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Chine : au moins 13 morts et 250 blessés dans une énorme explosion à Tianjin

Une impressionnante explosion a secoué la ville chinoise de Tianjin, située à quelque 150 kilomètres au sud-est de Pékin, ce mercredi. Elle a été ressentie à des kilomètres à la ronde et a tué au moins 13 personnes selon un bilan officiel à 23 h 30 (heure française), 250 autres sont blessées. BREAKING: Police say at least 7 dead in Tianjin port explosions.

Sur son site internet, le Quotidien du peuple, organe officiel, a expliqué que les personnes ont été tuées lorsqu’une cargaison d’explosifs a pris feu dans l’entrepôt où ils étaient stockés. Selon les médias locaux, il y a eu au moins 300 blessés. Le journaliste de Courrier international Zhulin Zhang ajoute qu’entre 300 et 400 blessés ont été reçus dans les hôpitaux, un chiffre confirmé par le quotidien chinois les Nouvelles de Pékin. Des centaines d’autres personnes affluent vers les hôpitaux, totalement saturés. De nombreux bâtiments ont été soufflés et les habitants ont été évacués. Selon le Quotidien du peuple, des personnes sont prises au piège dans l’incendie provoqué par une seconde explosion. Selon les médias locaux, l’incendie causé par l’explosion était sous contrôle à 23 heures heure française; deux pompiers sont portés disparus.

Tianjin: 2ème bilan officiel, 13 morts, 11 blessés graves, 248 hospitalisés pic.twitter.com/paFOiwNnmn

— Zhulin Zhang (@ZhangZhulin) 12 Août 2015

Selon l’agence officielle Chine nouvelle, la première explosion a eu lieu vers 23h30, heure locale (18h30 en France) lorsqu’un bruit assourdissant a été entendu et que des flammes ont jailli, éclairant tout le ciel et propulsant des nuages de poussière sur des dizaines de mètres dans l’air. 

Sur des photos diffusées par le réseau social chinois Weibo, des personnes erraient couvertes de sang dans les rues, d’autres portaient des enfants emmitouflés dans des couvertures, mais l’authenticité de ces images n’a pas pu être confirmée dans l’immédiat.

Selon le compte Weibo authentifié du Centre chinois des réseaux de surveillance des séismes, la magnitude de la première explosion équivalait à la détonation de trois tonnes de TNT, tandis que la seconde explosion avait une puissance de l’équivalent de la détonation de 21 tonnes de cet explosif. Tianjin, qui se situe à 140 km au sud-est de Pékin, est l’une des plus grandes villes du pays, avec près de 15 millions d’habitants.

 

Tianjin : photos dans un hôpital pic.twitter.com/JGYOq3UPm4

— Zhulin Zhang (@ZhangZhulin) 12 Août 2015

Grande explosion à #Tianjin, il s’agit d’un dépôt de produits chimiques. Ts les hôpitaux sont saturés pic.twitter.com/BjPLTd8NjU

— Zhulin Zhang (@ZhangZhulin) 12 Août 2015

Update: Hospital says it has received over 50 wounded from #Tianjin blast, new ones keep coming pic.twitter.com/WpFImxe2L6

— People’s Daily,China (@PDChina) 12 Août 2015

Shockwaves from #Tianjinblast felt kilometers away. Injured sent to hospital. http://t.co/yfckCsW6oXpic.twitter.com/CGh9mcv7SI

— China Xinhua News (@XHNews) 12 Août 2015

Reported security camera video from the #Tianjin explosion via weibo pic.twitter.com/9hsC6weuzv

— Jon Passantino (@passantino) 12 Août 2015

 

 

Mort de la cinéaste Solveig Anspach

La réalisatrice Solveig Anspach est morte vendredi 7 août dans la Drôme. Elle avait 54 ans. La cause de son décès est une récidive du cancer dont elle souffrait depuis des années, dont elle s’était un temps remise, et qui avait refait surface.

Cette même maladie, Solveig Anspach en avait fait le sujet de sa première fiction, Haut les cœurs !. Dans le film, Karin Viard est Emma, jeune femme qui apprend quasiment en même temps sa grossesse et sa maladie. Le film, sorti en 1999, fut un succès public, d’autant qu’il consacrait définitivement son excellente interprète dans le cinéma français, et qu’il révélait une cinéaste habituée aux documentaires.

Solveig Anspach était née le 8 décembre 1960 en Islande, d’une mère islandaise et d’un père autrichien qui avait fui le nazisme. Les parents se sont rencontrés à Paris, et c’est en France que la jeune femme fera ses études, intégrant la Femis. A sa sortie de l’école de cinéma, elle consacre un docu Vestmannaeyjar aux îles Vestmann où elle est née, ou encore au conflit en Bosnie. 

Délicatesse

Suite à Haut les cœurs !, Solveig Anspach a tracé une filmographie dont la discrétion fut toute relative, et contrée par un respect réel de la critique. Ainsi de Back Soon (2007) avec Didda Jónsdóttir, qui se déroulait dans son île d’origine et de sa suite Queen of Montreuil (2013), avec Florence Loiret-Caille. Elle filme, pour France 3, les années de bagne de Louise Michel, avec Sylvie Testud dans le rôle de la révolutionnaire. A côté de ses œuvres de fiction, le documentaire était toujours là, comme une voie parallèle.

En janvier 2014, elle retrouvait Karin Viard pour Lulu femme nue, touchant portrait d’une mère au foyer mal dans ses baskets qui fait tout pour changer de vie. Le film attira 500 000 spectateurs en salles. En 2016 sortira son dernier film, l’Effet aquatique, dernier volet de la trilogie comique entamée avec Back Soon, avec Didda Jónsdóttir, Florence Loiret-Caille et Samir Guesmi.

Testud, Loiret-Caille, Viard… Solveig Anspach savait choisir ses actrices, les traitait avec délicatesse, comme des prolongements d’elle-même. A Cannes, en 1999, elle confiait d’ailleurs à Libé : «L’important, c’est la relation aux gens qu’on filme, que ce soit du documentaire ou de la fiction.»

Jean-Marie Le Pen : «En quatre ans, Marine ne s’est pas améliorée»

Jean-Marie Le Pen ne décolère pas. Dans une interview accordée au Journal du dimanche, le fondateur du Front national s’en est encore pris à l’actuelle présidente du parti d’extrême droite, sa fille Marine Le Pen, avec qui la guerre fait rage depuis maintenant plusieurs semaines, voire plusieurs mois. Il regrette notamment d’avoir voté pour elle lorsqu’elle a accédé à la présidence du FN, en 2011. «Ce choix s’est exercé il y a quatre ans entre deux candidats de valeur [Marine Le Pen et Bruno Gollnisch, ndlr]. J’ai choisi Marine Le Pen au bénéfice de l’âge et de la santé. En quatre ans, il faut bien dire la vérité, elle ne s’est pas améliorée.»

Menacé d’exclusion par le bureau exécutif du FN, qui l’a convoqué le 20 août, Jean-Marie Le Pen a décidé de lutter jusqu’au bout. Et donc de répondre à cette convocation. «Je ne vais pas faire le cadeau aux membres […] désignés par Marine Le Pen de pouvoir s’exprimer sans me regarder dans les yeux», s’amuse-t-il dans le JDD. Puis, moins déridé, il s’énerve lorsqu’on lui demande son avis en cas d’exclusion. «C’est comme sous la Terreur ! C’est 1793 ! Vous connaissez à l’avance les décisions du tribunal révolutionnaire ? Il est vrai que Saint-Just [comprendre Florian Philippot, vice-président du mouvement, ndlr] siège parmi les « juges » nommés par Marine Le Pen. Je suis victime d’une injustice majeure, non seulement moi, mais aussi le Front national. Donc je me battrai jusqu’à la victoire du droit, de la justice, de la légalité.»

En revanche, Jean-Marie Le Pen le dit sans hésiter : «Sans changement, je ne voterai pas pour Marine en 2017.» Et d’expliquer son choix. «Elle affiche l’ambition d’être un jour chef de l’Etat, mais elle n’en prend pas les moyens. Ni les moyens éthiques ni les moyens politiques. Elle scie la branche sur laquelle elle est assise, avec des procédés qui révulsent même ses adversaires.»

L’ancien président du Front national continue aussi de penser que Florian Philippot, qu’il qualifie de «mauvais génie» de sa fille, est pour beaucoup dans sa situation actuelle et celle du parti. Au point de suggérer qu’il pourrait rouler pour Nicolas Sarkozy. «C’est une des hypothèses. Il ne faut pas oublier que M. Philippot était au ministère de l’Intérieur.» Selon lui, «l’évolution nouvelle de la ligne du FN dégage […] un espace à la droite dure et cela favorise en effet Sarkozy. Lui, il entre dans la brèche. On connaît ses qualités de manœuvrier.»

Dr. Dre sort « Compton » : avec cet album, sa dernière consultation pourrait être historique

Dr. Dre et Ice Cube au CinemaCon 2015, au Caesars Palace à Las Vegas, le 23/04/15 (C.PIZZELLO/SIPA)

Voilà, c’est fini : trente ans après ses premiers pas dans le rap game avec NWA, le groupe de gangsta rap fondé par le regretté Eazy-E, Dr. Dre jette les gants et livre sa dernière consultation. Un album qui, contrairement à ce qu’ont pu écrire certains critiques un peu pressés, n’était pas très attendu, au contraire : la vérité, c’est que personne ne l’attendait plus. 16 ans qu’était sorti « 2001 », et presque aussi longtemps que l’on espérait la suite, ce mythique « D-Tox » annoncé chaque année, devenu le running gag rapologique de la West Coast.

Une stratégie militaire

Le perfectionnisme du docteur milliardaire était la cause officielle de cet aussi long silence. Explication officielle. Ice Cube, voilà quelques années, avait une autre analyse : « Entre sortir un album qui se vendra 10 dollars et fabriquer des casques audio qui se vendent à plusieurs centaines de dollars, vous choisiriez quoi ? », demandait le Cube à son intervieweur qui lui posait pour la millième fois la question sur « D-Tox », l’Arlésienne du gangsta rap.

Finalement, Dre l’a sorti, son album à 10 dollars. Enfin, 13 dollars 99 sur iTunes, la plateforme d’Apple sur laquelle l’album « Compton » est disponible depuis le 7 août, avant une sortie physique le 21 août. Une stratégie militaire, un blitzkrieg marketing qui débarque telle une lame de fond, quelques jours avant la sortie annoncée du biopic « Straight Outta Compton », 2h26 sur la saga du « groupe le plus dangereux du monde », NWA. Réalisé par F. Gary Gray avec Paul Giamatti dans le rôle du méchant manager blanc Jerry Heller (savoureux quand on se souvient qu’il était, voilà quelque semaines, le méchant manager/psychanalyste de Brian Wilson dans le biopic sur les Beach Boys, « Love And Mercy »).

My grand finale. #Comptonhttp://t.co/nbebhWfLqwhttps://t.co/DF0i2fqaQF

— Dr. Dre (@drdre) 2 Août 2015

Une nostalgie combative

L’album est donc là, 16 titres, du cinémascope ricain en son THX gangstérisé avec tous les anciens et tous les modernes. Sur « Loose Cannons », Dre fait plaisir aux OGs en rassemblant Xzibit et Cold 187um, rappeur du groupe californien Above The Law, que les amateurs de son west coast des années 1990 n’ont pas oublié. Section nouveaux, on retrouve le jeune prodige de Compton, Kendrick Lamar, sur trois titres, ainsi que les rookies Justus (3 titres), Anderson .Paak (6 titres) et King Mez (3 titres).

La nostalgie combative imbibe cet album. « Darkside/Gone » se souvient des premiers jours avec Eazy-E, samplé tel un rimeur d’outre-tombe. « Trente ans dans ce merdier et je suis toujours là, décennie après décennie, ça me paraît clair que je fais les choses bien, pas vrai mon Négro Eazy ? », clame Dre avant que ne tombent les mots du petit Eazy : « Eazy-E, CPT, OG from the other side ». « Ne dis jamais que j’ai de la chance, tu ne sais pas ce que tout ça m’a coûté », balance Dre avant le refrain sucré de Marsha Ambrosius, la chanteuse du duo Floetry.

Snoop Dogg, le complice des jours houleux de Death Row Records, rappe tendu sur des sons métalliques dans « One Shot One Kill », l’expression de ce que Dre, voilà 20 ans, prophétisait comme le son du futur : « Ghetto métal ».

Ice Cube, qui intervient sur « Issues » (un titre plutôt moyen), s’auto-cite et fait directement référence à son classique « It Was A Good Day » (« J’ai encaissé pas mal de chèques ce matin, je crois qu’on peut dire qu’aujourd’hui était une bonne journée »).

Couplet historique d’Eminem sur « Medicine Man »

Le gros morceau, et le plus attendu, est bien sûr « Medicine Man », sur lequel Eminem vient cracher un couplet historique, truffé de lyrics surréalistes et provocateurs (le pire ? « Je fais même jouir les bitches que je viole », qui devrait faire couler son quota d’encre féministe) délivrés avec une virtuosité et une urgence jamais démenties.

Toujours underground comme une marmotte, avec l’espoir que son esprit « hante le studio après ma mort, que mon image surgisse du poster pour flotter dans les halls et traverse les putains de murs comme le fantôme de Lou Rawls » (histoire de ne pas oublier qu’Em’ admire les grands soulmen, y compris les moins médiatisés comme Lou, disparu en janvier 2006).

Un testament qu’il faut disséquer

Après « Medicine Man », il reste le très personnel « Talking To My Diary ». C’est le grand cliché des albums de rap : de LIM à Dr. Dre en passant par Passi, Jay Z, Doc Gynéco et la majorité des lyricistes, le dernier titre du disque fend l’armure. Sur un tempo où tourbillonnent les violons et les percus, le docteur se retourne une dernière fois sur son histoire, se rassure (« Je suis fort financièrement, physiquement et mentalement, je suis à un nouveau niveau, et n’oublie pas que je viens du ghetto »), se fait sa ghetto psychanalyse.

Une conclusion idéale pour un disque que l’on va disséquer et sur-analyser (est-il meilleur que « 2001 »ou « The Chronic », ce genre de bêtise). Le testament d’un homme de 50 ans (soit 200 ans sur l’horloge biologique de ce monde sans pitié qu’est le hip-hop) qui tire sa révérence sur un solo de trompette et retourne dans son antre, avec ses milliards, ses disques d’or, ses projets et ses souvenirs.

Ne croyez pas tous ceux qui auront un avis définitif sur « Compton » deux heures après l’avoir écouté pour la première fois. Seul le temps dira si cet ultime projet vieillira comme un grand cru.

Et puis n’oublions pas que Dre peut toujours changer d’avis et nous ressortir un autre album le jour où il s’ennuiera trop à enquiller les meetings avec les businessmen d’Apple. Gangsta un jour…

De la Sorbonne au cimetière du Montparnasse: le Paris de Sartre et Beauvoir

Les éditions Alexandrines consacrent une collection au Paris des écrivains. Après Cocteau, Dumas, Duras, Prévert et Modiano, c’est désormais le Paris de Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir qui est conté par Pascale Fautrier. Itinéraire.

1. La Sorbonne

La première rencontre entre Sartre et Beauvoir a lieu dans un amphithéâtre de la Sorbonne, en 1929, lors d’un cours du philosophe Léon Brunschvicg. Beauvoir y tient un discours, Sartre est dans l’auditoire.

Son condisciple René Maheu le pousse du coude : la drôle de voix rauque d’une jeune femme brune aux yeux bleus retentit dans l’amphithéâtre Richelieu. «Sympathique, jolie, mal habillée»: tranche le «petit homme». (…)

«J’étais absolument décidé à faire sa connaissance, avouera Sartre plus tard. Je l’ai toujours trouvée belle, quoiqu’elle portât un hideux petit chapeau quand je l’ai rencontrée la première fois»

2. La Cité internationale

Quelques mois passent. Il l’invite à venir dans sa chambre d’étudiant à la Cité internationale, au sud de Paris, pour «plancher sur Leibniz», sujet de mémoire de la jeune femme.

Pour elle, dans le trio que Sartre formait alors avec Paul Nizan et René Maheu, il était clairement «le plus laid» et «le plus terrible des trois». Le Castor – surnom dont l’avait affublée Maheu, beaver signifiant castor en anglais – raconte cet après-midi dans son journal intime:

C’est alors que tout a commencé. Le Lama [Maheu] est venu me chercher et l’AE [le tramway] nous a conduits à la Cité universitaire. Timidité.

Sartre m’accueille poliment mais m’intimide. Je les revois, si intensément : le Lama en bras de chemise, à demi étendu sur le lit, Sartre assis en face de moi devant la table, et toute cette chambre, ce beau désordre, les livres, ma surprise, l’odeur du tabac…

J’explique Leibniz ; l’après-midi les voici, assis près du parc Montsouris dans ce café où si souvent le matin nous avons pris quelque chose, et irons, nous acheminant ensemble vers la chambre. Le soir Sartre nous accompagne par ce boulevard Jourdan aux sinistres baraques de bois. Nous tirelotons du sucre et je gagne. Retour délicieux par l’avenue du Maine…

3. Le Jardin des Tuileries

Attachés à leur liberté, souhaitant rompre avec la conception traditionnelle du mariage, ils inventent leur propre notion de la vie à deux, dans une vision qui préfigure l’explosion libertaire de mai 68. Leur fameux «pacte», ils le scellent un après-midi de juin 1929, au jardin des Tuileries. Simone de Beauvoir rapporte la scène dans ses mémoires:

Nous nous sommes assis sur un banc de pierre, accoté à une des ailes du Louvre ; il y avait en guise de dossier une balustrade séparée du mur par un étroit espace : dans cette cage un chat miaulait, comment s’y était-il glissé ? (…)

C’est à ce moment-là que Sartre a proposé : «Signons un bail de deux ans.» (…) Les libertés que nous nous étions théoriquement concédées, il n’était pas question d’en user pendant la durée de ce «bail», nous entendions nous donner sans réticence et sans partage à la nouveauté de notre histoire.

Sartre et Beauvoir en 1940 (©Lido/SIPA)

4- Le Bec de Gaz

En janvier 1933, au café Bec de Gaz à Montparnasse, le «couple» boit un verre avec Raymond Aron de passage à Paris. Celui qui n’est encore qu’un simple pensionnaire de l’Institut Français à Berlin confie à Sartre : «Tu vois, mon petit camarade, si tu es phénoménologue, tu peux parler de ce verre, et c’est de la philosophie !».

C’est une révélation pour lui. Il étudie Husserl et Heidegger, se plonge aussitôt dans ce «retour aux choses mêmes», cette «expérience pure du «vécu». Au point d’accepter d’expérimenter une nouvelle drogue, la mescaline, lorsqu’un ami psychiatre lui propose. Pendant des mois, il sera «poursuivi partout par des crabes et langoustes». Sartre dérive. Beauvoir ne supporte pas de le voir dans un tel état. Le bail de deux ans s’est terminé, et elle craint que leur histoire ne se finisse avec.

Ne parvenant plus à contrôler ses émotions, elle s’effondre à intervalles réguliers, généralement en public, au café, larmoyante puis spectaculairement secouée par des sanglots bruyants et irrépressibles. Finalement, elle tombe physiquement si malade qu’elle est hospitalisée.

5. Le lycée Molière

De 1936 à 1939, Simone de Beauvoir enseigne la philosophie au lycée Molière, dans le XVIe arrondissement, rue du Ranelagh. C’est une prof assez sévère, qui n’enseigne que pour les têtes de classe, sans dissimuler un certain mépris pour les autres. Elle entretient des rapports amicaux avec ses élèves les plus brillantes. Notamment Bianca Bienenfeld (qui se trouve être la cousine de Perec).

Pendant l’année 1938, les deux femmes se voient et échangent des lettres. Elles se voient hors du lycée pour la première fois dans un café de la rue de Rennes. Elles marchent dans Paris, allant aux puces, à Montmartre, et se retrouvant dans un hôtel de la rue de Cels.

Quand Bianca a passé son bac, Beauvoir l’invite à aller randonner dans le Morvan. Bianca écrira dans ses «Mémoires»:

C’est au cours de ce voyage que nous avons commencé, encore timidement, à avoir des relations physiques.

Quelques temps plus tard, Sartre entreprend de se mêler de l’histoire. Dans un hôtel, il dit à la jeune femme: «La femme de chambre va être bien éton­née, car hier j’ai déjà pris la virgi­nité d’une jeune fille.» Elle trouve Sartre mauvais amant, froid, «inca­pable de se lais­ser aller physique­ment». (Sartre lui-même dira : « J’étais plus un masturbateur de femmes qu’un coïteur. »)

Beauvoir et elle finiront par former un trouple, un peu sur le modèle de celui, plus célèbre, que les deux philosophes avaient formé quelques années auparavant avec Olga Kosakievicz.

L’affaire se passe assez mal, en vérité. La jeune fille est malheureuse. Elle se sent «prisonnière du trio» et souffre de leur«perversité». En réalité, Beauvoir a beaucoup d’autres partenaires dans ces années 1939-40. La jeune femme se fait larguer en 1940, en deux temps. Sartre, mobilisé, lui envoie d’abord une lettre depuis le front. Puis Beauvoir lui annonce un peu plus tard qu’elle préfère les hommes. On est en pleine Occupation. Bianca Bienenfeld, qui prendra le nom de Lamblin, est juive. Elle se retrouve seule. Elle leur en voudra longtemps de l’avoir abandonnée au moment où elle avait le plus besoin d’eux.

Beauvoir dira plus tard dans une lettre avoir eu des remords à ce propos. Bianca Lamblin et elle, après la guerre, redeviennent amies. En 1990, après la mort de Simone, Bianca découvre les «Lettres à Sartre», où elle est nommée Louise Védrine. Elle apprend que Beauvoir se moquait d’elle, la jugeait «pathétique», ou disait des choses comme: «Je vais encore vous couler Védrine.» Dans les «Mémoires» qu’elle publie ensuite, Bianca Lamblin écrit : «Sartre et Simone de Beauvoir ne m’ont fait, finalement, que du mal.»

6. Le café de Flore

Pendant la guerre, Sartre, Beauvoir et leur «famille» – leur cercle d’amis proche – font du Café de Flore, à Saint-Germain-des-Prés, leur quartier général. L’établissement se trouve tout près de Gallimard, leur maison d’édition commune. Jean-Paul Sartre écrit :

Nous nous y installâmes complètement : de neuf heures du matin à midi, nous y travaillions, nous allions déjeuner, à deux heures nous y revenions et nous causions alors avec des amis que nous rencontrions jusqu’à huit heures.

Après dîner, nous recevions les gens à qui nous avions donné rendez-vous. Cela peut vous sembler bizarre, mais nous étions au

Flore chez nous. C’était alors une très curieuse atmosphère. Le Flore était un monde fermé où nous vivions entre nous. «Nous», c’était les littéraires ; Robert Desnos y avait sa table, des peintes, des artistes, Simone de Beauvoir, moi. »

Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir accompagnés de Boris et Michelle Vian, à Saint-Germain-des-Prés, en 1949. (© Manciet/SIPA)

Le Flore est un café d’écrivains depuis son ouverture, dans les années 1880. Huysmans, Maurras, Apollinaire, Breton, Aragon, Bataille, Queneau, Leiris s’y sont succédé. Sartre et Beauvoir lui donnent une nouvelle vie littéraire. Cioran, Ionesco et Fondane fréquenteront le lieu, un peu plus tard. Cioran n’adressera jamais la parole à Sartre, qu’il n’aime pas. Le Roumain prophétise: «Son oeuvre ne restera pas. Sa gueule, oui.»

Au Flore, Simone de Beauvoir terminera «l’Invitée», tandis que Sartre y écrira «l’Être et le Néant», sa grande œuvre existentialiste. En 1943, les deux publications consacreront le couple d’écrivains, les faisant entrer dans la scène médiatique. Une gloire pourtant «ambiguë», explique Pascale Fautrier:

En un sens, le malentendu est total entre l’image véhiculée et la réalité des vies. Beauvoir journellement brocardée dans la presse en «grande sartreuse» et en «Notre-Dame de Sartre», n’est ni une égérie soumise, ni une disciple laborieuse, ni une matrone autoritaire. Il est frappant de voir à quel point ces pauvres caricatures continuent à circuler et trahissent un terrible manque d’imagination.

L’un et l’autre mènent chacun une vie amoureuse séparée, qu’ils se racontent en détails dans leurs Lettres: on peut en juger sur pièce puisqu’elles ont donné lieu à des publications posthumes.

Le quartier de Saint-Germain-des-Prés devient le lieu de l’existentialisme sartro-beauvoirien, concept alors si populaire qu’il sera autant une doctrine philosophique qu’un mode de vie et un style vestimentaire, comme le chantait Stéphane Golmann :

Pantalons noirs et souliers plats / De l’écossais pas de falbala / Elle a le regard fataliste / La petite existentialiste.

7. 42, rue Bonaparte

Engagé en faveur de la décolonisation, Sartre subira les pressions de l’OAS. À deux reprises, le 17 juillet et le 7 janvier 1962, son appartement du 42, rue Bonaparte, à Saint-Germain-des-Prés, est plastiqué. Des documents sont subtilisés, notamment des lettres et des manuscrits. Il sera contraint de se cacher et déménagera à quelques rues de là, au 22 boulevard Raspail:

C’est là que, sur l’épaisse planche de bois qui lui sert de bureau, couverte de livres et de manuscrits, et d’où il voit la Tour Eiffel, il rédige, le 14 octobre 1964, sa lettre de refus du Prix Nobel de Littérature.

Sartre et Beauvoir ne vivront jamais sous le même toit: au plus près, ils occuperont chacune une chambre à l’hôtel Lousiane, rue de Seine, en 1943, aux côtés notamment de la chanteuse Juliette Gréco. L’établissement deviendra légendaire par la suite après que les jazzmens de passage à Paris en aient fait leur résidence de prédilection dans l’après-guerre. Les membres des Pink Floyd ainsi que Jim Morrison y seront également résidents dans les années 70.

Au cours de leur vie, Sartre et Beauvoir multiplieront les déménagements, demeurants le plus souvent à Saint-Germain-des-Prés, éloignés de quelques rues.

8. 14, rue de Bretagne

Le 6 décembre 1972, Sartre, Michel Foucault, Serge July et une dizaine d’autres sont au 14, rue de Bretagne, dans les locaux de l’Agence de presse Libération, fondée par Jean-Claude Vernier et Maurice Clavel. Il s’agit de la première réunion préparatoire à «Libération». Si Foucault parle beaucoup, Sartre ne dit presque rien, sinon : «Lorsqu’on me demandera des articles, je les ferai.»

Depuis 1950, le philosophe engagé s’est beaucoup exprimé sur l’actualité, dans sa revue «les Temps modernes», dans «le Nouvel Observateur», dans «France-Soir». Il a prêté son nom à des journaux maoïstes pour les protéger de la fermeture. Le 18 avril 1973, le premier numéro de «Libération» sort. Sartre et Jean-Claude Vernier sont directeurs. Ils démissionnent un an plus tard.

9. Cimetière du Montparnasse

Simone de Beauvoir lors de l’enterrement de Jean-Paul Sartre au cimetière Montparnasse, le 19 avril 1980. (©Ginies/SIPA)

Le 15 avril, Jean-Paul Sartre meurt à l’hôpital Broussais, dans le 14e arrondissement de Paris, où il avait été admis en urgence quelques semaines plus tôt. Il a 74 ans. Pascale Fautrier était présente à son enterrement :

Le samedi 19 avril 1980, de cela je peux témoigner parce que j’y étais, son enterrement fut absolument la «dernière grande manif» des années 70. La foule ; au fond, était d’accord avec celui qui venait de mourir pour garder espoir. L’élection de François Mitterrand un an plus tard en serait la démonstration (…).

J’avais quinze ans et j’ai suivi avec une amie de lycée l’immense cortège, qui menait Sartre de son dernier studio à sa dernière demeure, comme on dit, dans le cimetière Montparnasse. Perchée au-dessus de la tombe, et ignorante encore de son œuvre, j’ai vu Beauvoir les yeux fixés sur le cercueil et effondrée, François Périer, «l’irrécupérable» Hugo des «Mains sales», pleurer ; j’ai jeté dans le caveau , une rose rouge entourée du Libération du jour.

Simone de Beauvoir meurt à son tour en 1986. Elle est inhumée elle aussi au cimetière du Montparnasse. A côté de Sartre.

Laura Daniel

Le Paris de Sartre et Beauvoir

par Pascale Fautrier

Editions Alexandrines, 7,90 euros, juin 2015.

Mondiaux de natation : Florent Manaudou champion du 50 m nage libre

Florent Manaudou est devenu champion du monde du 50 m nage libre, en s’imposant en 21 sec 19/100 en finale des Mondiaux 2015 de natation, samedi à Kazan (Russie). Le Français, qui collectionne désormais tous les titres possibles sur cette distance en nage libre, a devancé l’Américain Nathan Adrian, 2e en 21 sec 52/100, et le Brésilien Bruno Fratus, 3e en 21 sec 55/100.

 «Pour tout vous dire, je n’étais pas très rassuré après les demies d’hier, mais j’ai fait un bon « start ». Ce n’est que du bonheur aujourd’hui», a-t-il commenté au micro de France 2. «On se connait bien avec Nathan il y a eu un bon jeu d’intox en chambre d’appel», a-t-il expliqué alors que le champion olympique a tardé à monter sur le plot de départ.

Manaudou décroche son troisième titre en Russie, après avoir commencé sa semaine avec le titre sur le relais 4×100 m libre messieurs avec Fabien Gilot, Mehdy Metella et Jérémy Stravius, puis son premier or individuel mondial sur le 50 m papillon non olympique. Mais c’est bien pour le titre sur l’aller simple en libre que le nageur bleu avait fait le déplacement dans le Tatarstan. Mis au défi en demi-finales par l’Américain Nathan Adrian (21.37, meilleur temps), Manaudou a répondu présent en finale, en signant le temps le plus rapide sans combinaison.

Le champion du monde de la spécialité, le Brésilien Cesar Cielo avait quitté Kazan en milieu de semaine, en raison d’une blessure à l’épaule gauche, les premiers examens ont révélé une lésion du tendon. Le Russe Vladimir Morozov, dauphin de Cielo à Barcelone il y a deux ans, a pris la 4place à un centième du podium (21.56).

Florent Manaudou : «J’ai prouvé que j’avais des nerfs solides»

Fini le «tout doux» Manaudou, son surnom lors de son entrée au Cercle des nageurs de Marseille en 2011 et qui reste son pseudo Facebook. Place au Hulk de Kazan, et en mode vert, s’il vous plaît. La parole pour commencer à Nathan Adrian, son dauphin, cou de taureau, des dents qui brillent par centaine quand il sourit façon US, et la résignation désormais inscrite dans les tripes: «Pfff, que dire ? C’est un phénomène, et je pense qu’il peut aller encore bien plus vite.»

Ne minimisons pas le rôle du golden boy Adrian, il a déclenché la colère de Manaudou en claquant vendredi le meilleur temps des demies. Son pote phocéen Mehdy Metella, 5e de la finale du 100 m papillon, raconte la veille de course, au coin du feu de l’hôtel Relita : «Florent avait le deuxième temps, c’est quelqu’un de persévérant, il n’aime pas perdre. Je lui ai demandé s’il était énervé. Il m’a dit : « Oui »

La clé d’un succès est parfois aussi simple qu’un dialogue entre Manaudou et Metella. Romain Barnier, le coach, enchaîne : «Je l’ai rarement vu aussi nerveux que ça. Toute la décontraction accumulée en début de semaine a cédé la place à de l’anxiété, en deux jours il a pris quelques rides. Il a passé une mauvaise nuit. J’ai bien apprécié le coup de pied aux fesses donné par Nathan Adrian hier, il avait besoin de ça pour faire une belle performance. Ce temps d’Adrian (21’’37), il l’a déjà fait, il était surtout très insatisfait de ses propres défauts. Cela n’a pas été des Mondiaux faciles, il a mérité ses titres, cela a encore plus de saveur.»

«Le sentiment du devoir accompli»

Le petit frère de Laure, déjà un peu perturbé par le départ mercredi de son rival César Cielo (champion du monde du 50 m en 2009, 2011 et 2013), le reconnaît : «Ça m’avait un peu énervé de voir Nathan (Adrian) nager 51’’3 hier, je n’étais pas très serein avant cette finale. Je me suis posé beaucoup de questions, à me demander pourquoi je n’avais pas réussi un bon start en demie, pourquoi je ne suis pas devant aux 15 m comme d’habitude. J’ai rectifié le tir. Avec le meilleur temps de toute l’histoire en textile, j’ai prouvé que j’avais les nerfs solides.»

Redevenu un Bruce Banner paisible dans la touffeur de la zone mixte, il poursuit : «J’ai le sentiment du devoir accompli. J’étais venu pour gagner ce 50, et uniquement ce 50. J’ai eu la bonne surprise d’être en forme pour remporter le 4×100 m avec les copains, et le 50 m papillon. Je pourrais nager encore plus vite. Mon temps, c’est le mieux que je pouvais faire aujourd’hui, il me manquait un peu de jambes, mais c’est de bon augure pour l’an prochain. Je sais que je ne fais pas une course parfaite. C’est possible de nager sous les 21 secondes, mais dans une grande finale, ça me paraît compliqué.»

Il envoie bouler le tsar Alexandre Popov, qui nous disait perfidement, jeudi, à propos de son premier titre mondial en individuel : «Ce n’est pas une discipline olympique, le 50 m papillon, si ?» Il efface la déception de Barcelone, en 2013, «cette 5place sur une distance où je suis champion olympique. Certes il y avait les histoires de courant [à cause de turbines, certains nageurs dans les couloirs extérieurs ont été favorisés, ndlr], mais je fais une finale nulle. Cela fait une médaille de plus dans la collection, il y en a une qui est au coffre, l’or olympique. Je ne les regarde pas trop, je veux en gagner encore d’autres.»

Il arrêtera sans doute après Rio, s’il remporte un second titre aux Jeux. Mais, qui sait ? Il trouvera peut-être d’autres barrières à éclater. Coach Barnier le voit bien déposséder le Brésilien Cielo de son record du monde (20’’91) mâtiné de polyuréthane : «Il y avait trop de décontraction lors des séries du 50 m, aujourd’hui, il était trop tendu. J’imagine que lorsqu’il trouvera le juste milieu, il fera encore un meilleur temps. L’année prochaine, ça repart de zéro. Il y a un niveau de talent, un niveau de maîtrise, et une envie particulière. Maintenant, s’il continue d’y mettre autant de désir et de travail, voire plus, il sera dur à battre à Rio. Il a la planète aux fesses.» C’est le cas de le dire. Dans l’eau, l’adversité connaît bien les pieds de Manaudou, mais beaucoup moins son visage.  

Le restaurant, invention des Lumières

Le temps n’est pas si lointain où le mot «restaurant» signifiait simplement «fortifiant», au sens propre ou figuré. En 1775, dans «L’Histoire de Jenni» ou «l’Athée et le Sage», Voltaire écrit: «Le père tout tremblant le fait reposer. On lui fait prendre des restaurants». Mais, depuis quelque temps, le mot servait surtout à désigner le bouillon de bœuf servi dans des échoppes – sans viande, car au temps des corporations celle-ci était réservée aux aubergistes et aux traiteurs. Et, à l’époque où Voltaire écrit son texte, les premiers restaurants au sens moderne du terme avaient ouvert à Paris.

Dans un ouvrage très documenté intitulé «Paris démoli», publié en 1853 par l’homme de lettres Édouard Fournier, on lit:

Tout près de là, dans la rue des Poulies [au début de l’actuelle rue du Louvre], s’ouvrit, en 1765, le premier Restaurant, qui fut ensuite transféré à l’hôtel d’Aligre. C’était un établissement de bouillon, où il n’était pas permis de servir de ragoût, comme chez les traiteurs, mais où l’on donnait “des volailles au gros sel, des œufs frais et cela sans nappe, sur de petites tables de marbre”.

Boulanger, le maître de céans, avait pris pour devise ce passage de l’Évangile: Venite ad me omnes qui stomacho laboratis, et ego vos restaurabo(1) ; de ce dernier mot vint le nom de Restaurant gardé par la maison de Boulanger, et pris ensuite par tous ceux qui l’imitèrent. La maîtresse du lieu était jolie, et la chalandise y gagna. Diderot y vint comme les autres. Il écrit, le 19 septembre 1767, à Mlle Volland :

Mardi, depuis sept heures et demie jusqu’à deux ou trois heures, au Salon, ensuite dîner chez la belle restauratrice de la rue des Poulies.

Curieusement, cette origine fait l’objet de discussions passionnées chez les historiens. L’Américaine Margaret Visser pense avoir démontré que le premier restaurant fut en fait établi l’année suivante par un étrange personnage, Mathurin Roze de Chantoiseau. Celui-ci a publié en 1769 une sorte d’annuaire des «pages jaunes» avant la lettre, un almanach des corps de métiers de Paris, avec leur adresse, commentaire à l’appui. Paru sous le nom de Chantoiseau, l’almanach fait l’éloge d’un certain M. Roze – lui-même – qu’il présente comme l’inventeur du premier restaurant. Où ? À l’hôtel d’Aligre, rue Saint-Honoré, justement là où Boulanger aurait déménagé.

Son exemple (ou celui de Boulanger ?) a été suivi par un certain Jean-François Vacossin, rue de Grenelle, qui aurait placé au fronton de son établissement la formule en latin dont la paternité revient selon Édouard Fournier au Boulanger de la rue des Poulies. Si Diderot est venu chez Boulanger, Rousseau, lui, s’est attablé chez Vacossin, en 1776 ou 1777, en compagnie de Thérèse, du restaurateur et de sa famille. Il a été choqué par l’une des innovations de ce nouveau commerce: alors qu’auparavant n’existaient que des tables d’hôte à menu et prix fixes, où l’on ne choisissait pas ses voisins, il lui fallut payer la note pour les plats qu’il avait choisis.

Dans son livre, Margaret Visser s’en prend surtout à un mythe tenace, selon lequel le restaurant a été inventé pendant la Révolution par les cuisiniers d’aristocrates exilés ou guillotinés, qui auraient ainsi trouvé à s’employer. En 1791, Méot, ancien boucher de la maison de Condé, ouvrit ainsi rue de Valois un restaurant qui fut apprécié de Robespierre et de Saint-Just. Mais le mythe n’était pas si répandu, comme l’atteste le témoignage d’Édouard Fournier, d’ailleurs cité largement dans le Littré. Et nul n’ignorait que d’autres restaurants célèbres avaient ouvert avant la Révolution, tel le Beauvilliers, installé en 1782 ou 1783 au Palais-Royal par le restaurateur de ce nom. Lequel publiera en 1814 un fameux Art du cuisinier, en deux volumes.

Jean-Louis de Montesquiou

1. «Venez à moi, vous dont l’estomac souffre, et je vous restaurerai.» Extrait quelque peu détourné de l’Évangile selon saint Matthieu («Venez à moi, vous tous qui êtes fatigués et ployez sous le fardeau, et je vous soulagerai»).

Article tiré du numéro d’été du magazine « BoOks », consacré à la gastronomie.

Nigeria : 178 otages de Boko Haram libérés, selon l’armée

L’armée nigériane a annoncé dimanche avoir libéré 178 otages de Boko Haram et avoir capturé un commandant du groupe islamiste au cours d’une opération militaire. «L’armée nigéiane a mené une offensive vers Aulari, sur l’axe menant à Bama», à 70 km au sud de Maiduguri, la plus grande ville du Nord-Est, a déclaré Tukur Gusau, un porte-parole de l’armée, dans un communiqué. «Durant cette opération, 178 personnes retenues en otage par les terroristes ont été sauvées dont 101 enfants, 67 femmes et 10 hommes (…) De plus un commandant des terroristes de Boko Haram a été capturé vivant», a-t-il ajouté.

L’armée nigériane a déjà annoncé avoir libéré des centaines de femmes et d’enfants retenus captifs par Boko Haram, ces derniers mois, notamment dans la forêt de Sambisa, un des repaires historiques du groupe islamiste désormais affilié à l’organisation État islamique (EI).

Plus tôt cette semaine, l’armée a annoncé avoir libéré 30 otages dont 21 enfants et sept femmes près de Dikwa, à quelque 90 km à l’est de Maiduguri, puis 59 otages, dont 29 femmes et 25 enfants au cours d’une autre opération près de Konduga, une ville également située sur l’axe qui relie Maiduguri à Bama.

Dimanche dans la journée, l’armée nigériane a aussi annoncé avoir mené des frappes aériennes sur le village de Bita, non loin de la forêt de Sambisa, où Boko Haram s’apprêtait à lancer une offensive. «De nombreux» islamistes ont été tués, a précisé l’armée, sans plus de détails.

Les camés de l’été #4 : Burroughs sous morphine

La séquence est présentée en avril 1974 dans l’émission de Bernard Pivot, «Ouvrez les guillemets». On y voit William Burroughs, accompagné de son ami le peintre et poète Brion Gysin, revisiter l’une des chambres du Beat Hotel, rue Gît-le-Coeur, où ils vécurent à la fin des années 1950. Répondant aux questions du journaliste Raphaël Sorin, Burroughs marmonne : «Je n’avais rien de spécial à dire en ce temps-là, maintenant non plus. Rien n’est historique.»

Ce jour-là, Burroughs porte comme à son habitude lunettes, costume cravate, chapeau mou. Il a une tête de directeur d’agence bancaire. Sa voix traînante, légèrement nasillarde, semble avoir été bidouillée sur un magnétophone. Burroughs a tout juste 60 ans, il est connu par les lecteurs de la Beat Generation. Malgré ses amitiés partagées avec les écrivains et poètes de ce mouvement (Allen Ginsberg, Jack Kerouac, Gregory Corso), il affirme pourtant n’avoir aucun lien avec cette littérature. William Burroughs vient d’ailleurs.

Né à Saint-Louis (Missouri) dans une famille de la bourgeoisie américaine (son grand-père est l’inventeur en 1886 d’une machine à calculer qui allait donner naissance aux caisses enregistreuses), Bill, comme on l’appelle, est un gamin très curieux de nature. A 14 ans, une de ses expériences de chimie tourne mal: dans la cave de la maison familiale, il a mélangé du phosphate et du chlorate de potassium. La préparation explose, lui abîmant sérieusement la main.

A l’hôpital, le chirurgien, afin d’apaiser la douleur, lui injecte une dose de morphine. La première. Le jeune Bill est aussi un grand lecteur, et l’un de ses livres de chevet est «You Can’t Win», de Jack Black, Mémoires d’un truand toxicomane qui rappellent qu’au début du XXe siècle, aux Etats-Unis, la morphine et l’opium coûtent moins cher que le tabac : «Avec cinquante cents de dope, on peut tenir toute la journée», écrit Black (1).

« La peur physique de mourir »

C’est à New York, en 1943, que Burroughs va faire le grand saut. À Manhattan, il fait la connaissance d’Allen Ginsberg, jeune étudiant à Columbia de 17 ans, et de Jack Kerouac, 21 ans. La bande fréquente les bars et les clubs de Greenwich Village. Le cocktail de l’époque est à base d’alcool, de jazz, de littérature, de sexe.

Burroughs a perdu son pucelage dans un bordel de Saint-Louis. En 1936, lors d’un voyage en Europe, il a épousé une juive allemande réfugiée en Yougoslavie afin qu’elle puisse obtenir la nationalité américaine. Ce sera un mariage blanc. Bill préfère les garçons. Diplômé de Harvard (en littérature anglaise), il découvre la drogue en 1944. Il a raconté dans «Junky» sa première injection:

La morphine affecte d’abord la face postérieure des jambes, puis la nuque en une onde décontractante qui gagne tout le corps, relâchant les muscles, si bien que vous avez l’impression de flotter sans contours comme dans de l’eau chaude salée.

Le paradis? Pas vraiment. Il décrit par la suite la terreur qui s’empare de lui, «le choc de la peur physique de mourir», puis les nausées.

William Burroughs, en 1966(©OZKOK/SIPA)

Burroughs n’est pas accroché tout de suite. La dépendance ne s’installe qu’au bout de plusieurs shoots. La drogue n’est pas chère, environ 1,50 dollar le grain [un grain égale 6 centigrammes, NDLR]. Et Burroughs n’a pas de souci à se faire. Chaque mois, son père lui verse 150 dollars –une pension qu’il percevra jusqu’à ses 50 ans. Mais sa consommation de came augmentant, il doit trouver de l’argent: avec un autre toxico, il fait les poches des ivrognes endormis dans la rue ou le métro et, occasionnellement, devient dealer.

La défonce porte bien son nom. Elle détruit tous ceux qu’elle touche. Burroughs se retrouve mêlé à une affaire de meurtre (l’un de ses amis en a tué un autre). Le procureur le convoque au titre de témoin, mais il ne sera pas davantage inquiété. Cet épisode sera à l’origine d’un roman, «Et les hippopotames ont bouilli vifs dans leurs piscines», écrit à quatre mains avec Kerouac en 1945. Le manuscrit est proposé à la maison Simon & Schuster. Kerouac veut y croire, affirmant que ce bouquin est le portrait de «la frange “perdue” de notre génération […] et, à cet égard, la nôtre est imbattable». Le roman sera pourtant refusé, il ne paraîtra qu’en 2008.

Burroughs va être impliqué dans une autre disparition violente. Celle-là aura des conséquences terribles. A la fin des années 1940, il décide de quitter les Etats-Unis. Ses ennuis avec les flics n’y sont pas étrangers. Burroughs, qui trafique des ordonnances de médecin pour se fournir de la drogue, a été arrêté. Libéré sous caution (payée par son père), il s’engage à suivre une cure de désintoxication. Trois ans plus tard, nouvelle interpellation suivie d’une nouvelle cure.

Alors en 1949, il suit le conseil de Jack Kerouac qui lui recommande Mexico, une ville où l’on peut vivre avec 2 dollars par jour, alcool inclus. Burroughs fait le voyage avec Joan Vollmer, une femme «très intelligente et intellectuelle» selon Ginsberg, dont il a fait la connaissance à New York et qu’il épouse en 1947. Ensemble, ils auront un enfant, Billy Jr., l’année suivante.

Joan carbure à la benzédrine, à laquelle elle aurait été initiée par Kerouac. Au Mexique, le couple est bien décidé à laisser tomber la came. «J’ai réussi à tenir trois mois, racontera Burroughs. Mais, en l’espace de trois jours, j’ai replongé.» La législation mexicaine est plus permissive que celle des Etats-Unis. Grâce à un permis officiel, il peut se procurer 15 grammes de morphine par mois: pour lui, «c’est un véritable rêve de junky».

« J’ai appris l’équation de la came »

Bill est passionné par les armes à feu. Adolescent, il s’amusait à dégommer des poulets lors de virées en voiture. À Mexico, il achète un revolver pour s’entraîner au tir. Un jour, il épate ses amis mexicains en tirant sur une souris qu’un gamin avait apportée: d’une seule balle, il la décapite. La drogue coule à flots, l’alcool aussi.

Le 6 septembre 1951, lors d’une soirée arrosée, Joan propose à Burroughs«de jouer à Guillaume Tell» et se pose un verre sur la tête. Bill est environ à 2 mètres d’elle. Il sort de son holster un pistolet automatique et tire. Le verre demeure intact. La balle va se loger dans le crâne de Joan. Elle décède quelques heures plus tard à l’hôpital. Burroughs est foudroyé. Pour lui, c’est «l’esprit du mal» qui a dicté son geste. Inculpé de meurtre, il est emprisonné deux semaines avant d’être libéré sous contrôle judiciaire. Son avocat, toujours payé par le père de Burroughs, défendra la thèse de l’accident. Il sera condamné par contumace, après avoir quitté le Mexique, à deux ans de prison.

Joan ne lira donc jamais «Junky», dont Burroughs avait commencé la rédaction à ses côtés. Publié en 1953 sous pseudonyme (William Lee), ce récit autobiographique est une plongée dans le monde de la dope, avec ses truands, ses flics, ses bouges et ses arnaques. Extrait de la préface rédigée par l’auteur :

J’ai appris l’équation de la came. La came n’est pas, comme l’alcool ou l’herbe, un moyen de jouir davantage de la vie. La came n’est pas un plaisir. C’est un mode de vie.

Le bouquin passera totalement inaperçu. La légende Burroughs, c’est pour plus tard.

Ses séjours à Tanger, Paris (entre 1958 et 1959), Londres (entre 1966 et 1973), sont autant d’étapes qui vont jalonner son parcours d’écrivain et de toxicomane. Au Maroc, il rencontre Paul Bowles et Francis Bacon. Sous le soleil de Tanger, la vie est facile, les garçons pas farouches, la drogue se trouve aisément.

Très vite repéré, l’Américain est surnommé «Minnie morphine» par les flics de la ville. Une réputation qui ne l’empêche pas de tester d’autres produits: il se pique à l’eukodal, mélange de cocaïne et de morphine inventé par les Allemands durant la Seconde Guerre mondiale. Il commence alors à écrire «le Festin nu», que Gallimard publiera en France en 1964. Cette fresque hallucinée mêle éléments biographiques et fragments de récits imaginaires.

Burroughs ne pratique pas encore le cut-up (technique de collage littéraire que va lui faire découvrir Brion Gysin), mais cette bombe littéraire (un chef-d’oeuvre pour Norman Mailer) n’en est pas moins une suite d’épisodes apocalyptiques et décousus mêlant humour noir, sexe, drogue. Dans le texte d’introduction à ce brûlot, Burroughs confesse avoir goûté à la drogue sous toutes ses formes:

Héroïne, morphine, dilaudile, eukodal, pantopon, dilodide, opium, Dolosal, Palfium. Je l’ai fumée, avalée, reniflée, injectée.

Il ajoute avoir triomphé de «la Maladie» à l’âge de 45 ans. Le répit sera pourtant de brève durée.

Installé à Paris à partir de janvier 1958, Burroughs prend pension dans un hôtel de la rue Gît-le-Coeur –la légende lui donnera le nom de Beat Hotel. Ginsberg, Corso, Gysin l’y retrouvent. C’est là, entre deux prises de cocaïne (fournie par un riche banquier parisien) et d’Eubispasme (médicament contre la toux, en vente libre, contenant un dérivé d’opium), qu’il va mettre en forme «le Festin nu» et rédiger sa fameuse trilogie, «la Machine molle», «Nova express» et «le Ticket qui explosa».

« À Meudon, chez Céline »

Au cours de ce séjour, il rencontre Louis-Ferdinand Céline. Le rendez-vous a été arrangé par Michel Mohrt, éditeur chez Gallimard. Accompagné de Ginsberg, il se rend à Meudon, au domicile de l’auteur du «Voyage au bout de la nuit». Burroughs parle de son addiction à la morphine. Céline raconte comment, alors qu’il se trouvait à bord d’un navire qui avait été touché par une torpille, il avait injecté de la morphine à des passagers morts de trouille. Les doses étant trop élevées, ils se mirent à vomir.

La conversation aborde la littérature. Burroughs cite ses auteurs préférés (Michaux, Beckett, Genet) à quoi Céline répond, après chaque nom : «Ça ne vaut rien, ça ne vaut rien» (2). Au moment de la séparation, Ginsberg lance : «Nous vous saluons depuis notre Amérique comme le plus grand écrivain de France!» Lucette, l’épouse de Céline, le corrige: «Le plus grand écrivain de l’univers!»

Accompagné d’Allen Ginsberg, dans les années 80 (©GWIN/SIPA)

William Burroughs n’a pas toujours été le grand camé que l’on retrouve dans ses livres. Avec la même précision qu’il déploie pour décrire les effets et les conséquences de son addiction, il militera pour sa prise en charge médicale. Dans «Apomorphine» (3), il défend le traitement que lui prescrivit à Londres le Dr Dent et qui, selon lui, permettait de «régulariser le métabolisme» des patients, les aidant à franchir les étapes du sevrage.

L’apomorphine n’empêcha pourtant pas Burroughs de renouer avec ses anciennes habitudes. A la fin des années 1960, il devient une figure emblématique de la contre-culture. Paradoxe: Burroughs est loin d’être un hippie. Le LSD et les drogues hallucinogènes ne l’intéressent pas. Sa dégaine de cadre supérieur à tête de hibou le laisse entendre: il ne rêve pas d’un monde meilleur.

Ses rencontres avec les icônes du monde du rock (les Rolling Stones, Patti Smith) et du pop art (Andy Warhol) ne furent pas d’une grande intensité. L’auteur du «Festin nu» prit même Mick Jagger sèchement à partie lors d’un entretien destiné au magazine «Rolling Stone». Alors que Burroughs parlait de «révolution culturelle», le chanteur fit semblant de ne pas comprendre, suscitant aussitôt cette repartie:

Vous réalisez qu’il y a trente ou quarante ans on ne pouvait pas imprimer dans un livre un mot de quatre lettres [le mot “fuck”, en français : baiser, NDLR]. Et vous demandez de quelle révolution culturelle je parle. Putain, mec, qu’est-ce que vous croyez qu’on a fait pendant toutes ces années?

Keith Richards, grand admirateur de Burroughs, avoua quant à lui avoir suivi le traitement à l’apomorphine conseillé par l’écrivain. «C’était une cure un peu moyenâgeuse, dira-t-il. Tu passais ton temps à vomir.»

Devenu star, Burroughs donne des lectures dans les universités américaines, tourne dans une pub pour Nike et un clip pour U2. Le «Godfather» de la défonce se voit même offrir une livre d’opium thaïlandais par un gros bonnet de la drogue qui veut ainsi témoigner de son «respect» à l’auteur de «Nova Express». Après la génération pop, c’est la génération punk qui va l’aduler.

En 1977, le vieux Bill (il a 63 ans) écrit une lettre de soutien aux Sex Pistols lorsque leur «God Save the Queen» est interdit d’antenne par la BBC. Le nihilisme des sauvageons britanniques séduit un écrivain qui a toujours considéré que le système politique était pourri de l’intérieur. Dans les années 1970, il dit même de Richard Nixon qu’il a une tête de camé en manque. Pour autant, il n’a jamais appelé à la révolte, pas plus qu’il n’a fait montre du moindre prosélytisme pour la consommation d’une drogue quelconque. Burroughs a toujours été un loup solitaire.

Devant l’une de ses œuvres, en 1989 (©GWIN/SIPA)

En 1990, Kurt Cobain, le leader de Nirvana, lui propose d’enregistrer un disque avec lui. Burroughs évoquera leur rencontre, en 1993: «Cobain était très timide, très poli […] Il paraissait fragile et irrémédiablement perdu.» Le disque verra le jour, Cobain massacrant à la guitare un chant de Noël tandis que la voix de Burroughs récite un extrait de son livre, «Exterminateur!». Lors de cette brève aventure musicale, Cobain offre à l’écrivain une biographie du chanteur de blues Leadbelly. Burroughs, qui lui fait cadeau d’une peinture, jurera ne jamais lui avoir montré sa collection d’armes. Une précision utile. Début avril 1994, Kurt Cobain se suicide en se tirant une balle dans la tête.

William Burroughs a vu disparaître sa femme, son fils (Billy meurt en 1981) et tous ses amis. Jack Kerouac, Brion Gysin, Allen Ginsberg ont quitté la terre avant lui. D’autres, moins célèbres, ont succombé à des overdoses ou à des maladies liées à la drogue. Lui décède le 2 août 1997, des suites d’un malaise cardiaque, à l’âge de 83 ans. Il est enterré vêtu d’une chemise blanche, d’une cravate, d’un pantalon droit, d’un gilet marocain brodé. Les chaussures noires, bien cirées, ne sont pas oubliées. William Burroughs ne supportait pas les chaussures sales.

Bernard Géniès

(1) Traduction française : «Yegg. Autoportrait d’un honorable hors-la-loi», édition Les Fondeurs de briques.

(2) Cité par Barry Miles dans «William Burroughs, a life», Weidenfeld & Nicholson. A lire aussi, également en anglais, «Literary Outlaw», par Ted Morgan, Norton.

(3) Editions de L’Herne.

Bio express

WILLIAM SEWARD BURROUGHS est né le 5 février 1914 à Saint-Louis (Missouri). Après avoir étudié à Harvard, il s’installe dans les années 1940 à New York, où il rencontre Jack Kerouac et Allen Ginsberg. Il quitte les Etats-Unis en 1949, début d’une longue errance qui va le conduire au Mexique, au Maroc, à Paris puis en Angleterre. Il revient aux Etats-Unis en 1974, où il meurt en 1997.

À suivre dans « Les camés de l’été »

«Ol’ Dirty Bastard sous crack», par David Caviglioli

«Henri Michaux sous mescaline», par Fabrice Pliskin

Paru dans « l’Obs » du 30 juillet 2015.

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