A Hanovre, Obama attendu de pied ferme par les opposants au libre-échange

Le président américain Barack Obama, le 14 mars 2016 à Washington
Le président américain Barack Obama, le 14 mars 2016 à Washington

Les opposants au projet d’accord de libre-échange transatlantique comptent manifester par milliers samedi à Hanovre, dans le nord de l’Allemagne, à la veille de l’arrivée du président américain Barack Obama, qui a fait du sujet une de ses priorités.

La venue de M. Obama, qui inaugurera dimanche la foire industrielle de Hanovre, où les entreprises américaines auront la part belle, et rencontrera la chancelière Angela Merkel, est censée donner une nouvelle impulsion aux négociations sur le plus grand accord commercial de ce type au monde, à un moment où elles sont mal engagées.

M. Obama a une nouvelle fois défendu le projet de traité dans une interview au quotidien allemand Bild. Cet accord de libre-échange « est un des meilleurs chemins pour promouvoir la croissance et créer de l’emploi », il va « renforcer le commerce et créer des emplois aux Etats-Unis et dans l’Union européenne », a-t-il déclaré.

« Nous ne manifestons pas contre Obama, mais contre le TTIP », acronyme de l’accord de libre-échange, également appelé Tafta, qui est en négociation entre l’Union européenne et les Etats-Unis, affirme un des initiateurs de la manifestation, Christoph Bautz, de l’ONG Campact.

Néanmoins, c’est bien la venue du président américain, dans le sillage de sa visite en Grande-Bretagne, qui est à l’origine du rassemblement, dans un pays où les opposants aux accords de libre-échange sont particulièrement mobilisés: entre 150.000 et 250.000 personnes, selon les décomptes, avaient défilé en octobre à Berlin.

– Des dizaines de milliers de manifestants attendus –

Cette fois-ci, ce sont des « dizaines de milliers » de contestataires, selon les organisateurs, qui devraient se rassembler à partir de la mi-journée dans le centre de Hanovre.

« Véritable offense à la société civile », « menace pour la démocratie », « mise en danger des standards sociaux et écologiques », « profondément anti-américain et anti-européen », les ONG et syndicats n’ont pas de mots assez forts pour définir le danger qu’ils voient dans un tel accord de libéralisation.

Un nouveau cycle de négociations sur le TTIP doit justement débuter lundi à New York, le 13e depuis 2013, et le sujet sera un des thèmes majeurs discutés par Barack Obama et Angela Merkel dimanche.

« La chancelière va redire que notre objectif est de boucler les négociations d’ici la fin de cette année », a déclaré vendredi son porte-parole Steffen Seibert, l’Allemagne considérant qu’un « accord ambitieux » est un « projet central » dans les relations transatlantiques.

Les milieux économiques allemands très tournés vers l’exportation poussent en ce sens, la Fédération de l’Industrie assurant qu’il y aura « plus de gagnants que de perdants ». Et le Premier ministre britannique David Cameron a assuré vendredi que le TTIP « ferait gagner des milliards à nos économies ».

– Les opinions sceptiques –

Mais le scepticisme enfle du côté de la société civile, avec en point de mire la crainte d’un nivellement par le bas des standards sanitaires et de sécurité: seuls 17% des Allemands et 15% des Américains pensent que l’accord TTIP est « une bonne chose », contre plus de 50% en 2014, selon un sondage de la fondation Bertelsmann.

Le président Barack Obama a fait du libre-échange le coeur de sa politique économique, mais le sujet a perdu la cote aux Etats-Unis, où il est associé par beaucoup aux pertes d’emplois liées à la mondialisation. Et les prétendants à sa succession actuellement en campagne sont la plupart très critiques.

Le secrétaire américain au Commerce Michael Froman a mis en garde dans le quotidien allemand Handelsblatt: si un accord ne peut être conclu cette année, « il y aura une très grande incertitude sur notre capacité à jamais y arriver ».

L’arrivée à son terme du mandat présidentiel de Barack Obama « fournit une bonne opportunité » d’avancer jusqu’à un point où « les négociations seront plus solidifiées qu’elles ne le sont aujourd’hui », a néanmoins assuré récemment le secrétaire américain à l’Agriculture, Tom Vilsack.

S’il est bien peu probable qu’un accord complet soit trouvé d’ici à l’élection présidentielle américaine en novembre, Angela Merkel s’accroche à l’idée d’en dégager « les grandes lignes » tant que Barack Obama est en poste.

Mais au vu des difficultés du TTIP, Barack Obama pourrait plutôt se concentrer sur un autre objectif: la ratification en cours du Partenariat Trans-Pacifique, un traité de libre-échange entre les zones Asie-Pacifique et Amérique.

23/04/2016 05:14:49 – Hanovre (Allemagne) (AFP) – © 2016 AFP

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