2015, «année ambivalente» pour la peine de mort

Tous les ans, le rapport d’Amnesty international fait le point sur l’état de la peine de mort dans le monde. Et 2015 est «une année ambivalente», selon Anne Denis, responsable de la commission Abolition de la peine de mort chez Amnesty: hausse record du nombre d’exécutions, mais dans le même temps, augmentation du nombre de pays abolitionnistes.

1634 exécutions dans 25 pays

C’est une année record: 2015 a enregistré le plus d’exécutions depuis 1989. Amnesty International énonce le chiffre de 1634 exécutions dans 25 pays, soit une hausse de 54% par rapport à l’année dernière, et cela sans compter les exécutions en Chine où ces chiffres sont considérés comme secret d’Etat (comme au Belarus ou au Vietnam). Pour la Chine, Amnesty estime à plus d’un millier le nombre d’exécutions.

La mort par pendaison, majoritairement publique, est la méthode la plus répandue sur l’ensemble de la planète et notamment en Iran, au Pakistan, en Irak et au Bangladesh. La décapitation reste, quant à elle, la méthode privilégiée du royaume Saoudien. La Somalie, le Tchad et l’Indonésie, entre autres, ont recours au peloton d’exécution. L’injection létale est principalement utilisée en Chine, au Vietnam et aux Etats-Unis. Ces derniers connaissent toujours d’importantes difficultés à se fournir en barbituriques.

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Trois pays concentrent 89% des exécutions

Autre chiffre marquant, la concentration de ces exécutions: trois pays sont responsables à eux seuls de 89% des mises à mort sur l’année 2015. L’Iran, qui comptabilise plus de 977 exécutions, soit une hausse de 31% par rapport à l’année 2014. L’Arabie Saoudite du roi Salmane, qui a également augmenté son rendement en 2015 avec plus de 158 exécutions (+76% par rapport à 2014). Le Pakistan, qui avait annoncé le 17 décembre 2014 la levée de son moratoire de 6 ans sur la peine de mort, a rattrapé son retard en exécutant au moins 326 personnes sur l’année 2015. C’est le taux d’exécution le plus haut jamais enregistré dans le pays.

Six pays ont quant à eux choisi de recourir à nouveau aux exécutions: le Bangladesh, l’Inde, l’Indonésie, Oman, le Soudan du Sud et le Tchad. L’adoption de récentes lois antiterroristes a remis l’exécution des condamnés au centre du processus pénal comme moyen de disuasion.

Quatre pays ont aboli la peine de mort en 2015

D’après Anne Denis, «le mouvement général tend vers l’abolition.» Les îles Fidji, Madagascar, la République Démocratique du Congo et le Suriname ont aboli la peine capitale pour tous les crimes l’an dernier. Le rapport d’Amnesty révèle une tendance globalement encourageante vers l’abolition universelle de la peine de mort: 102 pays ne la comptent plus dans leur arsenal législatif, soit plus de la moitié des pays du monde.

D’autres pays y ont moins recours. Les Etats-Unis, par exemple, sont passés de 72 exécutions en 2014 à 52 en 2015, avec seulement deux exécutions dans l’Etat du Texas. «L’opinion publique américaine est de moins en moins persuadée de l’effet dissuasif de la peine de mort sur la criminalité, affirme Anne Denis. Les Etats où le taux de criminalité est le plus important sont ceux qui pratiquent encore la peine de mort. De plus en plus de juges évoquent des condamnations injustes et discriminatoires, et rappellent le coût exorbitant de la peine capitale».

Charles Delouche

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