« Saint Amour » : Depardieu et Poelvoorde trinquent au Salon de l’Agriculture

Pour donner à son taureau le noble nom de Nabuchodonosor, il faut aimer les bouteilles. Sinon les grandes bouteilles, du moins les bouteilles grandes, celles qui contiennent beaucoup (15 litres, en l’espèce). Toujours est-il que Jean amène Nabuchodonosor à Paris, au Salon de l’Agriculture, et que son fils, Bruno, les accompagne. Bruno qui, chaque année, passe de l’Alsace à la Bourgogne, du Rhône à la Loire et au Languedoc sans quitter le Salon. Il s’arrête en effet à chaque stand pour faire honneur aux produits locaux. Sauf que, cette fois-ci, la route des vins, ils vont la suivre dans le taxi de l’imprévisible Mike (Vincent Lacoste), et elle se révélera pentue, comme le gosier des lascars.

Jean, c’est Depardieu, chemise à carreaux, toque blanche et bonbonne en avant, et Bruno, qui trime toute l’année, écrasé par le paternel, c’est Poelvoorde. Si Bruno n’a pas trouvé encore la femme de sa vie, qu’il cherche sans y croire vraiment, le premier a perdu la sienne, mais il lui parle pourtant, laissant sur son téléphone portable des messages que, de l’au-delà où elle se trouve désormais, elle entendra peut-être.

Depardieu tel qu’en lui-même

Jolie idée dans un film qui en compte pas mal d’autres et que traversent des personnages comme seuls Delépine et Kervern savent les dessiner. Au premier rang desquels on placera un propriétaire de gîte incarné par Michel Houellebecq : la visite des lieux et les explications qu’elle suscite de sa part forment une scène qui mérite la citation. En chemin ils rencontrent aussi une belle cavalière prénommée Vénus à laquelle Céline Sallette prête son allure et sa grande maîtrise, une jeune serveuse de restaurant qui ne se la raconte pas… enfin que des gens sympathiques, du moins presque.

C’est ainsi que Delépine et Kervern continuent de faire souffler sur le cinéma français un vent de fraîcheur qui tranche et qui taille. Alors, peu importe si, par instants, leur « Saint Amour » sent vaguement le bouchon, leur cinéma a du cœur, des tripes et de la cuisse. Et puis, de même qu’entre le père et le fils le passage de témoin est réalisé, entre Depardieu et Poelvoorde le basculement s’opère, qui offre au premier nommé de se montrer réellement tel qu’en lui-même, aussi grand qu’il l’est toujours, mais également touchant et profondément attachant.

Pascal Mérigeau

« Saint Amour« , par Benoît Delépine et Gustave Kervern. Comédie française, avec Gérard Depardieu, Benoît Poelvoorde, Vincent Lacoste, Céline Sallette, Michel Houellebecq (1h41).

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