A Berlin, comment Silvio S., 32 ans, a tué Mohamed, 4 ans

Tous les Berlinois ont vu cette affiche en octobre : le portrait d’un petit garçon brun aux grands yeux, un Bosniaque de 4 ans, avec cette question : «Qui a vu Mohamed Januzi ?»

L’enfant a disparu le 1er octobre devant le Lageso, le principal centre d’accueil et d’enregistrement des réfugiés de la capitale allemande, entre 12 et 13 heures. Depuis jeudi après-midi, un livre de condoléances a été mis à disposition devant le centre. Les Berlinois y inscrivent leurs noms et déposent des fleurs autour. Mohamed est mort. Et pour de nombreux citoyens, politiques et activistes, l’administration de la ville devrait assumer une part de responsabilité dans ce tragique événement.

16h30, 1er octobre, la disparition

Le 1er octobre, Mohamed Januzi attendait avec sa mère devant le Lageso, comme 4 000 autres demandeurs d’asile chaque jour. Trop de monde et trop peu de personnel… Le centre d’accueil et d’enregistrement est débordé et d’interminables files se créent devant ses portes, dans des conditions sanitaires déplorables. Pour les nouveaux arrivants, l’attente, simplement pour se faire enregistrer, peut durer cinquante-sept jours.

Arrivée de Bosnie, la famille Januzi est, elle, en Allemagne depuis un an. Ce jour-là, Mme Januzi a rendez-vous pour un entretien de conseil. Mais à 16h30, elle informe la police : le petit Mohamed a disparu. A Berlin, la fièvre de la recherche de l’enfant commence.

Le 2 octobre, des affiches sont accrochées autour du site du Lageso, puis dans le Moabit, un quartier central qui jouxte la gare principale, et enfin dans la ville entière. De ses grands yeux et sa frange biscornue, le petit garçon regarde les Berlinois de tous les coins de la ville.

L’administration mise en cause

La police reçoit de premières indications. Mais aucune trace de Mohamed. Le 10 octobre, elle diffuse une courte vidéo, enregistrée le 1er octobre, jour de la disparition, à 14h40. Elle montre un homme avec des lunettes, une barbe, un chandail en laine et un jean. Il tient Mohamed par la main.

La police se concentre sur la zone autour du Lageso, où un chien renifleur a trouvé une trace éventuelle. Les policiers perquisitionnent dans les arrière-cours, les caves, les greniers. Ils interrogent des habitants et les propriétaires de cafés et de boutiques. Une récompense de 20 000 euros est offerte pour des renseignements. La police reçoit plus de 350 informations.

Toute la ville parle de la disparition. Beaucoup de politiques s’expriment, se déclarant consternés. Certains accusent l’administration du Lageso. Christian Hanke, le maire de l’arrondissement Mitte, où se trouve le bureau pour les réfugiés, affirme que la situation confuse devant le Lageso a favorisé l’enlèvement de l’enfant. «Une femme qui attend toute la journée dans une queue ne peut pas surveiller ses enfants tout le temps», dit Hanke. Bettina Jarasch, présidente des Verts de Berlin, est elle aussi critique : «Ce qui me dérange, c’est que la situation chaotique au Lageso a facilité un enlèvement.»

Le tueur présumé reconnu par sa mère

La police continue de chercher, mais pendant deux semaines, il n’y a aucun progrès. Puis, ce mardi, rebondissement : la police publie une photo, prise le 1er octobre, à 13h30, par une caméra d’un magasin d’une rue située à 600 mètres du Lageso. Sur la photo : l’homme de la vidéo – sans Mohamed.

90 kilomètres plus au sud, à Niedergörsdorf, une commune de 6 000 habitants, une mère reconnaît son fils de 32 ans sur la photo. Il vit avec elle. Elle lui demande des explications. Mercredi soir, il lui avoue l’homicide. Sa mère appelle la police jeudi matin.

Pendant que la police l’interroge chez elle, le fils arrive en voiture et s’arrête devant la porte. Dans son coffre, les policiers trouvent une bassine, avec le corps de l’enfant, couvert de litière pour chat. Le fils, identifié comme Silvio S., n’oppose aucune résistance à son arrestation.

La nouvelle se propage rapidement sur le site du Lageso et dans tout Berlin. Jeudi après-midi, des activistes et des réfugiés expriments leurs condoléances en respectant une minute de silence pour Mohamed. On s’interroge : y a-t-il un mobile raciste ?

Un deuxième meurtre avoué

Vendredi matin, lors d’un interrogatoire, le suspect avoue qu’il a violé et tué Mohamed, le 2 octobre, un jour après l’enlèvement. Et il avoue un autre meurtre sexuel : celui d’Elias, un garçon de 6 ans disparu cet été à Potsdam, près de Berlin. Le 8 juillet à 17h30, Elias avait dit «à tout à l’heure !» à sa mère, devant leur maison dans le quartier résidentiel Schlaatz de la capitale du Brandebourg, pour aller au terrain de jeux. A 18h45, elle veut l’y récupérer pour le dîner. Mais Elias n’y est plus. Malgré des recherches sans précédent, il n’a pas été retrouvé.

Selon les déclarations de son meurtrier présumé, Elias est enterré dans un site de jardins familiaux à Luckenwalde, près de Berlin. La police y effectue actuellement des recherches, et tente de savoir s’il peut y avoir d’autres victimes.

Fabian Federl

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