Mois : avril 2016

« La joie », le nouvel épisode des « Cahiers d’Esther »

Elle s’appelle Esther, a maintenant 11 ans, a un grand frère nommé Antoine (« un con ») et se rend tous les matins dans une école privée parce que son père ne veut pas la mettre dans le public (trop dangereux). Voilà un an et demi que la fillette mise en scène par Riad Sattouf, dessinateur adulé pour sa série « L’Arabe du futur », a pris place à la dernière page de « l’Obs ». Le premier tome de ses aventures, « Les Cahiers d’Esther »(1), est maintenant disponible en librairie.

Il est presque certain que les sociologues des années 2050 se pencheront sur « Les Cahiers d’Esther », et pour cause : si Riad Sattouf brouille les pistes pour qu’elle ne soit pas reconnaissable, Esther existe dans la vraie vie ! C’est une écolière parisienne de 11 ans, fille d’un couple d’amis, qu’il soumet presque chaque semaine à un petit interrogatoire dont, ensuite, il fait son miel. Si la vraie Esther ne porte pas ce prénom et n’habite pas dans le 17e arrondissement, tout ce qu’elle raconte est d’une justesse indiscutable.

« Tout est presque vrai » : rencontre avec Esther, l’héroïne de Riad Sattouf

Arnaud Gonzague

(1) « Les Cahiers d’Esther. Histoires de mes 10 ans », de Riad Sattouf (Allary Editions, janvier 2016, 16,90 euros).

Les LGBT, cibles des conservateurs américains

Alors qu’un jugement du Conseil des Prud’hommes de Paris vient de déclarer que « PD » n’était pas une injure homophobe, aux Etats-Unis les droits des homosexuels et des transgenres demeurent un sujet de crispation pour les élus républicains de certains Etats. Plusieurs mesures ouvertement discriminatoires expriment leur déni d’une société qui change.

Depuis que, l’an dernier, la Cour suprême américaine a déclaré que le mariage entre individus de même sexe était un droit constitutionnel, prolongeant ainsi une série de mesures de l’administration Obama dans les domaines de la santé ou de la fiscalité, certains Etats fédérés à majorité républicaine tentent de freiner une évolution cependant inéluctable en faveur des droits des homosexuels et des personnes transgenres. Cette nostalgie d’une Amérique patriarcale et profondément empreinte de religiosité chrétienne s’inscrit dans un contexte qui explique aussi le succès de Donald Trump et de Ted Cruz. Plusieurs cas récents ont ainsi défrayé la chronique dans le Dakota du sud, en Géorgie, au Kansas, et c’est en Caroline du nord et dans le Mississipi que la polémique est la plus forte.

Mississipi et Caroline du nord : la discrimination, une arme face au « politiquement correct »

En Caroline du nord, un texte, surnommé « bathroom bill » et promulgué il y a quelques semaines par le gouverneur républicain Pat McCrory, impose l’utilisation des toilettes publiques (notamment dans les universités) selon « l’identité sexuelle de naissance ». Il s’agit de nier l’identité sexuée des transgenres, même si celle-ci est reconnue par la loi. Dans un autre Etat, le Dakota du sud, le gouverneur a opposé son veto à un texte de loi similaire. L’instrumentalisation de la biologie demeure l’arme favorite des opposants aux droits des minorités sexuelles et à l’égalité entre les femmes et les hommes – nous connaissons bien le sujet en France aussi. L’argument invoqué par les partisans de la mesure est en effet que des pervers sexuels déguisés en femmes pourraient agresser des femmes et des fillettes (quid des petits garçons ?) dans les toilettes.

On est surpris par ce soudain intérêt des ultra conservateurs pour les droits des femmes : on se souvient par exemple des débats hallucinants sur le viol durant la campagne présidentielle de 2012. En réalité, il s’agit toujours de dire que les LGBT (hommes) sont, par essence, des pervers sexuels – catégorie que, bien sûr, on ne retrouve pas chez les hétérosexuels… Mais la mesure de Caroline du nord va plus loin : elle vise aussi à interdire aux municipalités de l’Etat toute forme de lutte contre les discriminations à l’égard des LGBT, notamment dans l’emploi.

Dans le Mississipi, le gouverneur Phil Bryant a signé une loi votée par le congrès de l’Etat qui autorise commerçant et employeurs, par conviction religieuse, à refuser de vendre un bien ou un service, ou d’offrir un emploi à un homosexuel. Une loi un peu similaire a été promulguée au Kansas : sur les campus universitaires, les associations religieuses sont autorisées à refuser leur accès à certaines personnes. En Géorgie, au contraire, le véto du gouverneur, Nathan Deal, a prévalu… face aux intérêts économiques. Des studios de cinéma avaient notamment menacé d’arrêter de tourner dans l’Etat ; or, en 2015, ce dernier avait récolté près de deux milliards de dollars grâce l’industrie cinématographique.

Un boomerang dévastateur pour les Républicains

Le rockeur Bruce Springsteen a annulé son concert prévu en Caroline du nord pour exprimer son opposition au texte. Le poids du symbole est fort. Mais les enjeux financiers le sont encore plus. Plus de 120 entreprises ont envoyé un courrier au gouverneur McCrory pour exprimer leur indignation, et non des moindres : Google, Apple, Facebook ou encore Bank of America. La société Pay Pal, en particulier, a annoncé renoncer à un projet d’investissement de plus de 3 millions et demi de dollars et à la création de 400 emplois dans l’Etat. Sur un plan strictement politique, si la frange ultra-conservatrice des élus de l’Etat fait pression sur McCrory, il pourra difficilement se passer du soutien du monde économique alors même qu’il remet son poste de gouverneur en jeu, le 8 novembre prochain. Dans le Mississippi, les sociétés Tyson Foods, MGM Resorts International, Nissan ou encore Toyota, principaux employeurs de l’Etat, se sont également exprimés en défaveur du texte.

En 2015, des projets de loi semblables avaient créé la polémique dans l’Indiana et l’Arkansas, et la même opposition avait vu le jour de la part d’acteurs de cinéma, de la National Collegiate Athletic Association qui organise les compétitions sportives universitaires, des organisateurs du « Final Four tournament » masculin – une compétition de basket-ball –, et bien sûr du monde des affaires (Tim Cook, le PDG d’Apple, Doug McMillon, le PDG de Walmart, dont le siège est dans l’Arkansas, etc.). Devant le tollé général, les deux gouverneurs avaient refusé de signer les textes en l’état. En 2014, c’est en Arizona qu’une loi surnommée « Pas de gâteau de mariage pour les gays » avait été stoppée par le véto de la très conservatrice gouverneure, Jan Brewer. Les associations LGBT avaient alors trouvé un allié influent : la Ligue professionnelle de football avait en effet menacé de ne plus organiser la finale du Super Bowl à Phœnix.

Les grandes entreprises du high tech, du divertissement et de l’Internet, qui se mobilisent fortement aux côtés des associations en faveur des droits des LGBT, sont aussi en première ligne pour défendre une réforme de la législation fédérale sur l’immigration, dans le sens d’une libéralisation. Ce n’est pas le seul sujet sur lequel le monde des affaires tend à se démarquer des élus républicains – eux-mêmes divisés. La protection de l’environnement en est un autre.

En termes d’image, ces mesures contre les LGBT sont désastreuses pour les Etats qui les votent. Les discriminations à l’encontre d’un groupe en raison du sexe, de l’orientation sexuelle ou encore de l’origine, outre leur caractère profondément révoltant sur un plan éthique et démocratique, sont un mauvais calcul pour l’économie. Elles occasionnent une perte en termes de confiance, de cohésion sociale, et de richesse. Hillary Clinton l’a bien compris, qui en fait un argument depuis le début de sa campagne. Le prochain combat en faveur des minorités, quelles qu’elles soient, et des femmes consistera sans doute en une loi fédérale garantissant l’égalité professionnelle et salariale. Aujourd’hui, c’est un des points de clivage les plus forts entre les Démocrates et les Républicains.

Vivendi et Berlusconi s’allient pour contrer Netflix

La bague de fiançailles ne représente que 3,5 % du capital des sociétés respectives. Mais Vivendi et Mediaset ont annoncé hier soir leur union à travers un échange de participations croisées. Après des semaines de négociations, Vincent Bolloré et le clan Berlusconi sont en effet parvenus à un accord qui prévoit notamment à terme la constitution d’une plateforme commune de télévision sur internet pour concurrencer l’Américain Netflix.

Dans l’immédiat, l’homme d’affaires breton va aussi récupérer 100% de Mediaset Premium, le bouquet de télévision à péage de Silvio Berlusconi avec l’intention de créer des synergies avec Canal+. Reste que pour un bon connaisseur du dossier, la reprise de la chaîne payante (évaluée à 800 millions d’euros) est avant tout «le ticket d’entrée» que Vincent Bolloré a dû acquitter pour mettre le pied dans l’empire milanais.

A lire aussi : Bolloré prend ses ponctions chez Vivendi

L’an dernier, Mediaset Premium, qui compte 2 millions d’abonnés, a perdu 83,8 millions d’euros notamment en raison de droits du foot pour la Ligue des Champions démesurés. Sur le papier, l’affaire apparaît donc peu engageante. Mais «l’objectif de Vincent Bolloré est de prendre peu à peu le contrôle de Mediaset, notamment de ses trois chaînes commerciales en clair et de créer un grand groupe de communication en Europe du Sud», avance ce spécialiste.

De son côté, Silvio Berlusconi qui fêtera à l’automne ses 80 ans, organise son désengagement progressif des médias. Même si son fils cadet, Pier Silvio Berlusconi, qui est formellement aux commandes de Mediaset, a assuré hier : «à ceux qui se demandent si c’est le premier pas de la famille Berlusconi pour un retrait du monde de l’édition et des médias, la réponse est non, au contraire». Pour preuve, rappellent les Milanais, l’accord prévoit que Vivendi ne pourra pas monter à plus de 5% du capital de Mediaset dans les trois prochaines années. Mais après…

«Ce n’est pas la première fois que Silvio Berlusconi envisage de vendre son empire», rappelle un ancien collaborateur du Cavaliere. «Il y a quelques années les négociations avaient été très avancées avec Rupert Murdoch. Au dernier moment, Silvio Berlusconi avait renoncé. Mais il était plus jeune. Et puis surtout aujourd’hui, Mediaset n’est plus en aussi bonne santé que par le passé. Qui plus est Silvio Berlusconi a d’autres affaires en cours à l’étranger. Enfin, la vente de Mediaset pourrait lui permette de régler plus facilement la question de la succession entre ses cinq enfants» nés de deux lits différents.

Interrogations sur les intentions de Bolloré

Pour le président du directoire de Vivendi Arnaud de Puyfontaine, l’investissement dans Mediaset «est la preuve de notre engagement et de nos liens étroits avec l’Italie» et «confirme notre stratégie de créer un groupe paneuropéen leader dans le secteur des médias et la création de contenus». Reste à savoir quelle place sera accordée dans ce schéma à Telecom Italia, le premier opérateur téléphonique italien dont Vivendi est aussi le premier actionnaire avec 24,9% du capital. Vincent Bolloré a juré que son investissement était sur le long terme.

Mais à Rome, on s’interroge de plus en plus sur les réelles intentions du Breton. «Il ne serait pas surprenant qu’il utilise Telecom Italia pour monter dans Mediaset en offrant en échange un part du capital à Berlusconi», considère un expert qui estime que l’échec du rapprochement entre Bouygues et Orange ouvre aussi de nouvelles perspectives : «la rupture change tout. Stéphane Richard va devoir revoir sa stratégie et va chercher un partenaire. Bolloré pourrait l’aider avec Telecom Italia en échange d’une belle plus-value».  

Eric Jozsef Rome, de notre correspondant

VIDEO. Bertrand Belin fait passer le festival Chorus par son Cap Waller

C’est dans un studio montreuillois façon cabinet de curiosités que Bertrand Belin nous reçoit. Un foisonnement d’instruments, de bibelots incongrus, d’affiches éculées et de livres égarés qui ressemble à l’homme comme à son oeuvre. Notamment à son excellent dernier album, « Cap Waller », qu’il défend ce vendredi 8 avril au Festival Chorus des Hauts-de-Seine.

L’occasion, pour ceux qui ne connaissent pas ce chanteur multi-instrumentiste (guitare, violon, piano…), auteur de musiques de films (et à l’occasion acteur) portant beau à mi-chemin de la quarantaine rugissante, de découvrir son lexique choisi et servi par une voix grave, grondante comme des flots au large de son Quiberon natal.

Moins intimiste que ses précédents albums, ce « Cap Waller » qu’il jouera aux « 3 Pierrots » de Saint-Cloud – avec Tatiana Mladenovitch (batterie), Thibault Frisoni (basse-claviers), Olivier Daviaud (lap steel -claviers) et Julien Omé (guitare) – gagnera en dynamisme sur scène. Là où, dixit Belin, « l’énergie se multiplie et se démultiplie ».

Promesse d’autant plus alléchante que cet opus est un collier de perles précieuses, au fil de ses 11 titres, dont l’incantatoire « Folle, folle, folle », l’envoûtant « Je parle en fou » ou l’attachant « Mot juste ».

Mais au fait, comment les trouve-t-il, ces mots « justes » ? Il explique la gestation de ses textes :

« Je n’écris pas mes chansons sur une feuille car voir le texte sur la page va m’influencer dans la construction du reste de ce que je suis en train d’écrire d’un point de vue formel. Si j’ai commencé par une phrase à 8 pieds, ou par un quatrain ou un alexandrin, je vais être tenté de suivre un modèle que l’architecture sur la page m’impose presque. Je préfère mettre les mots directement dans la musique car c’est là que l’on mesure immédiatement leur capacité à flotter comme un objet dans l’eau. »

A ce propos, ne cherchez pas le Cap Waller sur une mappemonde. Ce fils de marin a certes voulu exprimer la notion de passage. Mais, au lieu de Horn, trop connoté, Belin a choisi Waller, du nom d’un musicien de Sheffield qu’il a beaucoup « écouté dans un pub », près du studio où le Français et sa bande enregistraient l’album.

Le choix de ce titre a été un point de départ, « comme avoir le nom d’une ville pour mieux la construire après, comme en littérature où un titre plein de promesses guide l’auteur dans son travail ». Bertrand Belin sait de quoi il parle. A l’automne, il publiera son troisième livre. Cet homme-là a bien des choses à nous dire. Avec ou sans les basses de sa voix.

Jean-Frédéric Tronche

Sa tournée

08.04.16 : Les 3 Pierrots – Saint Cloud (92)

09.04.16 : Festival Les Musicales d’Avril – La Teste de Buch (33)

19.04.16 : Le Carré Magique – Lannion (22)

20.04.16 :: Le Centre Culturel Athéna – Auray (56)

21.04.16 : L’Archipel – Fouesnant (29)

22.04.16 : La Carène – Brest (29)

23.04.16 : Le Fuzz’Yon – La Roche sur Yon (85)

26.04.16 :: Session Paradiso / Radio RTS – Lausanne (Suisse)

28.04.16 : Le VIP – Saint Nazaire (44)

03.05.16 : Le 104 – Paris (75)

04.05.16 : Le 104 – Paris (75)

12.05.16 : L’Excelsior – Allonnes (72)

13.05.16 : L’Espace Gérard Philippe – Fontenay sous Bois (94)

27.05.16 : Le Théâtre National – Nice (06)

28.05.16 : Festival Rush – Rouen (76) / lecture musicale ‘Requin’

29.05.16 : Festival Rush – Rouen (76)

31.05.16 : La Médiathèque – Lens (62)

25.06.16 : Festival Musiques & Terrasses – Verdun (55)

06.07.16 : Festival de la Cité – Lausanne (Suisse)

15.07.16 : Festival Les Francofolies de la Rochelle (17)

L’affaire du Modiagliani ou les magouilles du monde de l’art

Les révélations des « Panama Papers » vont-elles ébranler le marché de l’art ? L’affaire du tableau de Modigliani, « Homme assis » peint en 1918, révélée aujourd’hui par le site du « Monde », met au jour des pratiques souvent évoquées mais qu’il est souvent difficile de prouver. Dans l’article de Nathaniel Herzberg, on apprend ainsi qu’un « exploitant agricole de Dordogne, Philippe Maestracci, 71 ans, accuse la riche famille Nahmad de détenir ce tableau, vendu illégalement, selon lui, en 1944 par l’administrateur provisoire de la galerie de son grand-père. A l’inverse, le clan Nahmad conteste la réalité de cette spoliation et affirme ne pas détenir la toile ».

Officiellement, cette toile serait la propriété de la société panaméenne IAC, dont David Nahmad est l’unique actionnaire. Une qualité qui, selon les avocats de la famille Nahmad ne fait pas de lui le propriétaire de l’œuvre. C’est là toute l’argumentation que ce clan richissime (sa fortune est estimée à plus de 3 milliards de dollars) a utilisée pour bloquer la procédure entamée il y a cinq ans devant le tribunal civil de New York.

Affaires Wildenstein, Beltracchi…

La famille Nahmad a les reins solides. Propriétaire de galeries à New York et à Londres, elle est omniprésente sur les marchés des ventes publiques et ses collections sont riches, entre autres, de plusieurs centaines d’œuvres de Picasso qui seraient stockées au port franc de Genève. Les Nahmad et les Mughrabi (autre grande famille dominant elle aussi le marché de l’art) ont été surnommés « les mega-marchands que personne ne connaît ».

Que le nom des Nahmad apparaisse dans l’affaire des « Panama papers » n’est pas une véritable surprise, tant le marché de l’art est habitué à fréquenter les paradis fiscaux. L’enquête menée en 2012 par deux journalistes allemands, Stefan Koldehoff et Tobias Tim, (« L’affaire Beltracchi », ed. Jacqueline Chambon), révélait ainsi que nombre des tableaux réalisés par le faussaire Wolfgang Beltracchi avaient été acquis, certains pour des sommes allant jusqu’à 7 millions de dollars, par des sociétés domiciliées dans des paradis fiscaux.

Les Bonnie & Clyde du pinceau : la plus incroyable arnaque du monde de l’art

En France, on se souvient du combat que Sylvia Wildenstein (décédée en 2010) avait mené, s’estimant spoliée par la famille de son époux défunt. Les documents réunis par son avocate, Claude Dumont-Beghi, avait mis au jour selon ses propres mots, « l’usage des trusts [les sociétés écran, NDLR] à des fins d’occultation dans le domaine de l’art ». En 2009, l’avocate avait d’ailleurs joué un véritable rôle de lanceur d’alerte, à preuve l’émission de télé d’Elise Lucet (« Pièces à conviction ») à laquelle elle avait collaboré et qui mettait déjà en lumière la galaxie des ports-francs et des sociétés offshore logées notamment aux Bahamas.

Petits arrangements en cascade

L’affaire du tableau de Modigliani réunit toutes les facettes occultes du marché de l’art :

– spoliation de biens juifs durant l’Occupation : le propriétaire du tableau était un marchand juif dont la galerie parisienne a été aryanisée durant l’Occupation ;

– recyclage des œuvres sur le marché privé ou public par le biais de ventes où leur provenance est maquillée, transfert dans des ports-francs où, quoi qu’on en dise, le secret et les magouilles continuent à régner ;

– titres de propriété transférés dans des trusts logés aux îles Caïman ou ailleurs.

En 2015, le produit des ventes aux enchères mondial s’élevait à 16 milliards de dollars. A quoi il faudrait ajouter (mais nul n’en connaît le montant exact) celui des ventes privées. Selon un spécialiste du marché de l’art :

« Dans cet univers-là, tout le monde se tient par la barbichette. Les enjeux sont colossaux. Déjà, la plongée du marché de l’art chinois avait secoué les marchés l’an dernier. »

Une inquiétude qui ne fut que passagère : après une baisse de 10% en 2015, le produit des ventes a de nouveau progressé de 7% lors des deux premiers mois de l’année 2016…

Bernard Géniès

Écrire une série télé

Écrire une série télé
Karine de Falchi

Dans ce nouvel ouvrage de la collection « Les Ateliers d’Écriture », Karine De Falchi revient sur l’exercice délicat de l’élaboration d’une bible de série télévisée et se propose à cette fin de vous livrer « toutes les astuces pour rédiger une bible efficace ». Le livre comprend notamment un cahier pédagogique et de courts entretiens avec quelques personnalités telles que Jean-Luc Azoulay et Hervé Hadmar.

Voici le communiqué de presse :

« J’ai longtemps cherché un livre qui me permettrait d’avoir les clés pour écrire une bible de série. Tout le monde évoquait ce mot, ’bible’ et, tel un recueil des plus secrets, une potion bien gardée par les druides, il était impossible de trouver sa formule magique. J’ai donc décidé de vous faire partager le fruit de mes recherches, de mes rencontres et de mes expériences personnelles dans ce livre, qui est celui que j’aurais aimé avoir entre les mains. » (Karine de Falchi)

Le livre

« Dopées par leur succès commercial croissant, les séries télévisées – aux couleurs nationales diverses (États-Unis, Royaume-Uni, France, Danemark, Israël…) – ont, ces dernières années, envahi les programmes des chaînes de télévision, séduisant, par la singularité de leur offre et leur inventivité, des publics toujours plus nombreux, marquant nos imaginaires de leur empreinte.

Elle-même réalisatrice et scénariste, Karine de Falchi les accompagne dans cette démarche, proposant à leur intention un guide méthodique pas à pas – unique en son genre en France – de rédaction de la ’bible’, étape initiale mais décisive du développement du projet créatif.

Véritable fiche d’identité synthétisant l’ensemble des codes et éléments essentiels déployés au fil des épisodes, ce document – de référence – a en effet vocation à emporter l’adhésion du producteur potentiel.

Panorama des types et genres, focus sur les web-séries et séries digitales, détour par les aires culturelles étrangères et leurs particularismes de fonctionnement, tour d’horizon de la production hexagonale et de ses diffuseurs, ’clés’ de la bible (concept, note d’intention, personnages, arches narratives, arène, univers visuel et sonore, mécanique narrative, storytelling et/ou synopsis, pilote, ’pitch’) et boîte à outils (fiches de contour des personnages, tableaux d’interrelations entre eux, des intrigues, structures des épisodes…).

Illustré de nombreux exemples de séries à succès, ponctué d’entretiens avec des personnalités du monde télévisuel – qui partagent expériences, visions et façons de faire –, et assorti de conseils et d’exercices, Écrire une série télé en présente toutes les techniques.

L’auteur

Karine de Falchi a découvert très jeune l’univers des séries en travaillant sur H, la sitcom de Canal+. Après des études d’audiovisuel au Canada, elle a collaboré à de nombreux films, séries et émissions télé (notamment celles d’Arthur pour TF1) en tant qu’assistante réalisateur/régisseuse.

Co-auteure pendant 2 ans au sein de la matinale de RFM présentée par Jean-Luc Reichmann, elle est ensuite intervenue en tant que coordinatrice éditoriale et de production sur Ô Rendez-vous, la quotidienne musicale de France Ô, réalisant en parallèle interviews et clips.

Karine de Falchi prépare actuellement le tournage de Vol 69, série digitale ayant pour cadre le milieu de l’aviation. »

Écrire une série télé. Toutes les astuces pour rédiger une bible efficace, dans la collection « Les Ateliers d’Écriture ». Eyrolles. 160 pages, 18 €.

La plainte de la Société générale contre Mélenchon, une bonne idée ?

Ça n’aura pas traîné. Les Panama Papers virent au pugilat franco-français à propos du rôle de la Société générale. La banque, mise en cause pour avoir contribué à la création d’un millier de coquilles offshore au nom de ses clients, va porter plainte en diffamation contre Jean-Luc Mélenchon, Jérôme Kerviel et son avocat David Koubbi. Lesquels paraissent s’en réjouir par avance, car le retour de bâton pourrait s’avérer désastreux…

En cause, les propos tenus par Frédéric Oudéa, PDG de la Générale, en avril 2012 devant une commission d’enquête du Sénat sur l’évasion des capitaux. Citons-le dans le texte : «Nous avons fermé nos implantations dans les pays figurant sur la liste grise» des paradis fiscaux dits non coopératifs. «C’est-à-dire, en pratique pour nous, à Panama.» Parjure ? Toute fausse déposition devant une commission parlementaire est passible de cinq ans de prison. «Menteur devant être châtié», s’est insurgé Mélenchon au sujet du patron de la banque. «Multirécidiviste des infractions», a renchéri Kerviel. «Propos calomnieux intolérables», réplique la Générale.

Soutien logistique

Oudéa a-t-il menti  – sous serment – devant les sénateurs ? A la lettre, non : au moment de son audition, la banque avait bel et bien fermé ses trois filiales panaméennes. Mais le terme employé, «implantation», prête à confusion, car la banque n’avait pas alors cessé son soutien logistique à des clients ayant immatriculé une structure offshore au Panama. D’autant que Oudéa précisera sa pensée un peu plus tard lors de la même audition : «Je le répète, nous n’avons plus d’activité dans ces pays.» Cette fois, le terme employé, «activité», est d’interprétation bien plus large…

Qu’en pensent les sénateurs ? Eric Bocquet, alors rapporteur (PCF) de la commission d’enquête, va droit au but : «Les informations des Panama Papers contredisent fondamentalement ses déclarations de 2012.» Il ne prononce pas le mot de parjure mais le cœur y est. Philippe Dominati, alors président (LR) de la même commission d’enquête, préfère mesurer ses propos : «Pour l’instant, il serait irresponsable de dire qu’il y a faux témoignage.» Et de reprendre à son compte l’argumentation de la Générale, selon laquelle il s’agirait de «distinguer l’activité de la banque de l’activité de ses clients, car c’est quand même autre chose.» 

«On ne peut accepter que le Sénat soit bafoué»

Frédéric Oudéa peut s’attendre à une chose : il sera prochainement reconvoqué au Sénat pour témoigner à nouveau – pas avant le mois de mai, compte tenu des vacances parlementaires. A l’issue de cette explication de gravure, le Sénat pourrait – ou non – engager des poursuites. Là encore, Dominati tempère : «S’il y a faux témoignage, il doit être sanctionné, mais j’attends les explications de monsieur Oudéa.»

Là encore, Bocquet accélère : «On ne peut accepter que le Sénat soit bafoué.» Et d’annoncer avoir mandaté «à titre personnel» un avocat en vue d’ester en justice, en marge des procédures sénatoriales. Et de désigner à cet effet… MKoubbi, le défenseur de Kerviel, poursuivi en diffamation par la Générale ! Cela s’appelle un doigt d’honneur.

Renaud Lecadre

On a vu « Les Visiteurs 3 » : ça traînasse !

Quand les producteurs d’un film évitent de le montrer aux journalistes comme s’il s’agissait d’un compte planqué au Panama, c’est rarement bon signe. On se dit qu’ils ne doivent pas en être très fiers. On s’attend à une bouse de première catégorie. On saisit mieux leur calcul en découvrant « les Visiteurs 3 », ce mercredi 6 avril à 9 heures du matin, dans une grande salle parisienne à peu près vide.

Ce n’est pas une bouse de première catégorie. Mais c’est loin d’être un chef-d’œuvre. Surtout, ça n’est pas si drôle que ça. Beaucoup moins, en tout cas, que les premières aventures du tandem formé par le costaud Godefroy Amaury de Malfête, comte de Montmirail (Jean Reno), et le petit Jacquouille (Christian Clavier), qui avaient attiré plus de 13 millions de spectateurs en 1993, ou même que leur suite, « les Couloirs du temps », sortie en 1998.

Visiteurs 3 : pourquoi Pascal N’Zonzi n’a-t-il pas son nom sur l’affiche ? (c’est le seul)

Dans « les Visiteurs : la Révolution », on retrouve les deux héros les plus crétins de l’époque médiévale, toujours devant la caméra hystérique de Jean-Marie Poiré (avec douze ou quinze plans par minute, le type qui a fait le montage doit être atteint de Parkinson). Un carton nous rappelle aimablement les épisodes précédents : en gros, après un aller-retour entre leur XIIe siècle d’origine et la France des années 1990, l’ancêtre du cousin Hub a atterri en 1793 avec sa Fripouille.

Sous la Terreur, donc, pour être sûrs de nous montrer la Révolution française sous son aspect le plus sympathique et le plus caricatural : Robespierre est glacial, Marat marine dans son bain comme au Musée Grévin, les sans-culottes sont des bœufs d’une laideur généralement assez repoussante, et les aristos des racistes hérissés de tics ridicules. C’est l’abolition des privilèges pour les nuls. On comprend que ça ne déplaise pas à Jacquouille. D’ailleurs, au milieu de ce carnaval en costumes, il y a bien une tirade sur l’égalité qui vient, mais on l’a refilée à Franck Dubosc, qui joue un lointain « fillot » de Montmirail, c’est dire si ça fait rêver.

« J’ai merdassé »

La première réplique résume tout. C’est Reno qui rugit sous sa coupe au bol : « La Fripouille, tu traînasses ». Le film aussi. On y cause toujours l’ancien françois comme dans un sketch des Inconnus (« j’ai merdassé », couine Clavier qui veut « revenir fissa au temps des bagnoles »). Godefroy le Hardi pue du bec et des pieds, Jacquouille pue de partout (c’est pratique, ça donne lieu à une petite quarantaine de gags). Robespierre le coincé (Nicolas Vaude) a la cliche parce qu’il s’est goinfré de boudins trop pimentés.

Au début, fidèle à ses vieux réflexes de brute féodale, Reno veut « remettre le dauphin sur son trône » (ça fait office de scénario pendant une heure). Puis comme s’il comprenait que le film file un mauvais coton, il se dit qu’il vaudrait mieux dénicher un enchanteur capable de le renvoyer sous Louis le Gros (ça permet de boucler l’affaire en ménageant la possibilité d’un quatrième épisode dans une quatrième époque, puisque les sortilèges sont forcément foireux dans « les Visiteurs »). Pour le reste, il se contente du minimum syndical.

Les nouveaux comédiens embarqués dans l’aventure font le job comme ils peuvent. Sylvie Testud, qui joue la sœur de Robespierre, est maquée avec un gros bof avide de vengeance sociale (Jacquouillet, descendant de Jacquouille, joué évidemment par Clavier). Marie-Anne Chazel et Pascal N’Zonzi sont des concierges prêts à toutes les bassesses pour plaire à Marat.

Karin Viard, alias Adélaïde de Montmirail, est gâtée : elle trimballe une volumineuse choucroute sur sa tête et une tribu de bras cassés dans sa voiture à cheval (Alex Lutz, Stéphanie Crayencour, Ary Abittan) pour retrouver son mari (Franck Dubosc, donc), qui la trompe à Paris avec une grue. Leur concours de grimaces sera peut-être un jour amusant à contempler, devant sa télé, en famille, quand on n’a rien de mieux à faire. En attendant, ça manque curieusement de dinguerie.

Comique de répétition

De toute façon, l’essentiel n’est pas là. Ni dans la scatologie lourdingue, ni dans les mimiques appuyées, ni dans le scénario poussif. L’essentiel, dans ces « Visiteurs 3 », c’est de tabler sur le comique de répétition.

Les dialogues sont bricolés pour ça : permettre à Clavier-Jacquouille de recaser ses répliques cultes (« jour-nuit », « ça puire », « c’est cool », « c’est okayyy ») pour réveiller la nostalgie du spectateur ; tenter de lui en fabriquer de nouvelles, quand ce perroquet surexcité articule en boucle des éléments de langage qu’il ne comprend qu’à moitié (« On leur prendra tout, ça leur fera les pieds », « Hourra, c’est plus laïc »), pour être bien sûr qu’on les mémorise en sortant.

On se souvient que la recette avait excessivement bien marché, il y a vingt-trois ans. On se dit quand même que, pour un film situé pendant la Révolution, tout ça n’est pas très révolutionnaire.

Grégoire Leménager

On a écouté le nouveau Renaud, titre par titre

Il fait l’événement musical de ce mois d’avril. « Renaud » par Renaud (Parlophone) est le disque d’un revenant, un rescapé du désespoir fou.

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Très inégal, entre temps forts et temps morts, le disque est fait de grandes chansons et de rengaines dérisoires. Il a le mérite d’exister pour ses fans, qui sont nombreux.

Revue critique, titre par titre.

1 – « J’ai embrassé un flic »

En 1994, Renaud, qui se dit anarchiste, chantait « la Ballade de Willy Brouillard », une chansonnette contre la police, l’une de ses cibles favorites :

« Où t’as vu qu’j’allais faire une chanson/A la gloire d’un poulet ?/Ça s’rait vraiment l’monde à l’envers/Le fond de la misère/Est-c’qu’on peut mettre de la musique/Sur la vie d’un flic ? »

C’était avant. Avant la tuerie de « Charlie Hebdo » où il a perdu quelques amis, avant la prise d’otage sanglante de l’Hyper Cacher de la Porte de Vincennes (à laquelle il consacre une autre chanson).

Renaud : retour heureux et souvenirs douloureux

Sur une musique d’une légèreté déconcertante signée Michaël Ohayon, Renaud 2016 chante « J’ai embrassé un flic », en souvenir de la manifestation du 11 janvier 2015, inspiré et touché par cette émotion fraternelle de toute une nation qu’elle symbolisait.

2 – « Les mots »

C’est l’un des temps forts du disque. Sur une ballade de son ex-gendre, Renan Luce, Renaud écrit cette ode aux mots. Sans doute le texte le mieux écrit de cet album, celui d’une énième renaissance.

Renaud et les mots, une passion originelle, la constance de sa vie chaotique. Comme si les mots étaient finalement son plus sûr refuge :

« Qui rend la vie moins dégueulasse, qui vous assigne une place, plus près des anges que des angoisses. »

A cet égard, il cite les noms de ses maîtres à écrire : Léautaud, Brassens, Nougaro ou Hugo.

3 – « Toujours debout »

On a beaucoup entendu à la radio « Toujours debout », premier single de l’album « Renaud ». Chanson rock, chanson gadget, où le chanteur poursuit le récit de sa vie si compliquée, dans ce qu’elle a plus pénible, de plus douloureux : son alcoolisme, ses ruptures amoureuses, etc.

Renaud le hargneux, Renaud le revanchard, persuadé que les autres font son malheur. Cette fois, c’est aux paparazzis qu’il s’en prend, des « chasseurs de primes, qui n’impriment que des ragots, que des salades ». Passons.

4 – « Héloïse »

Renaud est grand-père. Sa fille, Lola, lui a donné une fille. Et c’est en tenant la main de son enfant et l’enfant de son enfant que l’auteur de « Mistral gagnant » se promène dans Venise.

Bien sûr, on l’a connu plus touchant, plus inspiré que par cette petite chanson d’album. Mais pourquoi pas.

5 – « La nuit en taule »

La voix a pris la fuite pour de bon, sur cette petite chanson rythmée, où Renaud raconte une nuit en garde à vue. Vécue ou fantasmée ? Peu importe. L’anarchiste donne sa petite morale de l’histoire, sans qu’on soit sûr de son ironie :

« Faudrait toujours traverser aux feux rouges et dans les clous. »

6 – « Petit bonhomme »

Deux des chansons du disque sont consacrées au fils de Renaud, le jeune Malone, qui avait déjà inspiré l’album « Molly Malone, balade irlandaise » en 2009.

« Sans toi je ne suis plus personne », écrit l’auteur esseulé et triste de l’être, dans cette chanson des plus mélancoliques :

« J’aimerais que tu me donnes un amour qui résonne. »

7 – « Hyper Cacher »

Renaud a déclaré s’être « réconcilié avec la communauté juive ». Il était donc fâché avec elle ? Mais pourquoi ? C’est son problème.

Quoi qu’il en soit, « Hyper Cacher » est une grande chanson, la seule sur le sujet à ce jour, où il souhaite aux victimes de l’attentat de janvier 2015 de reposer « en paix à Jérusalem, sur la terre de leurs pères, au soleil d’Israël ». Un requiem émouvant à chialer.

8 – « Mulholland Drive »

Le temps mort du nouveau Renaud, le voici. L’histoire d’une gamine qui quitte la maison. Ou pas. On ne sait pas.

9 – « La vie est moche et c’est trop court »

Renaud livre ici une « petite chanson désabusée, un peu triste pardonnez-moi ». Jolie promenade d’une vie de solitude et d’autodestruction. Où Renaud pleure ses amis disparus, Brassens et Coluche.

Sur cette chanson noire et autobiographique comme il en a le secret, la voix sombre plus que nulle part ailleurs. De quoi émouvoir ses fans. Et même les autres.

10 – « Mon anniv' »

L’autre temps mort du disque, petite chanson périssable :

« Chaque année un an de plus/un de plus/Chaque jour qui va/chaque jour qui passe/chaque jour qui part/C’t’un peu ma vie qui s’enfuit, qui s’enfuit… »

C’est vrai, le temps passe, c’est une découverte terrible. Que faire ?

11 – « Dylan »

« Dylan », sur une musique d’Alain Lanty, est une reprise puisqu’elle figurait déjà sur l’album de l’ex-femme de Renaud, Romane Serda, en 2007.

Dans son interprétation, Renaud donne plus d’intensité à ce drame : un gamin mort sur la route au sortir d’une boîte de nuit.

12 – « Petite fille slave »

Une fille de l’Est, venue à l’Ouest. Une prostituée et son mac. La chanson sociétale du disque, mais traitée un peu à la va-vite.

13 – « Ta batterie »

Autre reprise, autre chanson dédiée à Malone, autre démonstration d’un désespoir certain. La chanson, disons un slam, figurait en 2015 sur le dernier album de Grand Corps Malade, « Il nous restera ça », et fut considérée comme un événement : Renaud était toujours vivant.

Renaud revient avec « Ta Batterie », morceau déstabilisant

« Moi je ne fais plus beaucoup de bruit/Tu l’as remarqué/Oublie tous les vautours/ton papa est bien là », dit-il ici de cette voix incertaine qui est désormais la sienne.

Sophie Delassein

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