Mois : avril 2016

Envol annoncé du fichier des passagers aériens

Le Passenger name record (PNR) est devenu le mantra de la lutte antiterroriste. Au lendemain des attentats de Paris, le 13 novembre, puis de ceux de Bruxelles, le 22 mars, Manuel Valls a tapé du point sur la table en enjoignant au Parlement européen de voter séance tenante la création de ce fichier qu’il bloque depuis 2007 et qui est destiné à recueillir les données personnelles de tous les passagers aériens, qu’il voyage de, vers ou à l’intérieur de l’Union. Le Premier ministre français peut être content : après en avoir débattu cet après-midi, les députés européens devraient voter mercredi, à une large majorité, la directive «relative à l’utilisation des données des dossiers passagers pour la prévention et la détection des infractions terroristes et des formes graves de criminalité, ainsi que pour les enquêtes et les poursuites en la matière», de son petit nom.

En réalité, il s’agit de créer, non pas un superfichier européen, l’équivalent du Système d’information Schengen (SIS), mais d’autoriser et d’harmoniser la création de 28 fichiers nationaux, qui chacun essaiera d’établir des profils de suspects potentiels en fonction de leurs voyages aériens, et ce, à partir des dix-neuf données personnelles détenues par les compagnies aériennes : identité, moyen de paiement, itinéraire complet, passager fidèle, bagages, partage de code, etc. Les terroristes ne seront pas les seuls à être ainsi «profilés» : la liste des infractions qui permettra d’utiliser le PNR est large (traite d’êtres humains, exploitation sexuelle des enfants, trafic de drogues, cybercriminalité)…

«Aucun système centralisé»

Voilà pourquoi le Parlement européen a longtemps bloqué ce texte qui autorise rien de moins qu’un profilage généralisé de tout un chacun uniquement parce qu’il voyage et non parce qu’il fait l’objet d’une enquête policière ou judiciaire. Second problème : les renseignements obtenus ne seront pas automatiquement partagés entre les pays européens. Il faudra que chacun demande spécifiquement à ses partenaires telle ou telle donnée. On peut s’interroger sur l’intérêt de se lancer dans cette usine à gaz, puisque même si les pays sont autorisés à créer un fichier commun, «il n’y a aucun système centralisé», grince Sophie in’t Veld, eurodéputée libérale néerlandaise : «On se demande à quoi ces 28 fichiers vont servir s’il s’agit bien d’identifier des gens à partir de leur parcours.»

Surtout, beaucoup se demande en quoi le PNR aurait permis d’éviter les attentats, la quarantaine de terroristes qui ont frappé l’Europe ces derniers mois étant déjà connus des services et aucun d’entre eux n’ayant emprunté l’avion pour frapper les cibles choisies, mais plus prosaïquement, la voiture, le taxi ou le métro… Après tout, les vols ne représentent que 8 % du trafic intra et extracommunautaire : l’Europe n’est pas une île.

En fait, tous ceux qui défendent les libertés publiques estiment que ce fichage va trop loin pour une efficacité quasi-nulle. C’est le cas du G29, l’organe qui regroupe les Cnil européennes, ou encore de Giovanni Buttarelli, le Contrôleur européen de la protection des données, qui l’assure : «Le PNR a peu d’utilité pratique : après les attentats de Charlie Hebdo, une réunion tenue au Parlement européen avec les officiers des services de renseignement a conclu qu’il pourrait être utile pour la prévention de délits mineurs.»

Jean Quatremer De notre correspondant à Bruxelles (UE)

Manuel Pellegrini, la classe sans com

Manuel Pellegrini, l’entraîneur de Manchester City, est un excellent technicien. On peut évidemment accoler plusieurs «mais» à cette assertion. Néanmoins, partons de ce constat : quand le Real Madrid décide de s’en séparer en 2010, c’est pour engager José Mourinho, champion d’Europe en titre avec l’Inter Milan. Et quand City met le Chilien sur la touche pour la saison prochaine, c’est pour faire de la place au génie Pep Guardiola. Autant dire qu’on ne remplace pas ce type-là par le premier entraîneur venu.

La dégaine d’Yves Duteil, avec quand même des petits airs d’Al Pacino dans Donnie Brasco. Dans la philosophie, un côté Marcelo Bielsa – seulement dans la doctrine –, l’ex-entraîneur argentin de l’Olympique de Marseille : le plus important, c’est le football, pas l’image. Or, un entraîneur, s’il veut désormais s’imposer dans un grand club type multinationale, doit savoir travailler sa com et la jouer fine en coulisses. Un job, en parallèle du vrai job, pour lequel Pellegrini est plutôt incompétent. Donc incomplet, donc remplacé par Pep Guardiola qui, lui, maîtrise toutes les facettes du métier. «Jamais une fuite dans la presse sur qui que ce soit, ni de magouilles», résume Javi Gómez, du quotidien espagnol El Mundo, à propos de l’entraîneur chilien. Il confirme donc ce qu’on lit dans les (rares) longues interviews accordées par Pellegrini : ce coach est aussi un gentleman et une sorte de gentil tonton.

José Mourinho le cartonne

En Espagne, il a entraîné trois clubs : Villarreal, le Real Madrid et Malaga. En 2006, il emmène le premier en demi-finale de la Ligue des champions. Si Juan Román Riquelme, son meneur de jeu génial, marque son penalty contre Arsenal, c’est la finale. Avec le troisième, il manque de récidiver en 2013. Les Andalous finissent par craquer dans les arrêts de jeu du match retour contre le Borussia Dortmund. La poisse ? Lui affirme que non. Dans une interview accordée à un canard chilien (traduite par So Foot en septembre), il dit : «Je ne crois pas en la malchance mais en la constance qui, bien souvent, n’est pas valorisée.» Et assure : «Ce que j’ai fait à Villarreal est bien plus fort qu’un titre de champion.»

Villarreal ? Malaga ? Du jeu avec beaucoup de mouvement et de petits gabarits, des buts, du plaisir. Des idées. Même la sélection espagnole, qui raflera tout de 2008 à 2012, s’en inspire. Avec le Real (2009-2010), il bat un record de points en championnat (96), mais finit vice-champion, derrière l’exceptionnel Barça de Pep Guardiola. En Coupe, il se fait sortir par un club de troisième division. En Ligue des champions, par Lyon en huitièmes de finale. Pellegrini n’aura pas de deuxième année pour essayer de faire mieux.

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Un journaliste espagnol très au fait du «job en parallèle du vrai job» schématise : quand Florentino Pérez, le président du Real, sent que le coach n’a pas (plus) l’ascendant sur son vestiaire, il tranche toujours dans le vif. A son goût, Pellegrini ne le tenait pas. Ce n’est pas son point fort de gérer les egos, d’autant qu’il aurait tendance à fuir les conflits. Et José Mourinho, machine de guerre, était le fantasme de toutes les grandes multinationales. Le Chilien prend la porte.

Ce confrère remarque qu’il arrive souvent au président merengue de subtilement dézinguer ceux qu’il estime avoir échoué. Le petit crachat sur le cadavre. Il n’a rien balancé sur celui de Manuel Pellegrini. Ce dernier est tellement droit qu’il n’a pas osé. Pour ce genre de molard, il faut au moins s’appeler Mourinho, qui à son arrivée, lance : «Si le Real se débarrasse de moi, je n’irai pas entraîner Malaga. J’irai dans un grand club en Premier League ou en Serie A. Parce que je suis dans une situation où je peux choisir. Il y en a qui ne peuvent pas choisir.» En prime, il le surnomme «Pellegrino». Et le taquine désormais quand l’envie l’en prend.

Cours de chant

Manuel Pellegrini, 62 ans, est issu d’une famille de la haute. Son surnom est «l’Ingénieur», parce qu’il a fait des études et brièvement bossé dans le domaine. Il n’a joué que dans un club : l’Universidad de Chile, en division 1 chilienne. Il se décrit lui-même comme un défenseur teigneux. Nerveux. La petite histoire raconte qu’il avait promis de raccrocher le jour où il se ferait malmener dans le jeu aérien, son point fort. Iván Zamorano, un gamin, le torture. Il raccroche à 34 ans, en 1986, sans pouvoir deviner que ce gamin signerait quelques années plus tard au Real Madrid et à l’Inter Milan et qu’il serait surnommé «l’Hélicoptère», pour son jeu de tête hors du commun.

Pour devenir coach, Pellegrini dit qu’il a travaillé sur lui-même, par peur de ne rien pouvoir transmettre en la jouant brute épaisse. Sur le banc, il a d’abord gagné en Amérique du Sud, et signale qu’après avoir entraîné en Argentine, la pression devient relative en Europe. C’est un type calme, effacé par moments, qui assure ne pas être fier de gueuler de temps à autre sur les arbitres.

Il rassure son défenseur argentin Pablo Zabaleta, alors jeune papa, quand il l’écarte momentanément de l’équipe. En mode «certes je te mets de côté pour un temps car tu n’es pas concentré à 100%, mais avoir un enfant est la plus belle chose au monde». A Villarreal, il prend des cours de chant pour travailler sa voix, estimant qu’elle fait partie intégrante de son boulot. Là-bas, dans un tout autre registre, il mangeait quasiment tous les jours dans le même resto italien, à la même table.

Cette saison, son City, avec qui il a remporté un championnat (2014) et deux coupes nationales (2014, 2016), est décevant. Aussi bien dans la manière – laborieux, prévisible –, que dans les résultats – quatrième de Premier League à deux points du podium. Depuis des mois, les Citizens se font logiquement plier par les gros et se vengent tant bien que mal sur les petits.

Il y a bien ce quart de finale historique ce mardi soir, mais quelque chose ne fonctionne pas. A commencer par la défense, qui lorsqu’elle est privée du Belge Vincent Kompany (ce sera le cas contre le Paris-SG), fait plein de choses ridicules. Exemple le plus récent, le but gag encaissé mercredi dernier à Paris.

Syndrome Premier League

En Europe, même dynamique : quand il a croisé la route de la Juventus en phase de poules, le seul gros bras avant de jouer Paris, il s’est incliné deux fois. En fait, City n’a jamais impressionné personne en Ligue des champions, même avec le Chilien. Explication la plus convenue : les Citizens, nouveaux riches, sont encore des bleus à l’échelle du continent. De surcroît, ils se sont heurtés ces deux dernières années au monstre barcelonais en huitièmes de finale. D’où la réflexion logique à l’échelle d’un proprio emirati milliardaire : on peut certainement aller encore plus vite en ramenant un bonhomme qui a largement contribué à rendre ce monstre catalan boulimique. Guardiola.

Flash-back en janvier 2014, quelques mois après l’arrivée du Chilien en Angleterre. Au sortir d’une volée infligée par les hommes de Pellegrini à son équipe (1-5), l’entraîneur de Tottenham s’enflamme : City joue le meilleur football du monde. Pellegrini la joue modeste, mais tout n’est pas qu’affabulation. A cet instant de la saison (23journée de championnat), les Citizens ont déjà dépassé la barre des 100 buts toutes compétitions confondues. Un record.

Sur le contraste entre les deux périodes, les Cahiers du foot développaient une intéressante théorie il y a un an, partant du postulat suivant : le championnat anglais n’a jamais été aussi ouvert. Tout pour l’attaque, quoiqu’il en coûte. Du coup, ça dérègle tout. Même les plans d’un excellent technicien comme Manuel Pellegrini, qui finit par subir le syndrome Premier League et se faire embarquer. En Europe, le contrecoup : à force de jouer comme des dingues, les clubs anglais perdent le sens commun contre des adversaires plus rationnels.

Sinon, Pellegrini a attendu très longtemps pour répondre à José Mourinho. A la fin, ça donne des coups de pression de garçon qui ne veut pas se battre à la récré. «Quand il gagne, Mourinho veut s’attribuer le mérite de tout. Moi, je ne fais jamais ça. Quand j’ai gagné la Premier League, je n’ai pas dit un mot.»

Ramsès Kefi

Pourquoi la guerre est une éternelle « connerie »

« Nous sommes en guerre», ne cessons-nous d’entendre de la bouche belliqueuse de nos dirigeants. «Ce n’est pas mon avis», réplique Henri Bartholomeeusen, avocat belge et président du Centre d’Action laïque à Bruxelles. C’est lui qui a rédigé la préface d’un ouvrage intitulé «Quelle connerie la guerre !» Cette «anthologie illustrée d’écrits sur la tolérance, le pacifisme et la fraternité universelle», parue le 7 janvier 2016, symboliquement un an après les attentats de «Charlie Hebdo», conçue pendant ceux du 13 novembre, est un hommage silencieux aux morts d’une guerre qui n’en est pas vraiment une.

Alors qu’on se remet à donner la chasse aux pacifistes, ce livre rappelle que Montaigne, Voltaire, Camus, Jaurès, Prévert, Brassens, Aron, Yourcenar, Ferré et tant d’autres fustigeaient la guerre dans leurs essais, traités, chansons. Du retentissant «Déserteur» de Vian exhortant «Monsieur le Président» à partir à la guerre lui-même s’il y tient tant que ça, au journal intime d’une allemande inconnue qui dit sa haine du mâle nazi, ce beau livre blâme tantôt la guerre, tantôt ceux qui la font, et prône la tolérance, la fraternité, la solidarité, tous ces mots que les politiques d’aujourd’hui ont bien souvent mis aux oubliettes.

En rassemblant ces grands textes, Jean-Pol Baras, président de la Fondation Henri La Fontaine, Denis Lefebvre, historien et journaliste, et Plantu, caricaturiste au «Monde», rappellent cette vérité simple: la guerre est une «connerie».

« Fléau » pour Voltaire, «torture» pour Henri La Fontaine: chacun a ses mots pour parler du pire. Certains tolèrent la guerre quand elle est indispensable. D’autres jugent que la guerre peut être un moyen de faire la paix. D’autres la rejettent en bloc. «Certaines réponses apportées ne satisferont pas le pacifiste», prévient Henri Bartholomeeusen. Et puis tant pis, même si c’est une utopie, «il n’y a pas de fatalité», nous dit le préfacier citant Romain Rolland, pour qui «la fatalité c’est ce que nous voulons». Et comme disait Martin Luther King :

Nous devons apprendre à vivre ensemble comme des frères, sinon nous allons mourir tous ensemble comme des idiots.»

Virginie Cresci

La tolérance selon Voltaire

«Ce n’est donc plus aux hommes que je m’adresse; c’est à toi, Dieu de tous les êtres, de tous les mondes, et de tous les temps: s’il est permis à de faibles créatures perdues dans l’immensité, et imperceptibles au reste de l’univers, d’oser te demander quelque chose, à toi qui a tout donné, à toi dont les décrets sont immuables comme éternels, daigne regarder en pitié les erreurs attachées à notre nature; que ces erreurs ne fassent point nos calamités.

Tu ne nous a point donné un cœur pour nous haïr, et des mains pour nous égorger; fais que nous nous aidions mutuellement à supporter le fardeau d’une vie pénible et passagère, que les petites différences entre les vêtements qui couvrent nos débiles corps, entre tous nos langages insuffisants, entre tous nos usages ridicules, entre toutes nos lois imparfaites, entre toutes nos opinions insensées, entre toutes nos conditions si disproportionnées à nos yeux, et si égales devant toi; que toutes ces petites nuances qui distinguent les atomes appelés hommes ne soient pas des signaux de haine et de persécution.

Puissent tous les hommes se souvenir qu’ils sont frères ! Qu’ils aient en horreur la tyrannie exercée sur les âmes ! Si les fléaux de la guerre sont inévitables, ne nous haïssons pas, ne nous déchirons pas les uns les autres dans le sein de la paix, et employons l’instant de notre existence à bénir également en mille langage divers, depuis Siam jusqu’à la Californie, ta bonté qui nous a donné cet instant.»

Traité sur la tolérance, par Voltaire 1769,

chapitre XXIII, «Prière à Dieu», Paris, Flammarion, 1989

Comment et pourquoi Voltaire a écrit son « Traité sur la tolérance »

PlantuLe Boulevard Voltaire pendant la marche du 11 janvier 2015. ©Plantu 2016

Henri La Fontaine contre la barbarie

« La guerre est une torture pour des millions et des millions d’êtres humains, et la torture a été frappé à mort. La guerre est un sacrifice humain à un fétiche fait de la main des hommes, à un fétiche de fer et d’acier, trempé de sang humain et de larmes de mères, d’épouses, de pères, de sœurs et d’enfants, et les sacrifices humains ont été frappés à mort. La guerre doit être frappée à mort et à jamais. Le recours à des moyens de contrainte morale, politique, économique ou armée est le triste privilège et la tâche pénible de l’humanité entière confiés à l’initiative de ses plus hauts magistrats dans le cas spécifique d’un Peuple faisant retour à la barbarie, atteint de folie ou devenu criminel.

L’heure est venue de fermer la porte sur le passé, ce passé, ou de ne l’entrouvrir que pour se rappeler les horreurs, des millions de siècles révolus, son éclat, sa gloire, sa prétendue splendeur furent illusoires pour les masses immenses qui les ont subies. Il nous a éblouis et nos ancêtres, parce que eux et nous marchions dans des ténèbres. Il nous a éblouis et nos ancêtres, parce que eux et nous marchions dans des ténèbres. Il nous faut tourner le dos à la nuit sombre de l’ignorance, et de préjugé et de haine et de rivalité et regarder en face le jour qui se lève, la nouvelle renaissance, la renaissance totale, le début d’une ère nouvelle, celle de l’humanisme.»

Extrait d’une note manuscrite préparatoire d’Henri La Fontaine (1854-1943), avocat spécialisé dans le droit international, membre du parti ouvrier belge et créateur de la Ligue belge du Droit des femmes, Prix Nobel de la paix 1913.

Jaurès contre les “paniques folles”

« LE plus grand danger à l’heure actuelle n’est pas, si je suis dire, dans les événements eux-mêmes. Il n’est même pas dans les dispositions réelles des chancelleries, si coupables qu’elles puissent être; il n’est pas dans la volonté réelle des peuples; il est dans l’énervement qui gagne, dans l’inquiétude qui se propage, dans les impulsions subites qui naissent de la peur, de l’incertitude aiguë, de l’anxiété prolongée. A ces paniques folles les foules peuvent céder et il n’est pas sûr que les gouvernements n’y cèdent pas. […]

Pour résister à l’épreuve, il faut aux hommes des nerfs d’acier ou plutôt il leur faut une raison ferme, claire et calme. C’est à l’intelligence du peuple, c’est à sa pensée que nous devons aujourd’hui faire appel si nous voulons qu’il puisse rester maître de soi, refouler les paniques, dominer les énervements et surveiller la marche des hommes et des choses, pour écarter de la race humaine l’horreur de la guerre.

Le péril est grand, mais il n’est pas invincible si nous gardons la clarté de l’esprit, la fermeté de vouloir, si nous savons avoir à la fois l’héroïsme de la patience et l’héroïsme de l’action. La vue nette du devoir nous donnera la force de le remplir.»

Edito de «L’Humanité» intitulé «Sang-froid nécessaire» publié le 31 juillet 1914, jour de l’assassinat de Jaurès au café du Croissant par un fanatique nationaliste.

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Jean Jaurès au café du Croissant où il a été assassiné. ©Plantu 2016

L’été 1914, le plus stupide de l’Histoire

Zweig, l’exilé

« Très cher ami, je vous écris à un des moments les plus difficiles de ma vie. Aujourd’hui seulement, je m’aperçois des ravages terribles que la guerre a provoqué dans mon univers humain et spirituel: tel un exilé, dépouillé et sans ressource, je suis obligé de fuir la maison en feu de ma vie intérieure, pour aller où – je n’en sais rien. […]

Moi, je ne peux que souffrir en silence. Je redoute terriblement les journées et les années à venir. Comment sera ma vie, qui jusqu’à présent se faufilait librement entre les préjugés, comment vais-je pouvoir respirer au milieu de toute cette malveillance? Ma vie me semble à présent déchirée et privée de sa joie spirituelle la plus élevée; qui me rendra mon sentiment européen et le sens de l’humanité? Ces centaines de milliers de morts vont élever leurs voix, ils vont s’emparer de toute notre espace, de tout notre bonheur, à nous les vivants ! Mon monde, le monde que j’aimais est de toute façon détruit, tout ce que nous avons semé est foulé aux pieds. A quoi bon recommencer une nouvelle fois ?»

Stefan Zweig dans une lettre à Romain Rolland,

Vienne, 9 novembre 1914

La lettre aux paysans de Giono

« Nous, paysans, nous sommes le front et le ventre des armées: et c’est dans nos rangs que les cervelles éclatent et que les tiraillement se déroulent derrière nos derniers pas. Alors vous comprenez bien que nous sommes contre les guerres. Oui, c’est vrai. Et le mouvement paisible de vos champs s’ajoute à vos cœurs paisibles, et la lenteur de ce que vous confectionnez avec la graine, de la terre et du temps, c’est la lenteur même de l’amitié avec la vie. Vous êtes la paix. Mais je ne vous aime pas depuis de longues années sans vous connaître.

Vos désirs les plus secrets, je les connais. Vos projets les plus profondément enfoncés en vous-mêmes, je les connais. Vous en avez tellement enfouis profond que maintenant vous êtes comme si vous ne projetiez rien; et pourtant vous allez peut-être d’ici peu brusquement agir, tous ensemble. Toute cette grande révolte paysanne qui vous alourdit le cœur quand vous penchés sur vos champs solitaires, je la connais, je l’approuve, je la trouve juste.»

Lettre aux paysans sur la pauvreté et la paix,

Jean Giono, Grasset, Paris, 1938.

« Je ne veux pas mourir comme un bétail » : Lucien Jacques dans les tranchées

Confession d’une actrice devenue infirmière en 14

« Je vis pour la première fois la misère que la folie de la guerre répandait sur les hommes. Y avais-je même seulement réfléchi auparavant? Je me rendis petit à petit compte que ma vie n’avait jusque-là tourné qu’autour de ma petite personne. J’avais certes donné et aidé chaque fois que j’avais pu le faire, mais sans jamais prendre véritablement conscience du nombre d’hommes victimes de l’humeur et des erreurs des dirigeants. En accomplissant ma tâche, j’avais toutes les peines du monde à ne pas pleurer, à ne pas fuit toute cette misère.»

Tilla Durieux (1880-1971), actrice autrichienne qui s’est portée volontaire comme aide-soignante en 1914.

«Meine ersten neunzig Jahre. Erinnerungen», Munich, 2012.

Lettre à la Reine pour les Droits de la Femme

« J’offre un moyen invincible pour élever l’âme des femmes; c’est de les joindre à tous les exercices de l’homme: si l’homme s’obstine à trouver ce moyen impraticable, qu’il partage sa fortune avec la femme, non à son caprice, mais par la sagesse des lois. Le préjugé tombe, les mœurs s’épurent, et la nature reprend tous ses droits. Ajoutez-y le mariage des prêtres; le Roi, raffermi sur son trône, et le gouvernement français ne saurait plus périr.»

Olympes de Gouges, «Les Droits de la Femme»,

Lettre à la Reine, 1791

Le Droit des Femmes ©Plantu 2016

Tract pour la jeunesse de l’Allemagne nazie

« Etudiantes ! Etudiants !

La défaite de Stalingrad a jeté notre peuple dans la stupeur. La vie de trois cent mille Allemands, voilà ce qu’a coûté la stratégie géniale de ce soldat de deuxième classe promu général des armées. Führer, nous te remercions !

Le peuple allemand s’inquiète : allons-nous continuer de confier le sort de nos troupes à un dilettante? Allons-nous sacrifier les dernières forces vives du pays aux plus bas instincts d’hégémonie d’une clique d’hommes de parti? Jamais plus !

Le jour est venu de demander des comptes à la plus exécrable tyrannie que ce peuple ait jamais endurée. Au nom de la jeunesse allemande, nous exigeons de l’Etat d’Adolf Hitler le retour à la liberté personnelle; nous voulons reprendre possession de ce qui est à nous; notre pays, prétexte pour nous tromper si honteusement, nous appartient.

Nous avons grandi dans un Etat où toute expression de ses opinions personnelles était impossible. On a essayé, dans ces années si importantes pour notre formation, de nous ôter toute personnalité, de nous troubler, de nous empoisonner.

Il n’est pour nous qu’un impératif : lutter contre la dictature! Le combat de chacun d’entre nous a pour enjeu notre liberté, et notre honneur de citoyen conscient de sa responsabilité sociale.

L’effusion de sang qu’ils ont répandue dans l’Europe, au nom de l’honneur allemand, a ouvert les yeux même au plus sot. La honte pèsera pour toujours sur l’Allemagne, si la jeunesse ne s’insurge pas enfin pour écraser ses bourreaux et bâtir une nouvelle Europe spirituelle. Nous nous dressons contre l’asservissement de l’Europe par le national-socialisme, dans une affirmation nouvelle de liberté et d’honneur.»

Extrait du 6ème et dernier tract de «La Rose Blanche»,

Février 1943, rédigé par le professeur de philosophie Kurt Huber.

Quelques jours plus tard, trois membres du groupe sont arrêtés par la Gestapo pour avoir distribué à l’université ce tract en plus de 2000 exemplaires. Ils sont condamnés à mort et décapités quatre jours plus tard. «La rose blanche: six Allemands contre le nazisme», Editions de Minuit, Paris, 1995.

« Sur la non-violence », par le Mahatma Ganhdi

Discours à ceux qui aiment Dieu

« Chers Frères, Chères Frérettes,

Chers fidèles, Chères fidélettes,

La foi, ce n’est pas de la conserve. Alors votre mise en boîte mosquévitte, on n’en veut pas. Vous avez pris Dieu en otage. Le manque d’imagination a fait que le message de Dieu est aujourd’hui lettre morte. Dieu nous a donné la responsabilité d’une religion. Comment voulez-vous que nous en soyons à la hauteur, si nous ne sommes pas à la hauteur du quotidien? Comment voulez-vous que nous soyons fidèles à Dieu si nous sommes infidèles à la vie? Comment voulez-vous que Dieu soit miséricorde et amour, si nous prêchons la haine et la violence?

Dieu est un choix de liberté et non une obligation d’aliénation. Votre lecture des versets est versatile, votre compréhension du Coran est douteuse. Dieu enseigne la force des hommes contre la force des armes. Votre recours aux armes est une trahison à la plénitude de l’homme.

Chers frères, Chers frérots,

Libérez-vous de la peur et Dieu vous aidera. Libérez-vous de la violence et Dieu vous comprendra. Libérez-vous du Pouvoir et Dieu vous bénira. Elargissez votre point de vue, contenez votre foi. Car la grandeur de Dieu est la grandeur d’âme de ses fidèles.

Au-delà du voile, par Slimane Benaïssa

(auteur de théâtre né en Algérie en 1943), Manage, 2008.

Les Afghanes ©Plantu 2016

Malala à l’ONU

« Le 9 octobre 2012, les talibans ont tiré sur le côté gauche de mon front. Ils ont également tiré sur mes amis. Ils pensaient qu’une balle pourrait nous réduire au silence. Mais ils ont échoué. De ce silence ont émergé des milliers de voix. Les terroristes pensaient qu’ils pourraient changer ma volonté et arrêter mes ambitions mais rien n’a changé dans ma vie, à part ceci: faiblesse, peur et désespoir sont morts; force, pouvoir et courage sont nés.»

Extrait du discours de Malala Yousafzai

(prix Nobel de la paix 2014 à l’âge de 17 ans)

à l’ONU , 12 juillet 2013

© Fondation Henri La Fontaine-2016

Quelle connerie la guerre ! Anthologie illustrée d’écrits sur la tolérance, le pacifisme et la fraternité universelle,

par Jean-Pol Baras, Denis Lefebvre et Plantu, 284 p.,

Omnibus, 19 euros 95.

Samar Yazbek, la revenante de l’enfer syrien

Un tableau volé en France par les nazis réapparaît en Autriche

Après soixante-treize ans d’une longue nuit d’oubli et d’errance, le retour à la lumière. L’huile, signée du portraitiste du XVIIeme siècle Bartholomeus van der Helst et datée de 1647, représente un homme âgé au regard triste et désabusé. Un classique de l’école flamande. Mais l’indélébile signe distinctif du tableau est ailleurs : il est l’une des 333 œuvres d’une collection privée volées par les Allemands lors de la seconde mondiale. La petite huile, comme 166 autres, était jusqu’ici présumée disparue à jamais. Nul n’aurait parié sur sa répartition soudaine en ce mois d’avril 2016.

La collection, du nom de son propriétaire Adolphe Schloss, riche négociant qui avait patiemment acquis chaque pièce jusqu’à sa mort en 1911, était convoitée par les dignitaires nazis bien avant l’occupation de la France. Hitler souhaitait même qu’une partie de ces œuvres soient destinées à son projet de musée à Linz. Figuraient parmi les plus belles oeuvres, celles de maîtres flamands et hollandais, Rembrandt, Hals, Brueghel, Brouwer mais également des peintres germaniques comme Lucas Cranach, l’un des artistes favoris du Fürher.

Les tableaux cachés après mille rebondissements au château de Chambon, à côté de Tulle (Corrèze) avaient été accaparés en 1943 par le service de confiscation des biens juifs. Le film de George Clooney « Monuments men », sorti l’an dernier raconte dans les grandes lignes l’incroyable itinéraire des tableaux de cette collection. Toutes les œuvres spoliées avaient été entreposées dans des caisses destinées au Fürhermuseum, le projet de musée des Beaux-Arts voulu par Hitler à Linz. Le stock avait été pillé en avril 1945, à l’approche des troupes américaines et alors que le IIIe Reich était de point de capituler.

Recel ?

La maison de vente viennoise Im Kinsky, qui s’apprête à le mettre aux enchères ce mardi 12 avril dans le cadre d’une vente de tableaux de maîtres du XVIeme au XVIIIeme siècle, n’ignore rien de sa provenance. Sur son catalogue en ligne, elle donne un bref historique du lot numéro 25, estimé entre 15.000 et 30.000 euros. Spoliation nazie, disparition en 1945. Vendue en 2004 par un marchand autrichien à un acheteur « de bonne foi ».

Cette précision fait bondir Antoine Comte, l’avocat parisien d’Eliane de Martini, l’une des héritières de la collection Schloss :

« En 2004, on ne peut pas être de bonne foi, souligne-t-il. Cette œuvre figure au moins dans trois bases de données qui mentionnent sa spoliation ».

Elle est notamment inscrite dans le répertoire des biens spoliés pendant la guerre 1939-1945.

Dans un courrier adressé le 7 avril à Im Kinsky, dont « l’Obs » a pu prendre connaissance, Me Comte rappelle que « la détention même provisoire d’une toile spoliée constitue en droit européen un recel qui est une infraction pénale dont se rendent coupables les personnes qui détiennent des objets volés ». L’avocat leur demande de surseoir à cette vente qui placerait Im Kinsky « comme l’un des chaînons du recel d’une toile spoliée qui n’a jamais été restituée à ses légitimes propriétaires ».

« La spoliation est connue et reconnue »

Vendredi dernier, Im Kinsky ne semblait pas vouloir retirer le van der Helst de la vente. Le Dr Ernst Ploil, l’un de ses directeurs, par ailleurs avocat, s’offusque d’ailleurs que l’on puisse mettre en cause l’honnêteté et la moralité de sa société. Lorsque ce tableau a été proposé à Im Kinsky, assure-t-il, ses avocats ont pris contact avec Me Comte pour « trouver une solution juste et équitable avec la famille Schloss », selon le Dr Ploil. Il faut entendre par « solution juste et équitable » le versement d’une compensation financière ou le partage du produit de la vente.

« J’ai négocié un temps avec leur avocat mais sans résultat. Car il insistait pour que la peinture soit restituée. Mais son actuel propriétaire ne le veut pas », explique cet homme courtois à l’anglais teinté d’accent germanique.

Le Dr Ploil regrette l’attitude « bornée » de l’avocat français.

Ce dernier la revendique : « J’ai refusé de discuter avec les avocats. Je leur ai expliqué que la seule solution digne était restituer le tableau aux héritiers », explique Me Comte. « On ne peut pas payer à chaque fois une compensation », assène-t-il. Une double peine en quelque sorte. Sa cliente, Eliane de Martini, est toute aussi catégorique. A 80 ans, sa vigueur et son indignation sont toujours intactes. « Il n’y a aucun accord à passer avec les vendeurs. C’est la ligne de conduite de la famille. La spoliation est connue et reconnue », explique-t-elle au téléphone d’une voix claire mais ferme. L’octogénaire, fâchée que les autorités autrichiennes demeurent silencieuses, ajoute un détail d’importance :

« Je ne sais pas si ce tableau possède encore son cadre d’origine, mais sur chaque cadre, il y a un signe distinctif montrant qu’il appartient à la collection Schloss ».

« Un argument très faible »

En 2004, pouvait-on se prévaloir de la « bonne foi » en achetant ce tableau dont il était facile de retrouver l’origine ? « C’est ahurissant qu’ils osent le mettre en vente », s’indigne l’ancien directeur des Archives diplomatiques, Frédéric du Laurens. « Cela laisse un peu amer quand on dit ‘moi pas savoir’. La bonne foi du possesseur est un argument qui est toujours avancé », regrette-t-il avant de souligner « le caractère profondément immoral » de la vente à venir. Cette bonne foi, « est un argument très faible », dénonce l’ancien diplomate. En 1998, le ministère des Affaires étrangères a édité le catalogue des œuvres non restituées, illustré de photographies en noir et blanc prises avant guerre avec les dimensions de chaque tableaux. La maison viennoise, droit autrichien à l’appui, est d’un autre avis. Selon elle, rien ne peut l’empêcher de vendre en toute légalité ce bien spolié à une famille juive durant la guerre.

Ce vendredi 8 avril, le ministère français de la Culture, a officiellement demandé à Im Kinsky le retrait du tableau de van der Helst de la vente prévue le 12 avril en attendant de trouver une solution à l’amiable avec les héritiers. Les services d’Audrey Azoulay privilégient dans un premier temps la concertation avant, si nécessaire, de saisir les autorités autrichiennes, voire Interpol.

Un avenir incertain

De la collection Schloss, 163 peintures sont encore aujourd’hui manquantes. Ont-elles échappé à la destruction, ont-elles été vendues sous le manteau ? Nul ne le sait. Mais depuis la fin de la guerre, certaines peintures de la collection convoitée par les nazis ressortent du néant pour être mises en vente par de grandes maisons comme Christie’s ou Sotheby’s.

C’est le cas du portrait d’Adrianus Tegularius. En 1967, ce tableau du maître hollandais Franz Hals a été vendu à New York comme provenant de la succession d’une princesse italienne puis revendu en 1972 par Christie’s à Londres qui n’a pas indiqué qu’il avait été dérobé par les nazis. En 1979, le même tableau réapparait, toujours à Londres. Chez Sotheby’s. A cette occasion, il est fait état de son inscription au répertoire des biens spoliés en France. Le tableau est remis en vente dix ans plus tard, par Christie’s. Nulle mention cette fois dans le catalogue qu’il s’agit d’une œuvre volée. Son nouveau propriétaire va vouloir le vendre à la Biennale internationale des antiquaires à Paris qui se tient fin septembre 1990. Mauvaise idée. L’un des héritiers de la famille Schloss, Henri de Martini, l’époux d’Eliane, aujourd’hui décédé, obtient sa saisie. Ce n’est qu’en 2001 que le tableau de Franz Hals sera restitué officiellement à la famille après 11 années de procédure judiciaire.

Pareillement, après trois ans de négociations, le ministre tchèque de la Culture avait en 2002 remis officiellement à son homologue français « le Juif au bonnet de fourrure », tableau de l’école de Rembrandt provenant de la collection d’Adolphe Schloss, et acheté en 1945 par la Galerie nationale de Prague.

A ce jour, nul ne sait encore si le tableau de Bartholomeus van der Helst revenu subitement à la lumière en Autriche va revenir à Paris ou s’il risque de disparaître à nouveau.

Pierre-Antoine Souchard

Frais de taxi à l’INA : Agnès Saal condamnée à 4 500 euros d’amende

L’ancienne présidente de l’Institut national de l’audiovisuel (INA) Agnès Saal, jugée pour détournement de fonds publics, a été condamnée ce lundi à 4 500 euros d’amende par le tribunal correctionnel de Créteil pour ses notes de taxi exorbitantes.

Elle a également été condamnée à verser 3 000 euros de dommages et intérêts à l’association Anticor.

Agnès Saal, qui avait choisi de plaider coupable, doit à nouveau comparaître vendredi à Paris pour d’autres dépenses de taxis indues, dépassant plusieurs dizaines de milliers d’euros, lorsqu’elle était directrice générale du Centre Pompidou. En cas de non paiement, les jours amende deviennent des jours de détention et le condamné effectue tout ou partie de sa peine en prison.

Plus d’informations dans quelques minutes.

AFP

Témoignage de retour à la cité antique de Palmyre, après Daech

La star-tup française Iconem a entrepris depuis plusieurs années la numérisation 3D de grands sites archéologiques menacés à travers la planète. Co-fondée par Philippe Barthélémy et Yves Ubelmann, cette société a notamment travaillé en Afghanistan, à Pompéi, au Pakistan où elle a procédé à des relevés photographique. Ceux-ci ont permis de modéliser ces trésors archéologiques, constituant une précieuse base de données scientifiques, soit autant d’outils nécessaires à leur étude, leur préservation et, éventuellement, leur restauration.

C’est dans ce cadre qu’elle mène actuellement une mission en Syrie, en liaison avec les équipes de la Direction générale des antiquités et musées de Syrie. C’est avec l’aide de ces équipes qu’Iconem travaille sur le site de Palmyre, et notamment avec le concours d’Houman Saad, archéologue de la DGAM et post-doctorant au Labex Resmed ENS à Paris. Nous avons pu joindre Yves Ubelmann alors qu’il se trouvait à Homs.

Quelle est la situation à Palmyre actuellement ?

– La ville moderne a été sérieusement endommagée. On voit beaucoup de maisons détruites, les rues sont défoncées et les quartiers, pour ce que j’ai pu constater, sont déserts. La population a fui la ville. On ne rencontre que des militaires, qui essaient de sécuriser les lieux et de détecter les mines qui ont été posées par Daech avant leur départ. Régulièrement, on entend des explosions, ce sont les mines que les artificiers font sauter. Il n’y a plus d’électricité.

Et le musée de Palmyre ? Avez-vous pu y pénétrer ?

– Oui. C’est un musée que je connais bien. J’y ai déjà travaillé il y a sept ans en tant qu’architecte et j’avais conçu notamment la muséographie d’une des salles qui se trouve au premier étage. Nous avions mis en place des vitrines, un dispositif d’aide à la visite, des éclairages. J’avoue avoir éprouvé une impression étrange quand j’ai découvert les lieux : il n’est pas si fréquent quand on est architecte de voir ce que l’on a conçu réduit à néant.

Pour moi, c’était bouleversant. Un missile a perforé le toit et dans les salles les faux plafonds sont effondrés. La plupart des vitrines ont été explosées par Daech et ils les ont vidées de la plupart des objets qui s’y trouvaient. Sur les sculptures, tous les visages ont été détruits, ainsi que les mains lorsqu’il en existait. Ils ont voulu détruire tous les signes de représentation humaine. Par contre, ils ne sont pas intéressés aux objets décoratifs, ils en ont mêle laissé certains dans les vitrines. Le sol est jonché de débris, il y a des fragments de visage un peu partout.

Avez vous trouvé des objets qui témoignent de la présence de Daech ?

– Au sous-sol du musée, nous avons découvert pas mal d’indices. Daech y avait installé un tribunal : celui qui le dirigeait y avait placé son bureau. On a trouvé des papiers administratifs et découvert des cellules. Ils ont commencé par tout casser et ensuite ils ont emménagé dans les locaux.

La forteresse dominant Palmyre a été bombardée. (Iconem/DGAM)

Avant l’arrivée de Daech à Palmyre, des objets du musée avaient déjà été mis à l’abri. Que restait-il alors dans les salles ?

– Le déménagement de nombreuses pièces, environ trois cents, avait effectué par les équipes de Ahmad Deeb, directeur des musées de Syrie. Il pilote aujourd’hui la mission que j’effectue à Palmyre puis, par la suite, sur d’autres sites archéologiques du pays. Ce transfert a été effectué en camion, très peu de temps avant l’arrivée de Daech et les objets sont désormais entreposés dans un site sécurisé dans la région de Damas. Il restait au musée une centaine de sculptures, bas-reliefs ou objets.

Et sur le site antique ? Quelles dégradations avez-vous constaté ?

– Les temples de Bêl et de Baalshamin, l’arc de triomphe ont été détruits par les explosifs placés par Daesh. Nous avons retrouvé des fragments de barils dans lesquels ils avaient placé les explosifs, ce sont des dispositifs artisanaux. Nous avons découvert aussi des fragments de métal plus épais, pour le moment nous ne savons pas d’où ils proviennent.

L’Arc de Triomphe a été dynamité. (Iconem/DGAM)

Les explosions ont soufflé les constructions, disséminant les blocs de pierre qui les composaient. Tous n’ont pas été réduits en poussière, certains sont même intacts et je pense que l’on pourra certainement procéder à une restauration. Sera-t-elle complète ou non ? Pourra-t-on replacer tous ces blocs de pierre ? Devra-t-on en remplacer certains par de nouvelles pierres ? Pour le moment il est totalement impossible de le savoir.

Ce qu’il reste du temple de Bêl. (Iconem/DGAM)

Y a-t-il eu d’autres emplacement saccagés ?

– Dans la Vallée des tombes, qui se trouve à l’extrémité du site, nous avons constaté qu’une dizaine de tours funéraires avaient été elles aussi dynamitées. Certaines étaient hautes de plus d’une dizaine de mètres. Au 1er et au 2e siècle de notre ère, les Palmyriens plaçaient dans ces tours les sarcophages des défunts les plus riches de la cité. Si nombre d’entre elles sont réduites aujourd’hui à un amas de pierre, certaines, qui étaient enterrées, ont été préservées. Dans l’une d’entre elles, que l’on appelle la Tombe des trois frères, nous avons constaté que Daech avait aménagé un bureau qui devait être une sorte de centre de commandement. Les gens de Daech sont visiblement partis très vite, ils ont laissé sur place des vêtements, des sacs à dos, de la nourriture.

Les colonnes funéraires détruites dans la Vallée des tombes. (Iconem/DGAM)

Avez-vous trouvé des armes ?

– Aucune trace. Mais comme ils ont miné la ville moderne et la cité antique, les déplacements sont rendus difficiles, certaines zones demeurent inaccessibles.

Qui sont les démineurs ? Des soldats de l’armée syrienne ? Sont-ils nombreux ?

– Ce sont essentiellement des soldats russes qui procèdent à ces opérations. Il est difficile d’évaluer leur nombre, entre une cinquantaine et une centaine peut-être.

Les ruines du temple de Bêl. (Iconem/DGAM)

Des informations font état de la découverte d’un charnier…

– Nous en avons entendu parler mais le site est situé à l’écart de la ville et nous n’avons pas pu nous y rendre. On affirme que des corps de femmes et d’enfants ont été exhumés ainsi que celui de deux soldats originaires de Homs.

Pourquoi êtes-vous basé à Homs ?

– Il est impossible d’envisager un hébergement à Palmyre. Nous nous y rendons chaque jour en voiture, le trajet dure à peu près trois heures et il y a de nombreux check point. Plus on se rapproche de Palmyre et plus on mesure l’intensité des combats qui s’y sont déroulés, on voit des maisons détruites, des carcasses de véhicules carbonisés. A Homs, qui a été aussi touchée par des combats, certains quartiers de la ville reprennent vie. On voit des gens dans la rue et le matin, des étudiants se regroupent devant l’entrée de l’université.

Avez-vous pu constater des traces de pillage archéologiques à Palmyre ?

– Il y en a eu , c’est certain et nous avons d’ailleurs pu en observer des traces. Les plus nombreuses se trouvent dans la nécropole : les pilleurs pensaient trouver dans les tombes du mobilier funéraire, bijoux, objets décoratifs ou sculptures qui attirent toujours la convoitise des trafiquants. Mais il est encore trop tôt pour mesurer l’étendue de ces pillages.

Vous dites qu’il est difficile de se déplacer à Palmyre, jusque dans le site de la cité antique. Est-ce la raison pour laquelle vous utilisez un drone ?

– Sur les autres projets menés par Iconem, nous utilisons régulièrement des drones. La vision aérienne permet d’obtenir les images complètes et détaillées d’un site. Bien sûr, nous prenons aussi des photographies au sol. Notre travail à Palmyre consiste à procéder à un maximum de relevés, que ce soit dans le musée, dans la Vallée des tombes et sur le site de la cité antique. Nous avons pris des milliers de clichés. Ceux-ci nous permettront d’établir une cartographie précise des sites, et cela afin de pouvoir construire des modèles en 3D qui pourront permettre de mener les futures opérations de restauration.

Iconem est une star-up qui est implantée à Paris. Les relations diplomatiques entre la France et la Syrie sont rompues. Avez-vous eu des contacts avec le gouvernement français ?

– Nous n’en avons eu aucun. Nous sommes ici en Syrie au titre d’une société privée qui travaille en collaboration avec des archéologues et des architectes syriens. Notre mission est identique à celle que nous avons déjà menées dans d’autres pays, que ce soit en Italie, en Afghanistan ou au Pakistan. Il s’agit pour nous de collecter des données, les plus précises possibles, sur des sites archéologiques menacés. Nous sommes des activistes du patrimoine.

Propos recueillis par Bernard Géniès

Patrick Zachmann en 3 photos emblématiques

Voilà plus de trente ans que Patrick Zachmann, photographe pour la prestigieuse agence Magnum, arpente la Chine. Des plateaux de cinéma à la place Tiananmen, des bouleversements urbains aux catastrophes naturelles, il a saisi au fil du temps les transformations fulgurantes de la société de ce pays.

« La Chine est allée trop vite dans ses changements. Les chinois n’arrivent plus vraiment à définir leur identité. La question qui m’a obsédé, c’est comment survivre à de tels bouleversements. Comment les jeunes s’y retrouvent alors qu’ils sont tiraillés entre deux modèles de société et d’économies ? »

A l’occasion de sa rétrospective à la Maison Européenne de la Photographie, le reporter décrypte 3 clichés, pris dans les années 80, depuis la Place Tiananmen, avant le drame, aux bas-fonds de Hong-Kong.

Découvrez aussi le portfolio extrait de son ouvrage « So Long, China » (Editions Xavier Barral), dans « L’Obs », cette semaine.

GRAND FORMAT. La Chine intime de Patrick Zachmann

Pologne : manifestations dans tout le pays pour défendre le droit à l’IVG

Cintres et banderoles en main, quelque trois mille personnes sont venues manifester devant le Parlement polonais contre l’interdiction totale de l’avortement en Pologne proposée par des organisations pro-vie. Si leur loi entre en vigueur, les femmes n’auront plus le choix et seront obligées d’accoucher également en cas de viol, d’inceste, ou malformation du fœtus.

Ce nouveau projet prévoit également des peines encore plus lourdes pour les médecins pratiquant illégalement l’IVG : ces derniers s’exposaient jusqu’ici à une peine maximale de deux ans, qui passerait alors à cinq ans.

Compromis entre l’Eglise et l’Etat

«Ce cintre c’est le symbole de la lutte pour le droit à l’avortement légal», dit Damgara Chmielarz, 23 ans, étudiante. «C’est avec cet objet que les femmes avant la guerre se faisaient avorter, dit-elle. On ne veut pas faire marche arrière». «Le seul but c’est de terroriser les femmes et torturer les femmes», a lancé Natalia Broniarczyk, de «l’Alliance du 8 mars», une des ONG qui a participé à la manifestation sous le mot d’ordre «Regagner le droit de choisir». «On a assez de voir une nouvelle  croisade en Pologne contre des meurtiers et des meurtrières imaginaires de foetus», scandait, de son côté, Kamila Kurylo.

Profitant d’un climat politique favorable, les organisations dites «pro-vie» veulent durcir la loi en vigueur actuellement. Pour la première fois depuis la chute du communisme en Pologne en 1989, les conservateurs ont les pleins pouvoirs. La semaine dernière le chef du parti conservateur Droit et Justice (PiS) Jaroslaw Kaczynski et la Première ministre Beata Szydlo ont exprimé leur soutien au projet, déclenchant un nouveau débat en Pologne sur l’avortement. Une première manifestation a rassemblé il y a une semaines plusieurs milliers de personnes opposés à un durcissement de la loi. «Je veux que les femmes en Pologne aient le droit de choisir. Qu’elles aient le droit à l’IVG libre jusqu’au troisième mois de la grossesse comme dans un pays européen, pour des raisons psychologiques, sociales, matérielles. C’est une norme dans les pays civilisés», dit Marta Wyszynska 40 ans, mère d’une fille de 5 ans.

Après la guerre, sous le communisme, l’avortement était libre d’accès. Sous l’influence de l’Eglise catholique et en grande partie du pape polonais Jean Paul II, il fut interdit en 1993. Il n’est autorisé que dans trois cas : risque pour la vie et la santé de la mère, grave pathologie irréversible chez l’embryon, et grossesse résultant d’un viol ou d’un inceste.

Depuis, aucune force politique, ni en faveur d’un durcissement, ni d’une libéralisation, n’ont modifié ce qu’on appelle un «compromis» entre l’Eglise et l’Etat. «Ce ne fut en aucun cas un compromis, ce fut un accord entre l’Eglise et les partis politiques, les femmes n’ont eu rien à dire, s’indigne Wyszynska. La réalité est que les femmes riches vont à l’étranger pour avorter, et celles qui n’ont pas les moyens le font d’une manière dangereuse pour leur vie».

Selon les estimations des organisations féministes, entre 100 000 et 150 000 femmes procéderaient clandestinement à une IVG chaque année, soit en Pologne, soit à l’étranger. Le nombre d’avortements autorisés en Pologne oscille entre 700 et 1 800 par an. Selon Natalia Broniarczyk, de l’Alliance du 8 mars, «l’interdiction totale de l’avortement ne va pas diminuer leur nombre, mais fera augmenter le nombre de décès et des complications médicales chez les femmes».

Maja ZOLTOWSKA à Varsovie

Loi travail : 120 000 manifestants en France, selon l’Intérieur

Au fil de la journée

• Pour la sixième fois en mois d’un mois, les opposants à la loi El Khomri sur le code du travail sont descendus dans la rue pour manifester. Ils étaient 120 000 selon le le ministère de l’Intérieur, contre 390 000 le 31 mars.

• Plusieurs milliers de personnes ont déjà défilé à Toulouse, Rennes ou encore Strasbourg (lire notre reportage). A Paris, le défilé est parti à 14 heures de République pour rejoindre Nation, où des violences ont éclaté. 26 personnes ont été interpellées.

• Le projet de loi a été modifié ces derniers jours lors de son examen en commission des Affaires sociales de l’Assemblée nationale.

Si le direct ne s’ouvre pas dans votre application, cliquez ici.

(Photo Marc Chaumeil pour Libération, prise à Paris ce samedi)

19:51

Loi travail.

Là-dessus, nous allons fermer ce direct. Nous reviendrons sans doute sur ce qui s’est passé place de la Nation cet après-midi, mais aussi, bien sûr, sur la nouvelle Nuit debout qui s’annonce ce soir à Paris et dans plusieurs villes de France.

19:37

A Paris.

Une photo prise par Marc Chaumeil pour Libération, place de la Nation à Paris, cet après-midi.

19:15

Interpellations.

Le ministère de l’Intérieur indique que 26 personnes ont été interpellées, dont neuf à Paris.

18:51120 000 manifestants en France, selon le ministère de l’Intérieur

Bilan.

Les manifestations contre la loi travail ont réuni samedi environ 120 000 personnes dans toute la France, selon le ministère de l’Intérieur.

Ce dernier recense également 18 000 à 20 000 manifestants à Paris, tandis que les syndicats en ont recensé 110 000 participants.

D’après les autorités, la mobilisation est donc en baisse par rapport aux journées du 9 mars (224 000 manifestants en France selon la police) et du 31 mars (390 000 manifestants selon la police).

18:42

A Paris.

Notre journaliste Cyril Castelliti rapporte que rue du faubourg Saint-Antoine, où il se trouve, demeurent des poubelles renversées et des barrières de chantier récupérées pour former des barricades par les derniers manifestants, qui se sont dispersés. Plusieurs magasins ont baissé leur rideau.

18:29

A Paris.

Les policiers s’approchent du terre-plein central de la place de la Nation, où sont regroupés les derniers manifestants, rapporte notre journaliste Cyril Castelliti, qui signale aussi des échauffourées dans les rues adjacentes à la place de la Nation, où se sont dispersés les manifestants.

18:24

A Paris.

Signalons que de nombreux manifestants, notamment le cortège de la CGT, n’ont pas encore pu arriver sur la place de la Nation.

Des CRS se rapprochent progressivement du centre de la place de la Nation

09.04.16Alexandre Hervaud. @AlexHervaud Suivre

18:22

A Paris.

Place de la Nation, notre journaliste Cyril Castelliti rapporte avoir vu deux manifestants blessés par des grenades : l’un en a pris une assourdissante derrière le crâne (après en avoir ramassé une lacrymogène pour la renvoyer, ce qui a brûlé ses gants). L’autre a pris une grande assourdissante dans l’aisne, ce qui le fait boiter. Tous deux sont soignés par des gens venus avec du matériel médical.

17:55Pour sortir de la place de la Nation, prière de retirer ses signes politiques

A paris.

Sur les réseaux sociaux, de nombreuses personnes dont notre journaliste Alexandre Hervaud rapportent que les CRS, qui barrent également les voies pour sortir de la place de la Nation, exigent que les manifestants qui quittent la place retirent d’abord tous leurs signes politiques.

Un groupe de CRS refuse de faire passer une manifestante si elle n’ote pas le sticker (quadrature du net !) collé à sa veste. Ok

09.04.16Alexandre Hervaud. @AlexHervaud Suivre

17:53

A Paris.

Notre journaliste Cyril Castelliti rapporte des arrestations tous azimuts place de la Nation, où la police continue de mener des assauts. Voici le témoignage que lui a livré une manifestante sur le point de départ des heurts : «Au niveau du kiosque [situé sur la place de la Nation], les policiers ont attrapé un gosse et l’ont traîné derrière le barrage [de CRS], ce qui a entraîné la réponse des manifestants qui ont commencé à canarder le kiosque» avec des projectiles.

17:34

A Paris.

Une photo prise par Marc Chaumeil pour Libération, dans le cortège parisien.

17:28

A Paris.

Les assauts policiers continuent à Paris, où la place de la Nation est régulièrement couverte d’un gaz dont beaucoup de personnes semblent ignorer l’origine.

17:13

A Paris.

Importants tirs de lacrymo. Le vent aide la dispersion du gaz. Il reste encore bcp de manifestants pas arrivés.

09.04.16Alexandre Hervaud. @AlexHervaud Suivre

17:12

A Paris.

Notre journaliste Alexandre Hervaud, qui est aussi place de la Nation à Paris, rapporte qu’une manifestante a été blessée à l’œil.

A Nation, une manifestante blessé à l’oeil évacuée pour être soignée. « La vache, elle a bien pris » lâche un CRS.

09.04.16Alexandre Hervaud. @AlexHervaud Suivre

16:51

A Paris.

Place de la Nation, notre journaliste Cyril Castelliti décrit la situation : les policiers lancent des assauts réguliers, à coups de lacrymos, au cours desquels ceux d’entre eux qui sont en civil tentent d’embarquer des manifestants, mais ces derniers sont si nombreux que la police recule à chaque fois. La situation crée des attroupements.

16:46

A Paris.

Place de la Nation, où arrivent les manifestants, notre journaliste Cyril Castelliti rapporte que des manifestants ont arrosé les CRS de projectiles divers et de fumigènes, faisant reculer ces derniers sous les applaudissements de la foule.

16:36Des blessés à Rennes

Manifs.

A Rennes, des heurts ont fait plusieurs blessés. La préfecture avance que deux CRS ont été blessés, dont un atteint de surdité. Un policier a aussi été touché par un projectile, une bille métallique, lancée contre lui. Les trois hommes ont été hospitalisés.

De son côté, le secrétaire départemental de FO Fabrice Lerestif a fait état auprès de l’AFP de 19 blessés. Il a assuré auprès qu’il se réservait «le droit de porter plainte pour violences policières».

16:24

A Paris.

De notre journaliste Cyril Castelliti : à mesure que l’on approche de la tête de cortège, la présence policière se fait plus impressionnante. Un militant avec un nez de clown distribue des tracts Nuit debout aux CRS. Il dit qu’un CRS a accepté d’en prendre un et que rien que pour cela, il continue.

16:14

Slogan.

Entendu à Paris : «De l’argent, il y en a, dans les caisses du Panama.»

16:08

Nuit debout.

Nuit debout toujours : on vous invite à lire ce reportage à Nice, une ville bien ancrée à droite, où même ses organisateurs se sont étonnés du succès de la Nuit debout organisée hier.

A Nice, le succès d'une «Nuit Debout» qui étonne même ses organisateurs

15:58A la manif de Strasbourg : «Tout le monde sait qu’on ne négocie pas avec les patrons»

«On ne lâche rien».

Quelque 2000 protestataires ont arpenté les rues de la capitale alsacienne, dans un défilé qui s’est terminé à la mi-journée. Notre journaliste Noémie Rousseau était sur place.

A la manif de Strasbourg : «Tout le monde sait qu’on ne négocie pas avec les patrons»

A lire sur Libération.fr

15:37

A Paris.

Oh, tiens du orange à la #manif9avril, avec la CFDT métallurgie

09.04.16Amandine Cailhol. @A_Cailhol Suivre

15:36

A Paris.

« Questions log. & travail liées. Si contrats précaires ce sera encore + dur de se loger », militant DAL #manif9avril

09.04.16Amandine Cailhol. @A_Cailhol Suivre

15:36

A Paris.

Gros moyen, côté ambiance dans les rangs de Sud #manif9avril

09.04.16Amandine Cailhol. @A_Cailhol Suivre

15:35

Loi travail.

A Paris, c’est notre journaliste Amandine Cailhol qui suit le cortège, lequel a démarré de la place de la République vers 14 heures, pour rejoindre celle de la Nation.

Départ du cortège. #manif9avril « Assez de cette société qui n’offre que le chômage et la précarité » #Paris

09.04.16Amandine Cailhol. @A_Cailhol Suivre

15:34

Loi travail.

Le projet de loi a été modifié ces derniers jours lors de son examen en commission des Affaires sociales de l’Assemblée nationale.

15:34

Loi travail.

Et hop, on ouvre ce direct pour suivre les manifestations d’aujourd’hui contre la loi El Khomri. Pour la sixième fois en mois d’un mois, les opposants à la loi descendent dans la rue pour manifester. Plus de 200 rassemblements et manifestations ont lieu à travers la France.

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