La personnalité de 10 écrivains révélée par un super-ordinateur

« Vous êtes astucieux, sincère et tranquille. » Le super-ordinateur Watson, qui a battu des humains au jeu Jeopardy, s’est lancé dans l’analyse de ma personnalité. Ou plutôt de ce qu’il en ressort d’après un texte que j’avais écrit.

La machine conçue par IBM propose en effet à n’importe quel internaute de décrypter sa personnalité à partir de quelques lignes (minimum 100 mots) rédigées en anglais ou en espagnol. Le résultat est amusant, surtout parce qu’il livre le détail chiffré de chaque aspect de la personnalité de l’auteur. Amusant mais pas forcément très convaincant.

Watson me voit comme franc (à 93%), à la recherche de la réussite (89%), dans un désir d’amélioration (98%). En revanche, je ne serais absolument pas modeste (2%), et encore moins altruiste (1%). Pour dresser ce portrait, Watson s’est basé sur un e-mail de 260 mots envoyés à un correspondant américain dans le cadre d’une interview. La documentation précise néanmoins qu’il vaut mieux donner à l’ordinateur un texte de 3.500 mots, voire de 6.000, pour que cette « analyse linguistique » déduise au mieux « les caractéristiques cognitives et sociales » de l’auteur.

Plus que de se tester soi-même, le programme de Watson se révèle particulièrement intéressant pour découvrir la personnalité des autres. Evidemment, les résultats sont à prendre avec des pincettes, mais voilà l’outil ultime du « stalker », c’est-à-dire celui qui traque la présence en ligne d’une cible (parfois jusqu’à l’extrême).

Après les collègues et les CV, je me suis lancé dans l’analyse des auteurs français : 10 écrivains incontournables sont passés à la moulinette du programme. Les personnalités s’avèrent diverses et variées, donnant un aspect nouveau aux oeuvres.

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# Les empathiques

« L’Etranger » révèle étonnamment un Albert Camus « sentimental » et « empathique » (ce qui ne colle pas au personnage de « l’Etranger »), mais aussi « difficile à embarrasser » et « relativement indifférent à l’indépendance et la réussite ».



La personnalité d’Albert Camus, calculée à partir du premier chapitre de « L’Etranger » (LIDO/SIPA/Capture d’écran)

Il se rapproche ainsi de Gustave Flaubert qui, avec « Madame Bovary », apparaît comme « généreux et expressif », mais également « empathique » et faisant facilement « confiance ». Une sorte de naïveté bien loin du réalisme de son écriture…



La personnalité de Gustave Flaubert, calculée à partir du premier chapitre de « Germinal » (GOLDNER/SIPA/Capture d’écran)

# Les prétentieux

Selon Watson, Gustave Flaubert a une personnalité opposée à Molière, dont « le Bourgeois Gentilhomme » met en lumière un homme « social », d’où son attrait pour la comédie. C’est également quelqu’un « avec une haute estime de [lui-]même ».



La personnalité de Molière, calculée à partir de la première scène du « Bourgeois Gentilhomme » (Flickr/Skara kommun/Capture d’écran)

Pierre Corneille affiche plus de mesure. « Le Cid » révèle une personnalité « sociale » mais « sans prétention », malgré des « choix entraînés par un désir de prestige ». Sur ce point, il a été comblé.



La personnalité de Pierre Corneille, calculée à partir de la première scène du « Cid » (ABECASIS/SIPA/Capture d’écran)

# Les confiants

Pour Voltaire, c’est son tempérament « calme » qui ressort. « Candide » le présente comme « sincère et confiant », mais aussi capable de « gérer des événements inattendus calmement et efficacement ». De quoi donner une nouvelle lecture des grands combats du philosophe des Lumières.



La personnalité de Voltaire, calculée à partir de la première scène de « Candide » (AFP/Capture d’écran)

Cette personnalité se rapproche de celle d’Emile Zola, dont « Germinal » le dépeint comme « calme sous la pression » et « confiant ». Il a également « un désir de bien-être », qui s’illustre par sa maison de campagne à Médan.



La personnalité d’Emile Zola, calculée à partir du premier chapitre de « Germinal » (GOLDNER/SIPA/Capture d’écran)

# Les insensibles

Watson désigne également les « insensibles ». Premier d’entre eux : Jules Verne, que « 20.000 lieues sous les mers » présente comme « sceptique » et « philosophe », et « avec une imagination débordante ». Un point sur lequel le super-ordinateur ne se trompe pas.



La personnalité de Jules Verne, calculée à partir du premier chapitre de « 20.000 lieues sous les mers » (LASKI/SIPA/Capture d’écran)

Stendhal aussi apparaît comme « un peu insensible et sceptique », avec « le Rouge et le noir ». L’auteur est « sûr de lui, » également « philosophe » et attiré par « les expériences qui donnent un sentiment de bien-être ». Idée à rapprocher du beylisme, cette recherche du bonheur caractéristique des héros de l’auteur romantique.



La personnalité de Stendhal, calculée à partir du premier chapitre du « Rouge et le noir » (GOLDNER/SIPA/Capture d’écran)

De quoi le rapprocher de Jean-Paul Sartre. Sa nouvelle « Huis clos » le dépeint comme un homme « sincère, un peu insensible et sceptique ». Néanmoins, il est un « philosophe ouvert aux idées nouvelles », ce qui s’illustre dans ses travaux sur l’existentialisme, cette doctrine qui met l’accent sur le vécu plutôt que sur l’être.



La personnalité de Jean-Paul Sartre, calculée à partir du premier chapitre de « Huis Clos » (RUDLING/SIPA/Capture d’écran)

# Le strict

Enfin, Victor Hugo se révèle, avec « Notre-Dame de Paris », comme « strict et un peu insensible ». Lui aussi « philosophe », il est « sûr de [lui] » et « calme sous la pression ». Sa barbe certainement..



La personnalité de Jean-Paul Sartre, calculée à partir du premier chapitre de « Notre-Dame de Paris » (SEGUIN/SIPA/Capture d’écran)

Boris Manenti

Pour analyser votre personnalité ou stalker celle de quelqu’un d’autre, il suffit d’ajouter un texte en anglais ou en espagnol dans la fenêtre ci-dessous :

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