Guyane: après la mobilisation, tentative de dialogue avec le gouvernement

Guyane: après la mobilisation, tentative de dialogue avec le gouvernement
Guyane: après la mobilisation, tentative de dialogue avec le gouvernement©AFP/ Simon MALFATTO, Laurence SAUBADU AFP

Les négociations entre un collectif de Guyanais et les ministres Matthias Fekl et Ericka Bareigts, qui visent à sortir la Guyane de plus de dix jours de conflit social, se sont arrêtées jeudi quelques minutes à peine après avoir commencé, a constaté un journaliste de l’AFP.

Les ministres de l’Intérieur Matthias Fekl et des Outre-mer Ericka Bareigts avaient entamé jeudi matin leurs discussions avec les leaders de la mobilisation en Guyane, très déterminés à obtenir les moyens de faire enfin « décoller » le territoire après le succès des manifestations des derniers jours.

Mais alors que les médias n’avaient pas été conviés aux discussions, le collectif portant les revendications a décidé, moins d’une demi-heure après le début de la rencontre, que « ça ne pouvait pas se passer comme ça pour des questions de transparence », a déclaré l’un de ses membres, le représentant du Medef local, Stéphane Lambert, à l’AFP.

Les ministres de l'Intérieur Matthias Fekl et des Outre-mer Ericka Bareigts lors de leur conférence de presse, le 29 mars 2017 à Cayenne © jody amiet AFPLes ministres de l'Intérieur Matthias Fekl et des Outre-mer Ericka Bareigts lors de leur conférence de presse, le 29 mars 2017 à Cayenne © jody amiet AFP
Les ministres de l’Intérieur Matthias Fekl et des Outre-mer Ericka Bareigts lors de leur conférence de presse, le 29 mars 2017 à Cayenne © jody amiet AFP

La vingtaine de négociateurs issus de la société civile guyanaise sont alors sortis de la préfecture, où les discussions se tenaient. Ils faisaient face à 11H30 locales (16H30 à Paris) à des centaines de manifestants venus les soutenir, qui s’affirment « dé-ter-mi-nés ».

La rencontre avait débuté dans une ambiance électrique et sous une pluie battante, avec 1H30 de retard.

Alors qu’elle devait commencer à 09H00 locales, le collectif des « 500 frères », soutenu par des centaines de manifestants, avait d’abord exigé, et obtenu, le retrait du dispositif de sécurité érigé face à la préfecture, menaçant de se retirer des discussions.

Le collectif des "500 Frères contre la délinquance" et celui portant les revendications annoncent au balcon de la préfecture de Cayenne l'interruption des négociations, le 30 mars 2017 © jody amiet AFPLe collectif des "500 Frères contre la délinquance" et celui portant les revendications annoncent au balcon de la préfecture de Cayenne l'interruption des négociations, le 30 mars 2017 © jody amiet AFP
Le collectif des « 500 Frères contre la délinquance » et celui portant les revendications annoncent au balcon de la préfecture de Cayenne l’interruption des négociations, le 30 mars 2017 © jody amiet AFP

« Le combat ne fait que commencer », avait prévenu mercredi soir Mickaël Mansé, un porte-parole des « 500 frères », mouvement très actif depuis le début du conflit il y a dix jours.

« Quel que soit le gouvernement » qui sortira des élections, « ils nous doivent les infrastructures que tous les autres départements français ont ! », a asséné M. Mansé devant des centaines de personnes réunies sur un rond-point de Cayenne, qui scandaient, dans une ambiance festive, « nou bon ké sa » – « ça suffit » en créole.

Et M. Mansé, très remonté contre Paris, de lister les besoins de la Guyane en termes de prison, de justice et de police.

Une partie de leurs requêtes a déjà été validée par l’exécutif. Mercredi, le Premier ministre Bernard Cazeneuve a acté la création d’un Tribunal de grande instance et d’un centre pénitentiaire à Saint-Laurent du Maroni, la deuxième ville du territoire, ainsi que la suspension de la cession du centre médical de Kourou.

Guyane, un territoire en crise © Simon MALFATTO, Laurence SAUBADU AFPGuyane, un territoire en crise © Simon MALFATTO, Laurence SAUBADU AFP
Guyane, un territoire en crise © Simon MALFATTO, Laurence SAUBADU AFP

Le préfet Jean-François Cordet, qui pilote une mission de hauts fonctionnaires envoyée par Paris, active depuis samedi en Guyane, avait annoncé lundi le renfort de « 25 policiers, 23 gendarmes », ou « la fidélisation d’un escadron de gendarmes mobiles à Cayenne ».

Ericka Bareigts et la ministre de la Santé Marisol Touraine ont validé mercredi une aide de fonctionnement exceptionnelle de 20 millions d’euros à l’hôpital de Cayenne, en difficulté financière.

La tâche s’annonce malgré tout ardue pour les deux représentants du gouvernement, arrivés mercredi soir à Cayenne, et qui ont immédiatement affiché un esprit de « compréhension » pour « les difficultés » qu’affronte la Guyane, selon Matthias Fekl.

« Construire l’avenir »

« Nous sommes là pour écouter, pour avancer avec des solutions concrètes », a dit M. Fekl, prêt à rencontrer tous ceux qui veulent « sereinement construire l’avenir de la Guyane ».

A ses côtés, Ericka Bareigts a appelé à « maintenir la perspective » et « dresser les espérances » « au-delà des échéances électorales », en cherchant des solutions à « dix ou quinze ans ».

Selon le site du quotidien Les Échos mercredi, les ministres « seraient en mesure de poser sur la table des négociations un pacte de développement de la Guyane de 4 milliards sur un peu moins de 10 ans ». Des informations aussitôt démenties par Matignon.

Les ministres ne sont partis avec « aucune enveloppe prédéterminée. On ne travaille pas comme ça. On travaille avec les acteurs à des mesures utiles pour la Guyane, pas sur des chiffres fantaisistes et inventés », selon Matignon.

La Guyane a connu mardi « la plus grosse manifestation de son histoire », de l’aveu même de la préfecture, avec près de 15.000 marcheurs sur une population de 250.000 habitants.

Comme un plébiscite pour l’Union des travailleurs guyanais (UTG), dont les 37 syndicats membres avaient voté à la quasi-unanimité la grève générale illimitée qui a commencé lundi.

30/03/2017 18:25:36 –         Cayenne (AFP) –         © 2017 AFP

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