Afrique du Sud: feu vert pour une action collective de dizaines de milliers de mineurs malades

Un mineur à l'oeuvre sur une mine d'or abandonnée à Springs, en Afrique du Sud, le 2 octobre 2015
Un mineur à l’oeuvre sur une mine d’or abandonnée à Springs, en Afrique du Sud, le 2 octobre 2015

Des dizaines de milliers de mineurs d’or atteints de silicose vont pouvoir poursuivre en Afrique du Sud des compagnies minières dans le cadre d’une action collective, une décision de justice prise vendredi qui ouvre la voie à d’éventuels dédommagements de centaines de millions de dollars.

Saisie par 56 anciens mineurs désirant lancer une action collective, la justice sud-africaine a estimé que les plaignants n’avaient pas les moyens de poursuivre leurs employeurs à titre individuel.

« Nous considérons que dans le contexte de cette affaire, une action de groupe est la seule option réaliste », a déclaré le juge Phineas Mojapelo devant la Haute Cour de Johannesburg.

Les mineurs malades affirment avoir contracté la silicose en travaillant pendant des années dans des conditions dangereuses.

La silicose, surnommée « le mal des mineurs », est provoquée par l’inhalation de poussières de silice, notamment lors du forage de roches. Elle peut rester dormante pendant plusieurs années avant d’affecter les poumons de manière irréversible. Le seul traitement connu est la transplantation pulmonaire. Elle est cependant évitable, en portant notamment des équipements de protection adaptés.

« L’industrie de l’or a abandonné des dizaines de milliers, voire des centaines de milliers de travailleurs qui ont contracté la silicose, une maladie débilitante et incurable, ainsi que la tuberculose », a affirmé le juge.

Le nombre de personnes susceptibles de participer à cette action collective est de « 17.000 à 500.000 », a-t-il estimé.

La décision du tribunal leur permet de poursuivre une trentaine de sociétés, dont AngloGold Ashanti, Anglo American, Harmony et Gold Fields, pour obtenir des dommages et intérêts.

Ces mineurs, qui ont travaillé dans des mines d’or sud-africaines à compter de 1965, sont originaires d’Afrique du Sud mais aussi du Lesotho, du Swaziland ou encore du Malawi. Nombre d’entre eux sont actuellement à la retraite, ont dû cesser leur activité après avoir contracté la maladie ou sont décédés. Leurs familles pourront se joindre à l’action collective qui pourrait être la plus importante de l’histoire sud-africaine.

– ‘Immense victoire’ –

La décision « historique » du tribunal représente « une immense victoire », s’est félicité un des avocats des plaignants, Charles Abrahams. « Pendant des générations, des mineurs d’or ont croupi dans les mines et leur détresse n’a jamais été prise en compte jusqu’à aujourd’hui », a-t-il ajouté sur les marches du tribunal, reconnaissant cependant que la procédure serait longue.

Un secouriste lors d'un exercice à Carletonville, en Afrique du Sud, le 11 mai 2016 © MUJAHID SAFODIEN AFP/ArchivesUn secouriste lors d'un exercice à Carletonville, en Afrique du Sud, le 11 mai 2016 © MUJAHID SAFODIEN AFP/Archives
Un secouriste lors d’un exercice à Carletonville, en Afrique du Sud, le 11 mai 2016 © MUJAHID SAFODIEN AFP/Archives

Un ancien mineur sud-africain, Vuyani Bwadube, qui a été licencié en 1995, a expliqué à la presse avoir commencé à être malade alors qu’il travaillait encore. « Les sociétés n’ont pas de temps à nous accorder. Même aujourd’hui, elles s’en fichent », a-t-il affirmé. « Le jugement d’aujourd’hui est bienvenu (…). On a atteint un point de non-retour. On va gagner », a-t-il prédit.

Dans un bref communiqué commun, six compagnies concernées, dont AngloGold Ashanti, Anglo American et Harmony, ont expliqué « étudier le jugement ».

« Il revient à chaque compagnie de décider de faire appel ou non », ajoute le texte, estimant que la décision du tribunal de Johannesburg ne « constitue pas un avis sur le bien-fondé » de la plainte déposée par les anciens mineurs.

Le taux de prévalence de silicose dans les mines d’or sud-africaines est un des plus élevés dans le monde, estimé entre 22 et 36%, selon plusieurs études.

La silicose a de graves conséquences de santé publique pour toute l’Afrique australe car elle crée un terrain propice à la propagation de la tuberculose.

En mars, dans une autre affaire, d’anciens mineurs atteints de silicose et leurs familles avaient obtenu la création d’un fonds de compensation de 30 millions de dollars par les géants Anglo American South Africa et AngloGold Ashanti. Cet accord qui a été obtenu à l’amiable pourrait concerner plusieurs milliers de personnes.

13/05/2016 13:43:00 – Johannesburg (AFP) – © 2016 AFP

About the author

A propos

FRANCE MEETINGS EST UN PETIT BLOG SANS PRÉTENTION SUR LE BEAU PAYS QU'EST LA FRANCE. C'EST DE L'ACTU, DE LA CULTURE, DE LA POLITIQUE, DE L'ECONOMIE... TOUT SUR LA FRANCE.