La vie en rose ? Le stand le plus flashy de Paris photo est, sans aucun doute, celui de Suzanne Tarasieve. On pouvait s’en douter. La galeriste n’allait pas céder à l’esprit désincarné et mélancolique de notre temps !
Juergen Teller, Kanye, Juegen and Kim, N°.70, Château d’Ambleville, Paris, 2015 C-type 182,88 x 274,32 cm
En plaçant sous l’égide du film de Claude Sautet Les choses de la vie, sa participation à la plus prestigieuse foire mondiale de photographie, Suzanne Tarasieve se met véritablement en scène avec un texte de présentation bouleversant, à l’image de sa vie et des œuvres qu’elle défend.
Un éloge de la vie
On ne sera donc pas étonné par le choix des photographes qu’elle présente. Tous sont très éloignés d’une esthétique contemplative et soporifique ! Ils témoignent au contraire d’une vie intense aux confins, parfois, du sordide et de l’abject.
Que ce soient pour Delphine Balley, Stanislas Guigui, Jeffrey Silverthorne, Boris Mikhaïlov ou Juergen Teller, la photographie implique pleinement le corps dans tous ses états.
Stanislas Guigui Prostituée Bogota, 2015 Tirage pigmentaires, papier Baruyta, Hahnemühle 350 g, 85 x 58 cm
Ces photographies de transsexuels, de prostitués ou de masochistes, etc. ne sont en rien la manifestation morbide d’une existence épuisée et perverse. Elles semblent, bien plus, l’expression d’une affirmation de la vie, y compris dans ses formes les plus infâmes ! A l’instar du programme deleuzien d’une existence artiste, il s’agit encore d’ouvrir et d’expérimenter de nouvelles formes de vie, fût-ce au prix de la maladie ou de l’épuisement, de la perversion, de la drogue ou du jeûne, de la trahison ou de l’infamie.
Esthétique du «So far»
On ne trouvera donc pas chez Suzanne Tarasieve une photographie dominée par le référent barthien du «ça-a-été», mais plutôt un éloge du «So far» : Jusque là ça va … Poursuivons, la vie !
« L’accident. Celui dont on échappe et qui transforme une vie. C’est l’histoire de Suzanne Tarasieve. Celle d’un combat mené seule pour survivre au sortir de l’adolescence. Depuis, la vie est un cadeau, une grande fête que l’on doit célébrer tous les jours.
Ces moments où tout peut basculer, elle les donne à voir dans toute leur noirceur, leur violence et leur extravagance.
Avec les artistes dont elle partage l’engagement pour exister et dénoncer, Suzanne Tarasieve a sélectionné des séquence de vie où la tragédie rime avec la comédie. Chez Delphine Balley, la lecture de faits divers est prétexte à des mises en scène théâtrales et poétiques.
Delphine Balley La réunion de famille. Série «L’album de famille», 2007 Photographie à la chambre, 107 x 130 cm
Pour Stanislas Guigui, la rencontre avec les prostituées de Bogota donne lieu à des clairs obscurs vertigineux et chaotiques. Boris Mikhaïlov exprime la violence de la naissance et se représente dans un simulacre de dérision sur l’angoisse de la mort. Avec Jeffrey Silverthorne, on plonge dans le monde de la nuit, des travesti et du morbide.
Jeffrey Silverthorne
Juergen Teller aborde la question de la représentation du corps dans tous ses paradoxes. Ces photographes ont tous en commun une approche frontale et sans condition humaine.«
Béatrice Andrieux
Suzanne Tarasieve préparant le stand C37 à Paris Photo
PARIS PHOTO
12 – 15 NOV. 2015 Suzanne Tarasieve Stand / Booth C37 — Les choses de la vie
DELPHINE BALLEY STANISLAS GUIGUI BORIS MIKHAÏLOV JEFFREY SILVERTHORNE JUERGEN TELLER
PARIS PHOTO – GRAND PALAIS : Avenue Winston Churchill, 75008 Paris + info
Site de Paris Photo
Site de la galerie Suzanne Tarasieve