sans savoir bien pourquoi, il l’épie, la suit, trop timide pour l’aborder. Elle remarque son manège et demande à sa nièce (Alice Isaaz), qui n’a rien de mieux à faire et a vraiment beaucoup de charme, de le surveiller pareillement. Adaptant les BD de Camille Jourdy, Julien Rappeneau (le fils du cinéaste Jean-Paul Rappeneau) livre un premier film techniquement irréprochable, qui renoue par moments avec la tradition d’un réalisme poétique que l’on imaginait passé de mode. Le principe « Comtesse aux pieds nus » (le même événement repris selon des points de vue différents) dont procède le scénario produit un effet tuyau-de-poêle qui, même s’il fait long feu, est assez amusant. Tous les acteurs s’acquittent avec talent de leur mission

C’est raté

◊ « Remember« , par Atom Egoyan. Drame canadien, avec Christopher Plummer, Martin Landau, Bruno Ganz, Jürgen Prochnow (1h35).

Ce n’est pas une bonne nouvelle, mais Atom Egoyan n’y arrive plus. Il suit cette fois-ci un survivant d’Auschwitz, veuf depuis peu et souffrant de démence sénile, lancé par un de ses compagnons de maison de retraite (Martin Landau) sur la piste d’un SS ayant sévi au camp. Tandis que Zev Guttman, qui pendant soixante-dix ans s’est appliqué à oublier les horreurs vécues en Allemagne, traverse une partie de l’Amérique du Nord et perd peu à peu les derniers repères qui lui restent, le cinéaste ne parvient pas à retrouver les siens.

Guttman ne connaît de sa cible que le nom d’emprunt. Il passe ainsi d’un suspect à un autre. Il rencontre tour à tour un ancien de l’Afrika Korps (Bruno Ganz), le fils d’un nazi convaincu mort récemment, lui-même bien trop jeune pour être le bourreau traqué (la scène est sans doute la meilleure du film, car la seule réellement inattendue), et enfin un grand-père dont le visage boursouflé de latex laisse espérer un temps que le personnage a été vieilli à dessein, et non l’acteur (Jürgen Prochnow). Une scène de révélation-explication en forme de coup de théâtre entièrement dépendant des dialogues met un terme à une odyssée qui vaut uniquement par Christopher Plummer, impressionnant de maîtrise et de sensibilité.

Pascal Mérigeau et Jérôme Garcin

10 choses à savoir sur la YouTubeuse Andy, « Princesse 2.0 »

A 29 ans, la numéro 1 des YouTubeuses françaises sort des écrans et publie son premier livre, un journal intime fictif à la morale adolescente. Dix choses à savoir sur Andy.

1 Lol

Elle aurait pu miser sur son minois et faire comme les autres YouTubeuses : des tutoriels beauté pour collégiennes. Mais Andy, Nadège de son vrai prénom, a choisi la déconnade, à base de sketchs : « Et si Barbie était vivante », « Si les réseaux sociaux étaient des personnes »… Et c’est fichtrement bien troussé. Selon elle :

« C’est de l’humour de nanas, sur leurs habitudes. »

Bilan, après trois ans d’existence : près de 2,4 millions d’abonnés à sa chaîne, moins que Cyprien, avec ses 8,7 millions de fans, mais mieux qu’Enjoy Phoenix et Natoo.

2Bricolage

Andy fait la mariole, usant avec autodérision de son physique de poupée. Au départ, tout était filmé… à l’iPhone. Maintenant, la jeune femme s’adjoint les services d’un cadreur et d’un ingé son pour des vidéos plus léchées. Il faut une semaine pour boucler un sketch : un jour de tournage, trois à quatre de montage.

3Mecs

Les filles, ça parle garçons. C’est donc le fil rouge d’ »Andy, princesse 2.0″ (404 Editions). Pitch : Andy-Lindsay, la narratrice, matche sur Tinder avec Anthony. Le garçon se révélera être un parfait c…..d, et la donzelle tombera dans les bras de son meilleur ami, qu’elle s’obstinait bêtement à « friendzoner ». Ça parle d’ex, de princesses et de « coucher ou pas le premier soir ? » C’est rose girly. Pour ados uniquement.

4« Money, money, money »

Andy ne parle pas volontiers d’argent. « Je vis bien, mais je ne gagne pas 10.000 euros par mois non plus. J’économise pour m’acheter un appart. » Et ça fait combien ? Mystère. Andy fait « très peu de placement de produits » : elle a choisi de ne (quasiment) pas vanter de marques dans ses vidéos, malgré d’importantes sollicitations.

5Ex-mannequin

Oui, elle a été miss Berry-Val de Loire à 20 ans, mais ne souhaite plus évoquer ce passé, ni son passage éclair dans « Secret Story » en 2007. Elle a ensuite été mannequin, aux Etats-Unis.

« Je bossais dans une très bonne agence, entre Miami et New York, mais c’était difficile à supporter : la question du poids, la pression. J’ai tenu six ans. »

A son retour en France, à 26 ans, elle se demande quoi faire. « Je passais mes journées à regarder des vidéos de Norman et de Cyprien. » Outre-Atlantique, les YouTubeuses cartonnaient. Pourquoi pas elle ?

6Dessin

Après un bac arts appliqués, souhaitant devenir designer, elle commence une école d’arts… qui l’a dégoûtée. « Après, je n’ai plus jamais mis les pieds dans un musée. Ni dessiné ni peint. Un vrai traumatisme. »

7Notoriété

C’est le propre des YouTubeurs : les ados sont hystériques quand ils les voient ; les adultes ne savent même pas qu’ils existent. « Il y a des horaires où je peux sortir, et d’autres, non. J’ai un public de filles entre 15 et 20 ans. Je suis comme leur grande soeur. »

8404 Editions


Andy a été éditée grâce à Lola Salines, jeune éditrice de Gründ assassinée au Bataclan, qui portait le projet chez 404 Editions. « Je l’ai rencontrée une fois, elle avait commencé à me lire. Ça a été très dur. » En hommage, Lola apparaît sur un petit dessin, montée sur le dos d’une licorne.

9Netiquette


Ses potes sont YouTubeurs. « Ma meilleure amie, c’est Shera, que je connais depuis un an. » Andy croise Norman et Cyprien en soirée et a invité la comique Natoo à son anniversaire. Seul hic : l’étiquette YouTube. « Tu ne parles jamais en premier à un YouTubeur qui a plus d’abonnés que toi, car il ne faut pas avoir l’air intéressé [passer dans une vidéo d’une star peut faire grimper sa propre notoriété, NDLR]. Ça crée des rapports bizarres. »


(404 Editions)

10Série-addict

« ‘Game of Thrones’, c’est toute ma vie. » Elle ne jure que par la noble Brienne, aime l’affreux Ramsay Snow, affiche des posters dans ses W-C et a même accroché la maxime « Valar morghulis » (« Tout homme doit mourir ») au-dessus de sa télé. En cas de grosse tête, ça vous remet les idées en place.

Cécile Deffontaines

La manifestation contre la loi Travail dégénère : une voiture brûlée, plus de 20 interpellations

La manifestation des lycéens et étudiants contre le projet de loi sur le travail a dégénéré jeudi après-midi à Paris, avec deux voitures incendiées et plus de vingt personnes interpellées. Deux policiers auraient également été blessés, selon une source policière, qui a précisé que la manifestation rassemblait de 4 800 à 5 200 personnes. Des CRS ont utilisé du gaz lacrymogène pour disperser des jeunes, dont certains étaient cagoulés, qui criaient «Tous à l’Assemblée».

Plusieurs milliers d’étudiants et de lycéens, rejoints par des salariés, avaient commencé à manifester en début d’après-midi, du quartier Montparnasse aux Invalides, derrière une banderole «La nuit c’est fait pour baiser, pas pour travailler». Sept syndicats et organisations de jeunes (CGT, FO, FSU, Solidaires, Unef, UNL et Fidl) sont à l’origine de cet appel à manifester, à Paris et en province, contre le projet de loi travail, présenté jeudi matin en Conseil des ministres.

Lors de cette manifestation un cortège de 150 à 200 personnes s’est éloigné du trajet officiel, et a improvisé une manifestation sauvage dans les rues entre les Invalides et le champs de Mars. Rapidement pris en chasse par les CRS, et après quelques affrontements, les manifestants se sont rapidement dispersés sur le champs de Mars sous le regard médusé des touristes, a rapporté l’un de nos photographes sur place.

LIBERATION

Olivier Py: en Avignon «il y a du possible à inventer»

La mairie socialiste d’Avignon avait annoncé une baisse de budget de 5% et la fermeture de plusieurs lieux l’an dernier. Quels sont, aujourd’hui, vos rapports avec elle?

La mairie n’est pas revenue sur sa baisse de subvention. Plusieurs lieux restent fermés, comme le verger et le potager Urbain V ou l’espace Jeanne-Laurent [initiatrice de la décentralisation théâtrale sous la IVe République, ndlr] qui, par son nom, est un lieu emblématique. En revanche, ont rouvert le gymnase Paul Giéra et le jardin de la rue Mons.

En quoi les Damnés, jouée dans la cour d’honneur, est-elle la pièce phare du Festival?

Le metteur en scène Ivo Van Hove a travaillé sur le scénario plutôt que sur le film de Luchino Visconti dont il avait déjà tiré Ludwig et Rocco et ses frères. Pour lui, il y a une montée du populisme en Europe. Cette histoire raconte la complicité des grandes puissances économiques. Par l’entremise de ma vieille amitié avec Eric Ruf -nous étions élèves ensemble au conservatoire- j’ai proposé à la troupe de la Comédie-Française de revenir en Avignon après vingt-trois ans d’absence.

De votre côté, pourquoi monter Eschyle en toute discrétion?

J’avais envie de faire ce que j’avais déjà mis en place au Théâtre de l’Odéon [que Py a dirigé de 2007 à 2012, ndlr], à savoir, un théâtre de tréteaux ultraléger qui permet d’aller dans différents lieux avec des acteurs et un texte. C’est une décentralisation de 3 kilomètres que j’avais envie de faire au moins une fois en Avignon. J’ai déjà monté trois pièces d’Eschyle mais pas Prométhée: or, c’est la figure du révolté, du prisonnier politique qui est au cœur de cette édition. L’affiche (dessinée par l’artiste Adel Abdessemed) représente un cheval qui rue, signe que quand les choses sont impossibles, il reste du possible à inventer.

La programmation du Festival ne remplit toujours pas les critères paritaires, une exigence des ministres de la culture successives.

C’est difficile à mettre en place, on a toujours 50 projets d’homme pour un projet de femme. On n’a jamais eu autant de femmes au Festival [un tiers des spectacles, ndlr]. Je ne m’engage pas à réussir l’année prochaine mais cela viendra.

Clémentine Gallot

« In Jackson Heights », dernière merveille de Frederick Wiseman

En immersion. Comme toujours chez Frederick Wiseman, personne ne parle à la caméra, pas un mot de commentaire, pas une explication, pas de souci didactique apparent. Juste des images, des sons, des mots. Ceux-ci sont le plus souvent hispaniques, mais c’est bien de New York qu’il s’agit, de Jackson Heights précisément, ce quartier du Queens situé à moins de trente minutes de métro du cœur de Manhattan.

Un conseiller municipal l’affirme avec une fierté légitime : « Cette communauté est la plus diverse au monde. » Une diversité traduite par un chiffre : à Jackson Heights peuvent s’entendre 167 langues différentes. Tous les habitants sont venus d’ailleurs, ce qu’aucun d’entre eux n’a oublié, pas même les plus anciens, dont les ancêtres ont traversé l’Atlantique, quand certains des plus récents ont, eux, franchi le Río Grande.

Un cosmopolitisme menacé

Tous sont américains, ou se préparent à le devenir, et cela aussi le film le montre. Comme il montre les salons de coiffure et les cours de danse, les manucures et les abattoirs où l’on sacrifie les volailles, les bars gay, la synagogue, l’église, l’école coranique, le temple hindou, les réunions de prostitués, transsexuels ou pas, la formation des aspirants chauffeurs de taxi, les boutiques de bimbeloterie catholique, les salons de beauté pour chiens, les réunions à la mairie, enfin tout ce qui fait la vie au quotidien de ces gens qui ont trouvé leur unité dans la diversité.

Une diversité menacée. La proximité de Manhattan excite l’appétit des sociétés immobilières, les baux des petits commerçants ne sont pas renouvelés, de grandes enseignes s’implantent. Demain, les plus modestes seront partis, et l’argent coulera à flots. Demain, Jackson Heights ne sera plus Jackson Heights. Pour l’heure, une dame très riche de 98 ans se désole que personne ne lui parle, l’employé latino d’une pizzeria travaille 65 heures par semaine, le maire de New York prend part à la parade des gays, les Colombiens s’enflamment pour l’équipe de foot de leur (premier) pays.

Le cameraman de Frederick Wiseman filme, lui-même enregistre les sons et, dans la salle de montage, donne forme à son film, qui doit être quelque chose comme son quarantième (les treize plus anciens viennent d’être réunis dans un somptueux coffret DVD édité par Blaq Out, premier volume d’une intégrale indispensable). « In Jackson Heights » est une nouvelle merveille, qui vient compléter l’extraordinaire tableau composé par un des maîtres du cinéma d’aujourd’hui, qui a fêté ses 86 ans le 1er janvier dernier.

Pascal Mérigeau

♥♥♥♥ « In Jackson Heights« , par Frederick Wiseman. Documentaire américain (3h10).

Le printemps, c’est maintenant

Trois heures de soleil en plus, des températures clémentes, des prix plus doux… Le ski de printemps a de quoi séduire. Et si la neige et la météo sont au rendez-vous, les sports d’hiver au printemps ont de quoi séduire…

A partir du 20 mars et jusqu’à la fermeture de leur domaine skiable, une trentaine de stations des Alpes participent à l’opération «Printemps du ski». Une initiative lancée il y a trois ans pour créer une nouvelle saison de glisse.

Cours de ski gratuits pour les débutants, réductions diverses, enfants invités… Les stations multiplient les offres et cassent les prix (1).

Le concept général? Skier le matin au-dessus de 1 800 mètres, puis expérimenter de nouvelles activités l’après-midi (randonnée en raquettes, VTT des neiges, farniente au centre aqualudique, balade à cheval, yoga…). Des loisirs proposés l’hiver mais qui trouvent ici toute leur place avec des journées plus longues et des températures agréables.

Des événements festifs pimentent les séjours. Parmi les plus courus, Rock the Pistes ouvre la saison du 13 au 19 mars avec des scènes de concert plantées dans la neige du domaine skiable des Portes du soleil (Avoriaz, Morzine, Châtel…). A La Plagne, du 3 au 15 avril, Subli’cimes investit six sommets de la station, à plus de 2 000 m, avec des activités thématisées (adrénaline, bien-être…).

Enfin ados et amoureux de la fête trouveront leur bonheur dans les restos d’altitude où sonos et dancefloors ont pris leur aise depuis quelques saisons.

(1) Exemple repéré sur les site Pierre et vacances: 800 euros pour un appartement loué 1900 euros à Avoriaz pendant les vacances de février.

France Montagnes a rencensé sur son site nombre d’activités dans les stations.

A découvrir ici.


Florence DONNAREL

Bruxelles: les kamikazes de l’aéroport identifiés?

«C’est le monde entier qui doit réagir face à cette menace» a affirmé Manuel Valls sur Europe 1 ce matin, évoquant, au lendemain des attentats de Bruxelles, la présence d’un «ennemi extérieur et intérieur». «Nous n’avons jamais connu une telle menace, à un tel niveau», a-t-il mis en garde. «Nous savons que Daech mobilise ses troupes, organise des commandos pour frapper en Europe.» «L’Europe a été attaquée, parce que c’est l’Europe. Donc, la réponse, elle doit être européenne. Et aujourd’hui, la Belgique et la France sont plus que jamais unies face au terrorisme», a-t-il conclu.

Pas assez noire pour jouer Nina Simone ?

Scandale : Zoe Saldana n’est pas assez noire pour jouer le rôle de Nina Simone. En plus, elle est bien trop jolie. Enfin, elle est libano-porto-ricaine, pas afro-américaine. Elle n’a pas la même coiffure. Elle a un menton (Nina Simone n’en avait pas). Les gardiens de la morale black ont bien raison : il faut donner les rôles de plombiers aux plombiers, les personnages de tueurs aux tueurs, les costumes de nazis à de vrais nazis (ils sont de plus en plus rares, dépêchez-vous les gars), et, dans le costard de Vercingétorix, seul un vrai Gaulois saurait porter les sandales en raphia et laine grasse des Pyrénées du général de Gergovie.

C’est vrai, quoi, à la fin. On en a marre de ces Indiens joués par des Blancs, de ces musiciens qui savent pas où placer leurs doigts sur le piano, de ces pharmaciens incarnés par des sociétaires de la Comédie-Française. Il nous faut de l’authentique, du solide, du réaliste. Nina Simone doit être représentée par… par… Les commissaires politiques du Bureau de la Blackitude n’ont pas encore donné la réponse. Mais ça ne saurait tarder.

Les cothurnes de « Ben Hur »

Là où l’affaire se complique, c’est dans les données multiples. J’explique : un camionneur doit être joué par un camionneur, ok. S’il est asiatique, va falloir trouver un camionneur chinois. Si, en plus, il est homosexuel, il est nécessaire de choisir un camionneur pékinois gay. Supposons que le scénario exige qu’il soit con : pas dur, de trouver un camionneur pékinois gay et con. Oui, mais voilà, il a un pied bot. Et il boit. Et c’est un collectionneur de coccinelles clandestin. Et il se fait fouetter dans les stations-service avec des roseaux de l’étang de Berre. Et il se ronge les ongles en lisant le Petit Livre Plus Tellement Rouge de Lin Piao. Et il ne paie pas ses impôts. Et il est secrètement amoureux de Zoe Saldana. Ah, la vache !

Résultat : le casting director va se casser le bonbon à chercher un routier aux yeux bridés, homo, alcoolique, amateur de coccinelles, masochiste, lecteur de livres marxistes, copain de Cahuzac, boîteux et abruti. Ça fait beaucoup, quand même. Mais, mes frères, l’exigence d’équité est à ce prix. Chacun dans son rôle.

Prenons un autre exemple : dans la nouvelle version annoncée de « Ben Hur » (mais quel est le débile qui a eu l’idée d’en faire un troisième remake ?) qui sortira en septembre, il est obligatoire que les cothurnes de Charlton Heston soient remplies par un mec qui, comme lui, soit à la tête de la National Rifle Association. Et que la mini-jupette de Stephen Boyd dissimule de la même façon la charcuterie du nouveau Messala, Toby Kebbell.

L’embêtant, c’est que le réalisateur du new « Ben Hur » est russe. Oh, la faute de goût ! Qu’est ce qu’un ex-soviétique peut comprendre à cette saga romaine écrite par le gouverneur du Texas (celui-là même qui a fait tuer Billy the Kid). Il aurait fallu trouver un réalisateur amateur de coccinelles sans menton qui aime Nina Simone, euh, non, un cinéaste gay qui, auscultant la jupette, aurait fait dire : « Messala, Ben Hur ! », avec conviction.

Mais c’eut été un autre film, à vrai dire.

François Forestier

La mission militaire de l’UE à Bamako repousse une attaque, un assaillant tué

Un hôtel de Bamako abritant la mission de l’Union européenne qui entraîne l’armée malienne (EUTM Mali) a été visé lundi soir par une attaque qui a été repoussée, faisant un mort parmi les assaillants. L’hôtel, réquisitionné par la mission de formation européenne, est situé dans le quartier ACI 2000, à proximité de l’hôtel de luxe Radisson Blu qui avait été frappé le 20 novembre par un attentat jihadiste ayant fait 20 morts, outre les deux assaillants.

Des tirs, suivis d’échanges d’armes automatiques, avaient éclaté en début de soirée dans ce quartier huppé de la capitale malienne, selon des témoins et des journalistes. L’EUTM et le ministère malien de la Sécurité intérieure ont indiqué par la suite que l’attaque, à l’arme légère, avait débuté peu après 18H30 (locales et GMT).

Lire aussi Le Mali toujours sous la menace jihadiste

«Les militaires de l’EUTM et les gardes qui assurent la protection du bâtiment ont immédiatement riposté. Un des assaillants a été abattu», a déclaré le ministre de la Sécurité intérieure Salif Traoré à la télévision dans la soirée, confirmant des informations données par une source au sein de l’EUTM. «Nous sommes en train de prendre des dispositions pour vérifier le sac qu’il transportait qui pourrait contenir des explosifs et la protection civile est également en train de faire son travail», a poursuivi M. Traoré. 

«Deux suspects ont été interpellés. Ils sont en train d’être interrogés. Les opérations continuent sur le terrain», a annoncé le ministre sans autre indication, ajoutant que «les assaillants seraient entre deux ou trois», alors que le source de l’EUTM avait parlé de quatre, dont trois en fuite. Un membre des forces de sécurité maliennes a été légèrement blessé, selon le ministère. L’identité et les motivations des assaillants restaient inconnues.

Précédentes attaques du groupe de Belmokhtar

L’attentat contre le Radisson avait été revendiqué par Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), en coordination avec le groupe jihadiste de l’Algérien Mokhtar Belmokhtar, Al-Mourabitoune, qui avait scellé à cette occasion son ralliement à Aqmi.

L’EUTM, qui compte quelque 600 personnels, réunit des militaires européens de 25 pays, actuellement sous commandement allemand. Elle a été lancée en février 2013, dans la foulée de l’opération militaire à l’initiative de la France pour chasser les jihadistes qui contrôlaient le nord du Mali.

Elle a pour objectif de remettre sur pied une armée malienne sous-entraînée et sous-équipée en apportant une expertise dans la préparation opérationnelle, le soutien logistique, le renseignement et la formation des unités combattantes sur le camp de Koulikoro (60 km au nord-est de Bamako).

La vaste région du nord du Mali était tombée en mars-avril 2012 sous la coupe de groupes jihadistes liés à Al-Qaïda, après la déroute de l’armée face à la rébellion à dominante touareg, d’abord alliée à ces groupes qui l’ont ensuite évincée. Ces jihadistes ont été dispersés et en grande partie chassés après l’intervention internationale, qui se poursuit actuellement. Mais des zones échappent encore au contrôle des forces nationales et internationales, malgré la signature en mai-juin 2015 d’un accord de paix entre le gouvernement, les groupes qui le soutiennent, et l’ex-rébellion, destiné à isoler définitivement les jihadistes. Longtemps concentrées dans le nord, les attaques se sont étendues à partir de 2015 vers le centre, puis le sud du pays.

AFP

Ecoutes de Sarkozy, Bamako, déchéance de nationalité au Sénat : le point sur l’actu de ce mardi

Ecoutes. La Cour de cassation doit annoncer ce mardi sa décision concernant les écoutes téléphoniques entre Nicolas Sarkozy, son avocat Thierry Herzog et un haut magistrat de la cour de cassation. Mis en examen pour corruption et trafic d’influence, l’ancien président en conteste la légalité.

Bamako. Un bâtiment abritant une mission militaire de l’ONU dans la capitale malienne a été attaqué hier soir par des hommes armés, mais aucune victime n’est à déplorer. Un assaillant a été tué.

Déchéance. Le Sénat à majorité de droite vote solennellement ce mardi la révision constitutionnelle annoncée par François Hollande après les attentats du 13 novembre dans une version différente de celle votée par les députés, ce qui devrait sceller quasiment la fin de la déchéance de nationalité.

Terrorisme. Trois jours après l’arrestation de Salah Abdeslam, l’enquête sur les attentats de Paris a franchi un nouveau pas hier avec l’identification d’un complice présumé, Najim Laachraoui, connu sous la fausse identité de Soufiane Kayal. Son ADN a été retrouvé sur du matériel explosif utilisé le 13 novembre.

Cuba. En visite historique à Cuba, Obama doit s’adresser ce mardi depuis La Havane pour évoquer l’avenir des relations entre les deux pays. Le discours, très attendu sur l’île, sera retransmis en direct à la télévision cubaine.

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