Mois : juillet 2015

La personnalité de 10 écrivains révélée par un super-ordinateur

« Vous êtes astucieux, sincère et tranquille. » Le super-ordinateur Watson, qui a battu des humains au jeu Jeopardy, s’est lancé dans l’analyse de ma personnalité. Ou plutôt de ce qu’il en ressort d’après un texte que j’avais écrit.

La machine conçue par IBM propose en effet à n’importe quel internaute de décrypter sa personnalité à partir de quelques lignes (minimum 100 mots) rédigées en anglais ou en espagnol. Le résultat est amusant, surtout parce qu’il livre le détail chiffré de chaque aspect de la personnalité de l’auteur. Amusant mais pas forcément très convaincant.

Watson me voit comme franc (à 93%), à la recherche de la réussite (89%), dans un désir d’amélioration (98%). En revanche, je ne serais absolument pas modeste (2%), et encore moins altruiste (1%). Pour dresser ce portrait, Watson s’est basé sur un e-mail de 260 mots envoyés à un correspondant américain dans le cadre d’une interview. La documentation précise néanmoins qu’il vaut mieux donner à l’ordinateur un texte de 3.500 mots, voire de 6.000, pour que cette « analyse linguistique » déduise au mieux « les caractéristiques cognitives et sociales » de l’auteur.

Plus que de se tester soi-même, le programme de Watson se révèle particulièrement intéressant pour découvrir la personnalité des autres. Evidemment, les résultats sont à prendre avec des pincettes, mais voilà l’outil ultime du « stalker », c’est-à-dire celui qui traque la présence en ligne d’une cible (parfois jusqu’à l’extrême).

Après les collègues et les CV, je me suis lancé dans l’analyse des auteurs français : 10 écrivains incontournables sont passés à la moulinette du programme. Les personnalités s’avèrent diverses et variées, donnant un aspect nouveau aux oeuvres.

(Cliquer sur les visuels pour afficher en plus grand)

# Les empathiques

« L’Etranger » révèle étonnamment un Albert Camus « sentimental » et « empathique » (ce qui ne colle pas au personnage de « l’Etranger »), mais aussi « difficile à embarrasser » et « relativement indifférent à l’indépendance et la réussite ».



La personnalité d’Albert Camus, calculée à partir du premier chapitre de « L’Etranger » (LIDO/SIPA/Capture d’écran)

Il se rapproche ainsi de Gustave Flaubert qui, avec « Madame Bovary », apparaît comme « généreux et expressif », mais également « empathique » et faisant facilement « confiance ». Une sorte de naïveté bien loin du réalisme de son écriture…



La personnalité de Gustave Flaubert, calculée à partir du premier chapitre de « Germinal » (GOLDNER/SIPA/Capture d’écran)

# Les prétentieux

Selon Watson, Gustave Flaubert a une personnalité opposée à Molière, dont « le Bourgeois Gentilhomme » met en lumière un homme « social », d’où son attrait pour la comédie. C’est également quelqu’un « avec une haute estime de [lui-]même ».



La personnalité de Molière, calculée à partir de la première scène du « Bourgeois Gentilhomme » (Flickr/Skara kommun/Capture d’écran)

Pierre Corneille affiche plus de mesure. « Le Cid » révèle une personnalité « sociale » mais « sans prétention », malgré des « choix entraînés par un désir de prestige ». Sur ce point, il a été comblé.



La personnalité de Pierre Corneille, calculée à partir de la première scène du « Cid » (ABECASIS/SIPA/Capture d’écran)

# Les confiants

Pour Voltaire, c’est son tempérament « calme » qui ressort. « Candide » le présente comme « sincère et confiant », mais aussi capable de « gérer des événements inattendus calmement et efficacement ». De quoi donner une nouvelle lecture des grands combats du philosophe des Lumières.



La personnalité de Voltaire, calculée à partir de la première scène de « Candide » (AFP/Capture d’écran)

Cette personnalité se rapproche de celle d’Emile Zola, dont « Germinal » le dépeint comme « calme sous la pression » et « confiant ». Il a également « un désir de bien-être », qui s’illustre par sa maison de campagne à Médan.



La personnalité d’Emile Zola, calculée à partir du premier chapitre de « Germinal » (GOLDNER/SIPA/Capture d’écran)

# Les insensibles

Watson désigne également les « insensibles ». Premier d’entre eux : Jules Verne, que « 20.000 lieues sous les mers » présente comme « sceptique » et « philosophe », et « avec une imagination débordante ». Un point sur lequel le super-ordinateur ne se trompe pas.



La personnalité de Jules Verne, calculée à partir du premier chapitre de « 20.000 lieues sous les mers » (LASKI/SIPA/Capture d’écran)

Stendhal aussi apparaît comme « un peu insensible et sceptique », avec « le Rouge et le noir ». L’auteur est « sûr de lui, » également « philosophe » et attiré par « les expériences qui donnent un sentiment de bien-être ». Idée à rapprocher du beylisme, cette recherche du bonheur caractéristique des héros de l’auteur romantique.



La personnalité de Stendhal, calculée à partir du premier chapitre du « Rouge et le noir » (GOLDNER/SIPA/Capture d’écran)

De quoi le rapprocher de Jean-Paul Sartre. Sa nouvelle « Huis clos » le dépeint comme un homme « sincère, un peu insensible et sceptique ». Néanmoins, il est un « philosophe ouvert aux idées nouvelles », ce qui s’illustre dans ses travaux sur l’existentialisme, cette doctrine qui met l’accent sur le vécu plutôt que sur l’être.



La personnalité de Jean-Paul Sartre, calculée à partir du premier chapitre de « Huis Clos » (RUDLING/SIPA/Capture d’écran)

# Le strict

Enfin, Victor Hugo se révèle, avec « Notre-Dame de Paris », comme « strict et un peu insensible ». Lui aussi « philosophe », il est « sûr de [lui] » et « calme sous la pression ». Sa barbe certainement..



La personnalité de Jean-Paul Sartre, calculée à partir du premier chapitre de « Notre-Dame de Paris » (SEGUIN/SIPA/Capture d’écran)

Boris Manenti

Pour analyser votre personnalité ou stalker celle de quelqu’un d’autre, il suffit d’ajouter un texte en anglais ou en espagnol dans la fenêtre ci-dessous :

« Les Oiseaux » : Hitchcock à tire-d’aile

Je me souviens qu’en août 1963 la bande-annonce des « Oiseaux » était géniale : Hitchcock lui-même présentait le film, en précisant bien qu’il fallait se méfier des bêtes à plumes, puis il taquinait un serin en cage (qui lui piquait le doigt d’un coup de bec) et se mettait à table pour manger un poulet.

Il ne le savait pas, mais c’était son dernier film réussi : les cinq films suivants ont terriblement vieilli. Pas « les Oiseaux », curieuse fiction de suspense fantastique, où des milliers de mouettes attaquent les humains.

A l’époque, « Hitch » racontait aux journalistes que c’était un événement authentique, que les habitants d’un patelin américain avaient été soumis aux plongées kamikazes de volatiles dangereux. Certains critiques y virent une méditation métaphysique sur la fin des temps, sur la menace atomique, sur la vengeance de Dieu. Chacun ses âneries, n’est-ce pas ? En tout cas, c’est magistral.

Cruel, voire sadique, toujours tyrannique

En fait, le réalisateur s’est inspiré d’un roman de Daphné du Maurier (auteur de deux autres romans adaptés par « Big Alfred », « la Taverne de la Jamaïque » et « Rebecca ») et a fait écrire le scénario par Evan Hunter (pseudonyme d’Ed McBain, génie du polar). Celui-ci a travaillé dur sur ce script et a raconté son expérience dans un (passionnant) livre, « Hitch et moi » (Ramsay). Les effets spéciaux (très sophistiqués à l’ère préinformatique, autant dire le paléolithique supérieur) sont signés Ub Iwerks, créateur du personnage de Mickey Mouse chez Walt Disney.

Quant à Tippi Hedren, dont c’était le premier rôle (elle avait 33 ans), elle a alors découvert la face cachée de Hitchcock : cruel, voire sadique, toujours tyrannique. Elle fut même un brin stupéfaite quand le bonhomme lui proposa de partager quelques instants de fun ensemble. L’idée de faire la pirogue congolaise avec le Bibendum lui répugnait. Elle le traita même de « fat boy ». C’était le péché maximum. Personne n’avait osé. Du coup, le tournage se transforma en enfer pour elle, et, lors du film suivant, « Pas de printemps pour Marnie », ce fut pire. Après quelques autres tentatives cinématographiques, Tippi Hedren préféra se consacrer à l’élevage des félins.

Pour le pittoresque : notez l’apparition du cinéaste, au début du film, en compagnie de deux chiens. Lesquels, sur le plateau, étaient, de l’avis général, les êtres les mieux traités par le maître du suspense.

François Forestier

♦ Les Oiseaux, par Alfred Hitchcock. Film américain, avec Tippi Hedren, Rod Taylor, Jessica Tandy, Suzanne Pleshette (1963, 2h).

Calais : un migrant soudanais meurt près du tunnel sous la Manche

«Nos équipes ont retrouvé un corps ce [mercredi] matin et les pompiers ont confirmé le décès de la personne», a affirmé un porte-parole d’Eurotunnel. Il s’agit de la dixième personne décédée aux environs du site d’Eurotunnel depuis le début du mois de juin. Dans la nuit de mardi à mercredi, le site d’Eurotunnel à Calais a de nouveau été l’objet d’au moins «1 500» tentatives d’intrusions de la part de migrants, a indiqué à l’AFP une source policière.

La personne décédée, d’origine soudanaise, aurait «entre 25 et 30 ans» et aurait été percutée par un camion «qui descendait d’une navette pendant qu’il essayait de grimper dessus», a indiqué une source policière. «Tout s’est passé cette nuit, et à 6 heures, les policiers avaient encore pas mal de boulot», a-t-elle ajouté, précisant qu’on lui avait rapporté la présence «entre 500 et 1 000 migrants» aux abords du site du tunnel sous la Manche. «Je ne suis pas étonné par ce chiffre élevé de migrants. Un migrant fait deux ou trois tentatives, pas beaucoup plus», selon elle.

A 7h30, un véhicule de la gendarmerie prospectait encore aux alentours du site, alors que des files de camions étaient en train de se former à l’entrée du tunnel.

Lors de la nuit précédente, Eurotunnel avait déjà indiqué que près de 2 000 tentatives d’intrusion de migrants avaient été recensées. C’était «la tentative d’intrusion la plus importante depuis un mois et demi», avait déclaré à l’AFP un porte-parole d’Eurotunnel. Depuis plusieurs semaines, les tentatives d’intrusion de migrants sur le site d’Eurotunnel sont quotidiennes. Du fait d’un conflit social entre la compagnie maritime MyFerryLink et le propriétaire de ses bateaux, le groupe Eurotunnel, le port de Calais a été bloqué en grande partie depuis juin. De nombreux migrants ont alors essayé de profiter de la paralysie du trafic transmanche pour monter dans les camions à l’arrêt à Calais.

Le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve était en déplacement mardi en Grande-Bretagne pour s’entretenir avec son homologue britannique Theresa May sur la question migratoire, omniprésente depuis 15 ans dans le Calaisis.

De sources officielles, le départ de quelque 5 000 migrants candidats à l’émigration vers la Grande-Bretagne a été à ce jour empêché, que ce soit sur le site d’Eurotunnel ou via le port de Calais.

De Séguéla à Obama : cinq vidéos à ne pas manquer ce mardi

Cinq phrases polémiques lancées par Jacques Séguéla, le discours de Barack Obama au siège de l’Union africaine en Ethiopie et dix exploits sportifs français en 2015. Cinq vidéos à voir ce mardi.

Chiffres du chômage : la droite dénonce une «manipulation»

Au lendemain de l’annonce d’une croissance quasi-nulle du nombre de demandeurs d’emploi par le ministère du Travail, les critiques fusent à droite. Qu’il s’agisse des députés Les Républicains (LR), tels que Patrick Balkany ou du Front national (FN) représenté ce matin par Florian Philippot, tous dénoncent le nouveau mode de calcul du taux chômage, accusant même le gouvernement de masquer les véritables chiffres.

Obama exhorte l’Afrique à vaincre le «cancer de la corruption»

Le président américain a appelé l’Afrique à vaincre le «cancer de la corruption». Depuis la tribune de l’Union africaine à Addis Abeba, en Ethiopie, Barack Obama a exhorté l’Afrique à adhérer aux principes démocratiques si elle veut assurer son développement et représenter au mieux ce qu’il nomme «l’esprit africain». «Rien ne libérera plus le potentiel économique de l’Afrique que l’éradication du cancer de la corruption», a estimé le chef d’Etat américain. «La corruption existe partout dans le monde y compris aux Etats-Unis», mais «en Afrique la corruption vide l’économie de milliards de dollars, de l’argent qui pourrait être utilisé pour créer des emplois, construire des hôpitaux et des écoles».

Cinq incendies impressionnants dans le monde en juillet

La Gironde subit depuis quatre jours un important incendie de forêt. Environ 600 hectares sont partis en fumée à Saint-Jean-d’Illac en Gironde. Mais cet incendie, plus impressionnant que dévastateur, n’est pas un cas isolé. Canada, Catalogne, Etats-Unis ou encore Grèce, de nombreux pays ont été touché en juillet par les flammes. 

Cinq phrases controversées lancées par Jacques Séguéla

«Si à 50 ans on n’a pas de Rolex, on a raté sa vie.» Six ans après ces propos retentissants, Jacques Séguéla a tenté de se justifier lundi sur BFM TV avec un mea culpa raté qui a relancé la polémique. Le célèbre publicitaire a déclaré à l’antenne que «même si on est clochard, on peut arriver à mettre de côté 1 500 euros». Mais ces deux sorties controversées sont loin d’être les seules prononcées par Jacques Séguéla.

Dix victoires sportives françaises en 2015

La Française Aurélie Muller a remporté le 10 km en eau libre ce mardi 28 juillet lors des Mondiaux 2015 en Russie. Elle est devenue championne du monde de la distance du 10 km dames. Elle n’est toutefois pas la seule française à exceller dans son domaine : l’équipe de volley française s’est imposée 3-0 mi-juillet contre la Serbie en finale de la Ligue mondiale, leur premier titre international. De l’haltérophilie au slalom, en passant par le cyclisme sur piste, dix exploits sportifs réalisés par des Français en 2015.

PHOTOS. Voyage : ce blogueur chinois a le job le plus cool du monde

PHOTOS. Voyage : ce blogueur chinois a le job le plus cool du monde

En clôture de son parcours des monuments nationaux, Yibo Fan a assisté, le 26 juillet, à l’arrivée du tour de France sur les Champs-Elysées, et au survol de l’arc de Triomphe par la patrouille de France à cette occasion (photo). Le saviez-vous ? 70% des visiteurs de l’arc de Triomphe sont des étrangers. On comprend donc l’intérêt qu’a le CMN à s’adresser à ces derniers sur les réseaux sociaux. Quid de leur accueil une fois sur place ? « On investit. On a un effort à faire sur les langues vivantes, au moins l’anglais. On se prépare car le patrimoine est un atout touristique majeur pour la France », affirme Philippe Bélaval.

(fanyibo7 sur Instagram)

Natation : Aurélie Muller championne du monde du 10 km

Aurélie Muller est devenue championne du monde sur 10 km dames, seule distance olympique en eau libre, lors des Mondiaux-2015 de natation, mardi à Kazan, et s’est qualifiée pour les JO-2016.

La Française âgée de 25 ans s’est imposée en 1 heure 58 minutes 03 secondes 4, devant la tenante du titre européen, la Néerlandaise Sharon van den Rouwendaal (1:58.06.7). Le bronze est revenu à la Brésilienne Ana Marcela Cunha (1:58:26.5)

PKK et Etat islamique, les deux fronts d’Ankara

Fort du soutien de son allié américain, le président islamo-conservateur turc Recep Tayyip Erdogan a encore accru sa pression contre le PKK, la guérilla et les mouvements kurdes en général, alors que s’ouvrait mardi matin à Bruxelles une réunion d’urgence de l’Otan. Son secrétaire général, Jens Stoltenberg, a assuré la Turquie de la «forte solidarité» de l’alliance face au «terrorisme». Les forces aériennes turques continuent leurs opérations aussi bien contre les jihadistes de l’Etat islamique (EI) que contre la guérilla kurde, ainsi que les arrestations. Plus d’un millier de personnes liées à l’EI ou au PKK ont déjà été appréhendées.

La guérilla kurde est-elle le principal objectif militaire d’Erdogan ?

Aux yeux d’Ankara, c’est une menace qui est au moins aussi dangereuse que celle représentée par l’EI. Dans une conférence de presse, l’homme fort de l’AKP, le parti au pouvoir depuis 2002, a relancé ses attaques contre les «terroristes» du PKK, clamant qu’il est «impossible» de continuer le processus de paix avec les Kurdes tant que les rebelles continuent à mener des attaques meurtrières contre les forces de sécurité turques. «Il est hors de question de reculer. C’est un long processus et il se poursuivra avec la même détermination», a-t-il insisté. Mais il a aussi implicitement menacé le Parti démocratique des peuples – le HDP –, vitrine politique du PKK qui s’est néanmoins ouverte à toutes les diversités et qui avait recueilli 13 % aux élections législatives du 7 juin. «Je suis personnellement hostile à l’interdiction des partis mais les leaders politiques doivent payer le prix de leurs liens avec des groupes terroristes», a martelé le Président, évoquant une levée d’immunité parlementaire des députés du HDP, voire une dissolution du parti. Bon nombre des partis prokurdes liés au PKK qui avaient précédé le HDP ont été interdits ces vingt-cinq dernières années, ce qui ne les empêchait pas de renaître sous un nouveau sigle. Ces mesures contre des élus du HDP aggraveraient notablement la tension, alors même que les incidents se multiplient aussi bien dans le Sud-Est à majorité kurde que dans les grandes villes de l’Ouest, où vivent de nombreux Kurdes. Les autorités semblent en fait vouloir intimider le HDP pour qu’il ne lance pas de mouvements de contestation contre les frappes visant le PKK. «Il doit choisir ou les armes ou la démocratie», a mis en garde le Premier ministre, Ahmet Davutoglu.

Le processus de paix entre Ankara et le PKK est-il mort ?

Washington, ravi de récupérer son grand allié, a soutenu les frappes turques contre le PKK, dont les combattants pourtant affrontent au sol en Syrie comme en Irak les jihadistes de l’EI. En revanche, les Européens, par la voix de la chancelière allemande, Angela Merkel, et de la chef de la diplomatie européenne, Federica Mogherini, ont appelé Ankara à ne pas mettre en péril le processus de paix avec la guérilla kurde, destiné à mettre fin à un conflit qui depuis 1984 a fait quelque 45 000 morts. Lancées par Erdogan à l’automne 2012, ces négociations d’abord secrètes, puis rendues publiques, avec Abdullah Ocalan, le leader historique du PKK condamné à la prison à vie en 1999, avaient été suivies en mars 2013 d’un appel à déposer les armes par le chef kurde. Depuis lors, les incidents armés étaient devenus très rares. Bien que moribond avec notamment les prises de positions très nationalistes d’Erdogan pendant la campagne électorale de juin, le processus de paix n’en résistait pas moins jusqu’à ce que le PKK, en représailles à l’attentat-suicide de Suruç de la semaine dernière (32 morts) mené par l’EI, ne revendique l’assassinat de deux policiers turcs. Les durs du PKK, notamment des commandants installés en Irak du Nord, sont ouvertement hostiles aux négociations avec Ankara. Ont-ils voulu torpiller ce processus ? Ont-ils été pris de court par l’ampleur de la réaction turque ? Les risques d’une reprise de la guerre kurde sont en tout cas bien réels et elle serait dévastatrice. Le pire, pourtant, n’est pas encore sûr. Abdullah Ocalan lui-même pourrait intervenir depuis sa prison de l’île d’Imrali, au large d’Istanbul, comme il l’a déjà fait plusieurs fois pour appuyer ces négociations dont il espère qu’elles aboutiront à terme à sa remise en liberté. Son prestige dans la population kurde reste très grand. Mais depuis trois mois, les autorités ont bloqué tout contact entre lui, ses avocats et les représentants des partis kurdes.

La Turquie s’engage-t-elle réellement contre l’EI ?

Il ne faut surtout pas sous-estimer la portée du tournant opéré par l’AKP qui a lancé des frappes contre le groupe Etat islamique et ouvert ses bases aux avions de la coalition. Mais il veut faire d’une pierre deux coups, voire trois. Premièrement, récupérer la confiance de ses alliés et en tout premier lieu des Américains, exaspérés par les ambiguïtés de ces derniers mois d’Ankara face à l’EI. Deuxièmement, créer une zone protégée dans le nord de la Syrie, au nord d’Alep, où pourraient s’installer les réfugiés et les populations civiles libres à l’abri des bombardements du régime comme des incursions de l’Etat islamique. Troisièmement, affaiblir le PKK aussi bien sur le plan militaire que sur le plan politique, mais surtout empêcher la création le long des 900 kilomètres de frontière d’un Kurdistan syrien contrôlé par le PYD, le parti frère du PKK. Et ces objectifs se recoupent.

Qu’est-ce que la zone protégée dont parlent Ankara et Washington ?

La «zone protégée» dans le nord de la Syrie, longue d’une centaine de kilomètres et profonde d’une cinquantaine de kilomètres, permettra à la fois de désenclaver Alep, encore à moitié occupé par les forces du régime, afin de faire de la seconde ville du pays la «capitale» de la Syrie libre et de ses institutions. «Le but est d’établir une zone libérée de l’EI et d’assurer la sécurité et la stabilité le long de la frontière», explique un haut responsable américain au New York Times. Ce n’est pas véritablement une zone d’exclusion aérienne, même si l’aviation turque ou alliée abattra tout appareil du régime, avion ou hélicoptère, menant des incursions dans cet espace. Ce n’est pas non plus formellement une «zone sous protection internationale» car il n’y a aucun mandat du Conseil de sécurité, le veto russe bloquerait toute résolution. Elle n’est pas pour autant illégale au regard du droit international : des organisations terroristes, à commencer par l’EI, mènent des attaques contre la Turquie depuis cette zone où Damas n’est plus en mesure de faire respecter son autorité. D’où la légitimité de la riposte turque. Mais l’instauration de cette zone en une région peuplée en majorité d’Arabes et de Turkmènes aura aussi pour effet de séparer le canton kurde d’Afrin, le plus à l’ouest, des autres cantons kurdes du nord de la Syrie.

A San Sebastian

Un colloque à San Sebastian, auquel j’ai assisté jeudi dernier, m’a donné envie de vous faire part de mes observations. C’est pourquoi je vous parlerai aujourd’hui, non de ce colloque-là (qui était au passage très sympathique à suivre), mais des événements de genre dans l’absolu. Pour commencer, je dois préciser une chose : je suis […]

Sex-Symbol : la bombe Jayne Mansfield

« Elle a quelque chose de plus », remarqua John Kennedy, désignant une affiche « Jayne Mansfield for President », à New York. En effet : la « bombe blonde » était capable de jouer du violon ou du piano, mais ce n’était (probablement) pas là le propos de JFK. Avec sa silhouette en forme de sablier, ses soupirs de chatte, ses poses suggestives et ses yeux langoureux, Jayne Mansfield fit rêver tous les pères de famille des années 1950 : elle pouvait prendre une douche sans se mouiller les pieds et servir un martini (ou deux) sur son décolleté.

Idole des camionneurs et des gays, caricature d’elle-même, la jeune femme se transforma peu à peu en personnage de cartoon, marchant à petits pas sur des mules à talons surélevés, et en inventant les « accidents vestimentaires » qui mettaient le feu aux joues de ses interlocuteurs et faisaient le bonheur des paparazzi.

D’un regard, elle pouvait transformer un digne parlementaire en bouffon bégayant ou modifier une virgule en point d’exclamation. Dans « la Blonde explosive », le film de Frank Tashlin, un livreur, tenant une bouteille de lait, la regarde : le lait se met à bouillir, et le bouchon saute.

Du rose, du rose, encore du rose

Elle se promenait dans une Cadillac rose, s’habillait en rose, avait une piscine rose, une fontaine rose et devant sa maison – toute rose – on ne comptait plus les carambolages (les automobilistes ralentissaient).

Dans les milieux du cinéma, on la jalousait (une célèbre photo avec Sophia Loren en dit long), et, chez les culturistes, on l’adorait (c’était réciproque).

Jayne Mansfield aurait voulu être considérée comme une actrice sérieuse – elle joua même dans une pièce d’Eugène O’Neill, « Mort d’un commis voyageur » –, un peu comme si Zahia était à l’affiche d' »En attendant Godot ». L’affaire fut néanmoins un succès : les spectateurs s’en foutaient du commis voyageur. Mais ils aimaient bien les scènes où l’actrice se penchait sur le bonhomme, c’est-à-dire souvent…

Les lycéens collectionnaient ses photos. Accusée de pervertir la saine jeunesse américaine, elle prétendait simplement que « la chasteté peut se soigner, à condition d’être prise à temps », et donnant ainsi tout son sens au mot « pin-up ».

De Miss Nuisette à Miss Autoroute…

Vera Jayne Palmer naît en 1933 à Bryn Mawr (Pennsylvanie), la ville la plus universitaire et la plus huppée des Etats-Unis, mais la petite fille est élevée à Dallas, la cité la plus bigote et la plus intolérante du pays. Son papa, avocat, victime d’une crise cardiaque rend son âme à Dieu, et sa maman, institutrice, se remarie rapidement. A 12 ans, la petite Jayne manifeste déjà de remarquables talents en collectionnant des petits cœurs en carton et, à 16 ans, découvre l’amour sur la banquette arrière d’une Oldsmobile.

Elle se marie à 17 ans, enceinte de trois mois. Les concours de beauté lui ouvrent la voie de Hollywood : elle est élue Miss Nuisette, Miss Pull-Over, Miss Le-Dernier-Pour-La-Route (je ne rigole pas), Miss Analgésine, Miss Contact électrique, Miss Station Service, Miss Autoroute, Miss Hot Dog, Miss Tomate du Texas, Miss Chihuahua (elle en achète quatre), et Miss Faites-moi-le plein (authentique)… Elle tente de poser pour des maillots de bain, mais ses courbes trop… courbes frisent l’attentat à la pudeur et la jeune fille est refusée. A l’époque, on ne plaisantait pas avec la morale.

« Female Jungle »

L’Amérique des fifties, obsédée par le sexe, est encagée par les ligues de décence, les comités contre la perversion, les associations de promotion du puritanisme. Et puis d’autres starlettes blondes et craquantes font leur apparition : Diana Dors, Anita Ekberg, Mamie Van Doren, Marilyn Monroe… Pour les fêtes de fin d’année, Jayne Mansfield se balade en costume de Père Noël. Les gosses aiment bien. Les papas adorent. Les mamans, pas du tout. Mais  » Playboy » interviewe Jayne et celle-ci joue dans un film au titre éloquent : « Female Jungle ». C’est un nanar, elle en fera d’autres. Elle fait aussi des enfants, cinq au total.

Côté vie privée, c’est dense

C’est là que les choses se compliquent. Au cinéma, c’est simple : à part un ou deux films sympas (dont « la Blonde et moi » et « le Cambrioleur »), le reste est assez oubliable. En revanche, côté vie privée, c’est dense : Jayne Mansfield se marie avec l’un des bodybuilders de Mae West, Mike Hargitay, qui se met à la cogner. Elle se jette dans les bras d’Enrico Bomba, un producteur italien au profil de mafioso (« Il me fait l’amour comme une bête »). Il la brutalise un peu. Elle tombe amoureuse de Nelson Sardelli, un chanteur brésilien. Il la maltraite.

Elle se remarie avec Matt Cimber, un metteur en scène de théâtre qui adapte Jean Cocteau. Elle le trompe avec l’acteur Sergio Villagrán, l’acteur de « Los secretos del sexo débil » (tout un programme).

Entre-temps, elle a quelques amants connus, qu’elle fait défiler selon le système des portes tournantes : Oleg Cassini (grand couturier), Steve Cochran (acteur), Tommy Noonan (acteur), Nicholas Ray (réalisateur), Robby Robertson (pilote), Porfirio Rubirosa (playboy), Douglas Olivares (étudiant vénézuélien), Stephen Vlabovitch (bedeau), Raymond Strait (attaché de presse), Greg Bautzer (avocat marron).

Simultanément, elle se convertit au catholicisme, puis au judaïsme, flirte avec le bouddhisme, s’affilie à une secte sataniste, adopte des caniches qu’elle fait teindre en rose.

Elle sombre : alcool, pilules, came

A 30 ans, après cinq grossesses, Jayne Mansfield n’a plus les mêmes arguments de vente. Elle accepte des films imbéciles : « Les Amours d’Hercule », « la Blonde et les nus de Soho », « la Môme aux dollars » et « Mondo Balordo ». Elle sombre : alcool, pilules, came. Elle fait des tournées dans des strip-clubs de province : le Plantation Super à Greensboro (Caroline du Nord) ; le Iroquois Gardens à Louisville (Kentucky).

Minable. Elle joue dans des sitcoms à la télé, lit des poèmes dans des talk-shows, se vante de ses mensurations (117 centimètres de tour de poitrine), enregistre des disques (dont l’inoubliable « Shakespeare, Tchaikovsky & Me »), fait de la publicité pour une marque de champagne (rose, of course). En juin 1967, elle a un engagement dans une boîte de Biloxi, (Mississippi). Elle prend la route dans sa Buick Electra, direction La Nouvelle-Orléans. A deux heures du matin, la décapotable s’encastre sous un tracteur. Jayne Mansfield, le chauffeur et l’amant sont tués. Les enfants, sur la banquette arrière, sont indemnes. Elle avait 34 ans.

Peu avant sa mort, le révérend Billy Graham, le curé le plus avide de publicité des Etats-Unis, avait déploré la notoriété de pareille tentatrice :

Il est lamentable que les hommes connaissent mieux les mensurations de cette dame que le Deuxième Commandement ! »

Jayne Mansfield avait répondu :

Les hommes ? Ce sont des créatures avec deux jambes et huit mains. »

François Forestier

La semaine prochaine, dans  » Sex Symbol » : Rock Hudson.

GRAND FORMAT. Oran par Kamel Daoud

L' Obs

Par L’ Obs

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Publié le 26-07-2015 à 17h15

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Le photographe Ferhat Bouda est parti à Oran, sur les traces de l’écrivain et journaliste Kamel Daoud, prix Goncourt 2015 du premier roman pour « Meursault,

contre-enquête », miroir de « l’Etranger » de Camus.

L’intellectuel algérien, grand défenseur des libertés, sous le coup d’une fatwa depuis décembre 2014, a accepté de commenter pour « l’Obs » ces images.

Un regard engagé, poétique et politique sur sa ville.

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