Auteur/autrice : admin

On a vu « Les Visiteurs 3 » : ça traînasse !

Quand les producteurs d’un film évitent de le montrer aux journalistes comme s’il s’agissait d’un compte planqué au Panama, c’est rarement bon signe. On se dit qu’ils ne doivent pas en être très fiers. On s’attend à une bouse de première catégorie. On saisit mieux leur calcul en découvrant « les Visiteurs 3 », ce mercredi 6 avril à 9 heures du matin, dans une grande salle parisienne à peu près vide.

Ce n’est pas une bouse de première catégorie. Mais c’est loin d’être un chef-d’œuvre. Surtout, ça n’est pas si drôle que ça. Beaucoup moins, en tout cas, que les premières aventures du tandem formé par le costaud Godefroy Amaury de Malfête, comte de Montmirail (Jean Reno), et le petit Jacquouille (Christian Clavier), qui avaient attiré plus de 13 millions de spectateurs en 1993, ou même que leur suite, « les Couloirs du temps », sortie en 1998.

Visiteurs 3 : pourquoi Pascal N’Zonzi n’a-t-il pas son nom sur l’affiche ? (c’est le seul)

Dans « les Visiteurs : la Révolution », on retrouve les deux héros les plus crétins de l’époque médiévale, toujours devant la caméra hystérique de Jean-Marie Poiré (avec douze ou quinze plans par minute, le type qui a fait le montage doit être atteint de Parkinson). Un carton nous rappelle aimablement les épisodes précédents : en gros, après un aller-retour entre leur XIIe siècle d’origine et la France des années 1990, l’ancêtre du cousin Hub a atterri en 1793 avec sa Fripouille.

Sous la Terreur, donc, pour être sûrs de nous montrer la Révolution française sous son aspect le plus sympathique et le plus caricatural : Robespierre est glacial, Marat marine dans son bain comme au Musée Grévin, les sans-culottes sont des bœufs d’une laideur généralement assez repoussante, et les aristos des racistes hérissés de tics ridicules. C’est l’abolition des privilèges pour les nuls. On comprend que ça ne déplaise pas à Jacquouille. D’ailleurs, au milieu de ce carnaval en costumes, il y a bien une tirade sur l’égalité qui vient, mais on l’a refilée à Franck Dubosc, qui joue un lointain « fillot » de Montmirail, c’est dire si ça fait rêver.

« J’ai merdassé »

La première réplique résume tout. C’est Reno qui rugit sous sa coupe au bol : « La Fripouille, tu traînasses ». Le film aussi. On y cause toujours l’ancien françois comme dans un sketch des Inconnus (« j’ai merdassé », couine Clavier qui veut « revenir fissa au temps des bagnoles »). Godefroy le Hardi pue du bec et des pieds, Jacquouille pue de partout (c’est pratique, ça donne lieu à une petite quarantaine de gags). Robespierre le coincé (Nicolas Vaude) a la cliche parce qu’il s’est goinfré de boudins trop pimentés.

Au début, fidèle à ses vieux réflexes de brute féodale, Reno veut « remettre le dauphin sur son trône » (ça fait office de scénario pendant une heure). Puis comme s’il comprenait que le film file un mauvais coton, il se dit qu’il vaudrait mieux dénicher un enchanteur capable de le renvoyer sous Louis le Gros (ça permet de boucler l’affaire en ménageant la possibilité d’un quatrième épisode dans une quatrième époque, puisque les sortilèges sont forcément foireux dans « les Visiteurs »). Pour le reste, il se contente du minimum syndical.

Les nouveaux comédiens embarqués dans l’aventure font le job comme ils peuvent. Sylvie Testud, qui joue la sœur de Robespierre, est maquée avec un gros bof avide de vengeance sociale (Jacquouillet, descendant de Jacquouille, joué évidemment par Clavier). Marie-Anne Chazel et Pascal N’Zonzi sont des concierges prêts à toutes les bassesses pour plaire à Marat.

Karin Viard, alias Adélaïde de Montmirail, est gâtée : elle trimballe une volumineuse choucroute sur sa tête et une tribu de bras cassés dans sa voiture à cheval (Alex Lutz, Stéphanie Crayencour, Ary Abittan) pour retrouver son mari (Franck Dubosc, donc), qui la trompe à Paris avec une grue. Leur concours de grimaces sera peut-être un jour amusant à contempler, devant sa télé, en famille, quand on n’a rien de mieux à faire. En attendant, ça manque curieusement de dinguerie.

Comique de répétition

De toute façon, l’essentiel n’est pas là. Ni dans la scatologie lourdingue, ni dans les mimiques appuyées, ni dans le scénario poussif. L’essentiel, dans ces « Visiteurs 3 », c’est de tabler sur le comique de répétition.

Les dialogues sont bricolés pour ça : permettre à Clavier-Jacquouille de recaser ses répliques cultes (« jour-nuit », « ça puire », « c’est cool », « c’est okayyy ») pour réveiller la nostalgie du spectateur ; tenter de lui en fabriquer de nouvelles, quand ce perroquet surexcité articule en boucle des éléments de langage qu’il ne comprend qu’à moitié (« On leur prendra tout, ça leur fera les pieds », « Hourra, c’est plus laïc »), pour être bien sûr qu’on les mémorise en sortant.

On se souvient que la recette avait excessivement bien marché, il y a vingt-trois ans. On se dit quand même que, pour un film situé pendant la Révolution, tout ça n’est pas très révolutionnaire.

Grégoire Leménager

On a écouté le nouveau Renaud, titre par titre

Il fait l’événement musical de ce mois d’avril. « Renaud » par Renaud (Parlophone) est le disque d’un revenant, un rescapé du désespoir fou.

Phénix Tour : Renaud revient avec une cinquantaine de concerts

Très inégal, entre temps forts et temps morts, le disque est fait de grandes chansons et de rengaines dérisoires. Il a le mérite d’exister pour ses fans, qui sont nombreux.

Revue critique, titre par titre.

1 – « J’ai embrassé un flic »

En 1994, Renaud, qui se dit anarchiste, chantait « la Ballade de Willy Brouillard », une chansonnette contre la police, l’une de ses cibles favorites :

« Où t’as vu qu’j’allais faire une chanson/A la gloire d’un poulet ?/Ça s’rait vraiment l’monde à l’envers/Le fond de la misère/Est-c’qu’on peut mettre de la musique/Sur la vie d’un flic ? »

C’était avant. Avant la tuerie de « Charlie Hebdo » où il a perdu quelques amis, avant la prise d’otage sanglante de l’Hyper Cacher de la Porte de Vincennes (à laquelle il consacre une autre chanson).

Renaud : retour heureux et souvenirs douloureux

Sur une musique d’une légèreté déconcertante signée Michaël Ohayon, Renaud 2016 chante « J’ai embrassé un flic », en souvenir de la manifestation du 11 janvier 2015, inspiré et touché par cette émotion fraternelle de toute une nation qu’elle symbolisait.

2 – « Les mots »

C’est l’un des temps forts du disque. Sur une ballade de son ex-gendre, Renan Luce, Renaud écrit cette ode aux mots. Sans doute le texte le mieux écrit de cet album, celui d’une énième renaissance.

Renaud et les mots, une passion originelle, la constance de sa vie chaotique. Comme si les mots étaient finalement son plus sûr refuge :

« Qui rend la vie moins dégueulasse, qui vous assigne une place, plus près des anges que des angoisses. »

A cet égard, il cite les noms de ses maîtres à écrire : Léautaud, Brassens, Nougaro ou Hugo.

3 – « Toujours debout »

On a beaucoup entendu à la radio « Toujours debout », premier single de l’album « Renaud ». Chanson rock, chanson gadget, où le chanteur poursuit le récit de sa vie si compliquée, dans ce qu’elle a plus pénible, de plus douloureux : son alcoolisme, ses ruptures amoureuses, etc.

Renaud le hargneux, Renaud le revanchard, persuadé que les autres font son malheur. Cette fois, c’est aux paparazzis qu’il s’en prend, des « chasseurs de primes, qui n’impriment que des ragots, que des salades ». Passons.

4 – « Héloïse »

Renaud est grand-père. Sa fille, Lola, lui a donné une fille. Et c’est en tenant la main de son enfant et l’enfant de son enfant que l’auteur de « Mistral gagnant » se promène dans Venise.

Bien sûr, on l’a connu plus touchant, plus inspiré que par cette petite chanson d’album. Mais pourquoi pas.

5 – « La nuit en taule »

La voix a pris la fuite pour de bon, sur cette petite chanson rythmée, où Renaud raconte une nuit en garde à vue. Vécue ou fantasmée ? Peu importe. L’anarchiste donne sa petite morale de l’histoire, sans qu’on soit sûr de son ironie :

« Faudrait toujours traverser aux feux rouges et dans les clous. »

6 – « Petit bonhomme »

Deux des chansons du disque sont consacrées au fils de Renaud, le jeune Malone, qui avait déjà inspiré l’album « Molly Malone, balade irlandaise » en 2009.

« Sans toi je ne suis plus personne », écrit l’auteur esseulé et triste de l’être, dans cette chanson des plus mélancoliques :

« J’aimerais que tu me donnes un amour qui résonne. »

7 – « Hyper Cacher »

Renaud a déclaré s’être « réconcilié avec la communauté juive ». Il était donc fâché avec elle ? Mais pourquoi ? C’est son problème.

Quoi qu’il en soit, « Hyper Cacher » est une grande chanson, la seule sur le sujet à ce jour, où il souhaite aux victimes de l’attentat de janvier 2015 de reposer « en paix à Jérusalem, sur la terre de leurs pères, au soleil d’Israël ». Un requiem émouvant à chialer.

8 – « Mulholland Drive »

Le temps mort du nouveau Renaud, le voici. L’histoire d’une gamine qui quitte la maison. Ou pas. On ne sait pas.

9 – « La vie est moche et c’est trop court »

Renaud livre ici une « petite chanson désabusée, un peu triste pardonnez-moi ». Jolie promenade d’une vie de solitude et d’autodestruction. Où Renaud pleure ses amis disparus, Brassens et Coluche.

Sur cette chanson noire et autobiographique comme il en a le secret, la voix sombre plus que nulle part ailleurs. De quoi émouvoir ses fans. Et même les autres.

10 – « Mon anniv' »

L’autre temps mort du disque, petite chanson périssable :

« Chaque année un an de plus/un de plus/Chaque jour qui va/chaque jour qui passe/chaque jour qui part/C’t’un peu ma vie qui s’enfuit, qui s’enfuit… »

C’est vrai, le temps passe, c’est une découverte terrible. Que faire ?

11 – « Dylan »

« Dylan », sur une musique d’Alain Lanty, est une reprise puisqu’elle figurait déjà sur l’album de l’ex-femme de Renaud, Romane Serda, en 2007.

Dans son interprétation, Renaud donne plus d’intensité à ce drame : un gamin mort sur la route au sortir d’une boîte de nuit.

12 – « Petite fille slave »

Une fille de l’Est, venue à l’Ouest. Une prostituée et son mac. La chanson sociétale du disque, mais traitée un peu à la va-vite.

13 – « Ta batterie »

Autre reprise, autre chanson dédiée à Malone, autre démonstration d’un désespoir certain. La chanson, disons un slam, figurait en 2015 sur le dernier album de Grand Corps Malade, « Il nous restera ça », et fut considérée comme un événement : Renaud était toujours vivant.

Renaud revient avec « Ta Batterie », morceau déstabilisant

« Moi je ne fais plus beaucoup de bruit/Tu l’as remarqué/Oublie tous les vautours/ton papa est bien là », dit-il ici de cette voix incertaine qui est désormais la sienne.

Sophie Delassein

Inégalités hommes-femmes au travail : rompre l’omerta sur l’identité des entreprises

Au bout du fil, Julien Bayou n’en revient toujours pas. «On m’a dit : la publication de ces listes pourrait causer préjudice aux entreprises concernées. Vous imaginez, vous, qu’on vous dise, « il y a eu une marée noire, nos côtes sont dévastées, mais ne dites pas que cela vient de Total, cela nuirait à leur image » ?»

Le porte-parole d’Europe Ecologie-les Verts laisse planer un silence. Une, deux, trois secondes. Puis reprend : «A croire qu’on ne veut pas embêter les multinationales avec la question des inégalités hommes-femmes.»

Loin de toute catastrophe pétrolière, ce sont donc les inégalités salariales qui amènent Julien Bayou au tribunal administratif, ce jeudi. L’élu francilien y a porté recours contre le ministère des Familles, de l’Enfance et des Droits des femmes, appuyé par des associations féministes et d’autres membres de son parti, en réclamant la publication des noms des entreprises qui ne jouent pas le jeu.

Mis en demeure

Ensemble, ils considèrent que les entreprises rétives à mettre en place des dispositifs égalitaires mériteraient bien un peu de (mauvaise) publicité. Dans le code du travail, l’article L2242-5 impose bien aux employeurs de plus de 50 salariés de lutter contre les différences de traitement entre les hommes et les femmes, à tous les niveaux : salaire, accès aux responsabilités, formation… Le tout, accords ou mesures à l’appui.

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Les mauvais élèves sont mis en demeure puis, si rien n’a changé six mois plus tard, sanctionnés. Financièrement, d’abord, à hauteur d’1% de leur masse salariale, mais aussi à travers l’interdiction de se présenter sur les marchés publics.

«Très bien, sauf que ni ces mises en demeure, ni ces sanctions ne sont rendues publiques», relève Julien Bayou. Impossible pour les élus de savoir s’ils dealent avec des entreprises irréprochables ou, au contraire, hors-la-loi. Une situation incompréhensible, juge le conseiller régional, qui reproche au ministère de garder secrètes les listes des entreprises que lui transmet l’Inspection du travail.

Salaires de 10% à 27% inférieurs

«Ces informations devraient être révélées, affirme-t-il. On le fait même pour le stress au travail, mais quand il s’agit des femmes mal payées, ce n’est pas un problème.»

Joints par Libération, les services du ministère temporisent. A la Direction générale de la cohésion sociale, on estime devoir «attendre les conclusions du rapporteur public».«Tout ce que je peux vous dire, c’est qu’il n’y a pas d’obligation à ce jour de dévoiler le nom de ces entreprises.»

Julien Bayou, lui, tire quelques chiffres de son communiqué pour appuyer l’urgence de son action. Et notamment celui-ci : presque quarante-cinq ans après l’inscription dans la loi, en 1972, du principe «à travail égal, salaire égal», les femmes touchent encore des salaires de 10% à 27% inférieurs à ceux de leurs collègues masculins.

Robin Korda

Mobilisation contre la loi travail, Macron et cancer : le point sur l’actu

Loi travail. Sept organisations représentant salariés, étudiants et lycéens ont appelé mercredi à une nouvelle journée d’action le 28 avril pour réclamer le retrait de la loi travail. Parallèlement, le mouvement «Nuit Debout» continue. Depuis une semaine, la place de la République, à Paris, se vit comme une nouvelle agora : lieu d’échange, de contestation et de combat. Mais qui sont les patrons de la Nuit ?

Macron. Le ministre de l’Economie Emmanuel Macron a officialisé mercredi soir le lancement de son club politique. Baptisé «En marche» , ce mouvement «ni à droite ni à gauche» se présente comme une antithèse des partis traditionnels.

Cancer. La Ligue contre le cancer a lancé une pétition exigeant une baisse des prix des nouveaux médicaments contre le cancer et réclamant que cette problématique soit au coeur de la réunion du G7 fin mai au Japon.

Inégalités au travail. Plusieurs élus écologistes ont déposé un recours contre le ministère des Droits des femmes devant le tribunal administratif. Ils réclament que les noms des sociétés récalcitrantes à l’égalité salariale hommes-femmes soient rendus publics. L’audience a lieu ce jeudi.

Prostitution. La France devient le quatrième pays européen à pénaliser les clients des prostituées après la Suède, la Norvège et l’Islande, marquant la fin d’une longue série d’aller-retours entre l’Assemblée nationale et le Sénat.

«Panama Papers». Perquisition menée au siège de l’UEFA, démission à la FIFA : au lendemain du départ du Premier ministre islandais, les rebondissements se poursuivent alors que les grands pays affichent leur volonté de combattre l’opacité fiscale et de mettre au pas le Panama. L’évasion fiscale n’est pas incompatible avec l’évasion musicale. Démonstration en sept exemples, de Van Halen à Cesaria Evora.

Foot. Le PSG a craqué et déçu mercredi soir face à Manchester City, au Parc des Princes, se contentant d’un nul (2-2) – Ibrahimovic a même raté un penalty – fragilisant grandement ses chances de qualification pour les demi-finales, tout comme le Real Madrid de Zidane battu à Wolfsburg (2-0) en quarts de finale aller de la Ligue des champions.

LIBERATION

L’amour, au coeur du nouvel album de Fakear

Des Etats-Unis, où il revient de tournée, au Japon, pays d’attachement, Fakear ne tient pas en place. Le monde de l’électro, il le conquiert pleinement. Alors, les derniers mois ont été intenses et les scènes de plus en plus vastes. Mais le jeune Normand à la limite du burn-out a trouvé refuge et repos en Suisse.

« C’est devenu avec une histoire d’amour le centre de mon attention, de mon inspiration. »

L’exil sentimental lui a permis de se recentrer. « Du coup, pour moi qui écrit sans parole, il est vraiment intéressant de retranscrire l’amour via les mélodies, via l’harmonie… Au final, ça donne quelque chose de très doux, de très solaire. C’est le contenu du prochain album qui sort en juin ».

A l’occasion du festival Chorus à la Défense (jusqu’au 10 avril) où il tient le haut de l’affiche, nous avons retrouvé un Théo apaisé. A l’aise dans ses Stan Smith et son sweat à capuche. Comme au premier jour. Comme aux premiers sets. Envoûtant. Plein d’envies. Et aux samples toujours enveloppants.

Where the beats come from

Une photo publiée par Fakear (@fakearmusic) le 9 Mars 2016 à 4h09 PST

L’Obs

« Truth », « High Rise », « Démolition » : les films à voir (ou pas) cette semaine

Le choix de « l’Obs »

♥♥♥ « L’Avenir », par Mia Hansen-Løve. Comédie dramatique française, avec Isabelle Huppert, André Marcon, Édith Scob, Roman Kolinka (1h41).

Affiche de "l'Avenir", par Mia Hansen-Løve, 2016De Michel Simon et Jean Gabin à Gérard Depardieu, l’influence de certains acteurs sur les films a dépassé parfois celle des auteurs. Aujourd’hui il y a Isabelle Huppert. Il ne s’agit pas de négliger ce que « l’Avenir » doit à Mia Hansen-Løve, qui est considérable, mais enfin, de la première à la dernière image, le film, c’est Isabelle Huppert. Au point qu’on ne saurait dire qui, du personnage ou de la comédienne, habite l’autre. L’intelligence de la jeune réalisatrice est d’avoir rendu possible cette confusion, cette alchimie.

Voici donc qu’à pas pressés s’avance Nathalie, professeur de philo, directrice de collection, chez qui les idées importent plus que les sentiments. Le jour où son mari depuis 25 ans (André Marcon), philosophe lui aussi, lui annonce qu’il la quitte pour une autre, elle aperçoit mal le bouleversement à venir. Car elle affirme voir dans l’accomplissement de sa vie intellectuelle une raison suffisante à son bonheur. Nous sommes entre gens intelligents : hors de question de se déchirer. Certains s’affrontent sur le partage des tableaux ou des maisons, ici c’est une édition complète des œuvres de Levinas dont Nathalie déplore d’être privée.

Il lui reste à découvrir ce qu’elle fera de cette liberté nouvelle. Ses enfants sont grands, désormais. Lui reste une mère fantasque, à l’humour ravageur, mais en fin de parcours, qui offre à Edith Scob de livrer une composition éblouissante. Il y a bien cet étudiant brillant (Roman Kolinka), dont le spectateur peut imaginer un temps que son entente avec Nathalie tournera à l’aventure amoureuse, mais non, le temps passe, certains jours si vite, parfois trop lentement, et vient le soir où, pour sécher les larmes qui lui sont venues sans qu’elle sache pourquoi ni comment, Nathalie ne trouve que la fourrure de ce chat qui jusqu’alors l’encombrait.

Le film épouse le rythme de Nathalie, il marche au pas d’Isabelle Huppert, porté par les musiques choisies par Mia Hansen-Løve, de Donovan à César Franck. Tout est affaire de culture, de transmission, de générations, de maîtres et d’élèves, d’émotions, de sentiments, de ceux surtout que l’on se cache à soi-même et qui, si profondément enfouis qu’ils soient, finissent par surgir. Et si, à l’écran, l’actrice semble en être surprise, c’est parce qu’à aucun moment elle ne paraît jouer.

Les autres sorties

♥♥ « Truth », par James Vanderbilt. Drame américain, avec Cate Blanchett, Robert Redford, Dennis Quaid (2h05).

Affiche de "Truth", par James Vanderbilt, 2016Deux mois après « Spotlight », « Truth » retrace l’affaire Bush-Guard et le marasme dans lequel a plongé la journaliste Mary Mapes (Cate Blanchett), fidèle collaboratrice du présentateur vedette Dan Rather (Robert Redford, dans un rôle de ténor du métier qui lui va bien). En septembre 2004, elle a sorti en effet dans l’émission « 60 Minutes II » de CBS News le scoop autour des passe-droits dont George W. Bush aurait bénéficié pour déserter ses obligations militaires et ne pas aller au Vietnam. Mapes s’est alors retrouvée la cible du tout-puissant lobby républicain, qui a discrédité son enquête auprès de l’opinion publique et ruiné sa carrière.

« Spotlight » était un film sobre et mesuré sur un journalisme triomphant. « Truth » sort tambours et trompettes pour mettre en scène un échec du journalisme. Les ralentis grotesques et les flonflons patriotiques mis à part, c’est du cinoche solide, comme ses acteurs, qui raconte avec une efficacité hollywoodienne les limites de la liberté de la presse face au pouvoir politique et financier, la crise de l’information en butte aux diktats de l’audimat et les prémices de l’ère médiatique actuelle sous l’influence délirante du web et des rumeurs qui s’y propagent.

♥♥ « Visite ou Mémoires et confessions », par Manoel de Oliveira. Documentaire portugais (1h08).

Affiche de "Visite ou Mémoires et confessions", par Manoel de Oliveira, 2016Un an après sa mort, à l’âge de 106 ans, Manoel de Oliveira parle encore. Face caméra et dans un film en 35 mm qu’il souhaite posthume. Lorsqu’il décide de se confier, en 1982, le cinéaste portugais a 73 ans, une sveltesse d’homme jeune et des ennuis financiers, lesquels l’obligent à vendre sa maison de Porto. Il l’avait fait construire en 1940. Pour cette cérémonie des adieux, il l’explore, pièce après pièce, en même temps qu’il revisite, photo après photo, l’histoire de sa famille et celle de son usine de textile.

A ce moment charnière de sa vie de créateur – une vingtaine de films, dont « la Divine Comédie », « Val Abraham », « le Couvent » ou « le Principe de l’incertitude », sont devant lui –, Oliveira, tel un cadreur, fait le point. Sur lui-même, sur ses idées fixes (la mort, la sainteté, la virginité, le couple), tandis que sa femme, Maria Isabel, à qui le film est dédié, cueille des fleurs au jardin dans une lumière de passé simple.

Ce monologue solennel et d’outre-tombe est un document précieux pour les fans d’Oliveira. Les autres peineront à entrer dans cette maison où les morts parlent aux vivants et où le parquet craque. Il n’est pas toujours le seul.

♥♥ « Mandarines », par Zaza Urushadze. Drame estonien, avec Lembit Ulfsak, Elmo Nüganen (1h27).

Affiche de "Mandarines", par Zaza Urushadze, 2016Bienvenue en Abkhazie, au nord-ouest de la Géorgie. Un petit coin de paradis rongé par les conflits interethniques consécutifs à l’éclatement de l’URSS.

Nous sommes en 1992 chez deux villageois perdus en pleine nature. Il y a Ivo (Lembit Ulfsak, photo), un vieil Estonien au visage de dieu grec, dont la famille a fui le pays, et son voisin Markus, cultivateur de mandarines. Deux hommes attachés à leurs terres qui n’aspirent qu’à vivre en paix jusqu’à ce qu’une fusillade entre groupes armés survienne près de chez eux, laissant deux survivants, un mercenaire tchétchène et un soldat géorgien, qu’Ivo décide d’héberger et de soigner sous son toit. La cohabitation est-elle possible ?

Nommé pour le dernier oscar du meilleur film étranger, « Mandarines », fable humaniste sur la bêtise des hommes dans des paysages d’une beauté biblique, s’épluche doucement, mais laisse un goût tenace.

♥ « Eva ne dort pas », par Pablo Agüero. Documentaire argentin, avec Gael García Bernal, Denis Lavant, Daniel Fanego, Imanol Arias, Sofia Brito (1h25).

Affiche de "Eve ne dort pas", par Pablo Agüero, 2016Qu’est-il advenu de la dépouille d’Eva Perón entre 1955 et 1974, entre le coup d’Etat militaire qui renversa son mari et le retour de son cercueil en Argentine ? Réponse entre trois mouvements. A la mort de l’icône, en 1952, à l’âge de 33 ans, son corps dûment embaumé est exposé. En 1956, quand un colonel (Denis Lavant), chargé de convoyer le cercueil dans le plus grand secret, affronte le soldat qui l’accompagne, comme si, même morte, Eva continuait d’attiser les passions. Et en 1969, lorsque des révolutionnaires se réclamant de Perón enlèvent le général Aramburu, un des auteurs du coup d’Etat de 1955, pour qu’il révèle l’emplacement de la dépouille.

L’originalité de la démarche de Pablo Agüero n’est pas douteuse, qu’il traduit en images très travaillées et en plans souvent longs, sans réussir à maintenir jusqu’au bout la tension créée par la première séquence, la plus réussie. Des images d’archives relaient cette représentation très cérébrale de l’histoire, qui intrigue sans convaincre.

♥ « High Rise », par Ben Wheatley. Film de science-fiction britannique, avec Tom Hiddleston, Sienna Miller, Jeremy Irons, Luke Evans (1h59).

Affiche de "High Rise", par Ben Wheatley, 2016C’est dur, la vie dans un gratte-ciel futuriste super luxueux à Londres. Robert Laing, jeune docteur élégant, découvre qu’il y a des clans (en haut), des tribus (en bas), des bizarres (partout), un architecte snob (Jeremy Irons) et un documentariste qui scrute la lutte des classes dans le bazar…

Tiré d’un roman de J. G. Ballard, le film de Ben Wheatley, réalisateur venu de la pub et de la télé, semble avoir été tourné par un clippeur sous amphètes : tout est bizarre, disjoint, grotesque, désagréable, menaçant. On comprend que c’est bien l’intention du réalisateur, mais transparaît aussi une emphase pénible : cette société (future ?) est suicidaire, réfléchissons à ce que nous sommes, ô spectateurs à tête vide ! Ce film est avant tout une fable sur notre destin, capisce ? Oui, on a saisi. On peut admirer Sienna Miller, bien sexy. Mais ça fait pas un film, non monsieur.

C’est raté

« Démolition », par Jean-Marc Vallée. Drame américain, avec Jake Gyllenhaal, Naomi Watts, Chris Cooper (1h41).

Affiche de "Démolition", par Jean-Marc Vallée, 2016L’un des films les plus parfaitement imbéciles de l’ère moderne. Dans la première minute, l’épouse d’un jeune trader bien propre sur lui est tuée dans un accident de voiture. Le gars reste de glace. Les parents, les amis, les proches pleurent. Pas lui. Il déprime, mais en super secret. En revanche, il se met à tout casser : ordinateurs, voitures, cuisine, maison. Il commence à la clé à molette, passe à la masse, puis finit au bulldozer. Pendant une heure et demie, il pète tout. Puis, quand il apprend qu’il était cocu, il se met à pleurer, et on le retrouve sur un manège avec des enfants trisomiques (émotion du spectateur). Il est redevenu humain. La preuve : il se recueille sur la tombe de sa femme, il n’est plus en nervous breakdown, ouf. C’est la fin.

Si vous voulez vous taper 101 minutes avec un Jake Gyllenhaal torturé (il souffre de ne pas souffrir, vous voyez ?), go. Sinon, vous pouvez regarder le papier peint chez vous, c’est kif-kif.

« A Bigger Splash », par Luca Guadagnino. Thriller italo-français, avec Ralph Fiennes, Dakota Johnson, Matthias Schoenaerts, Tilda Swinton, Aurore Clément (2h05).

Affiche de "A Bigger Splash", par Luca Guadagnino, 2016Apprécié surtout des publicitaires et des programmateurs télé, le film de Jacques Deray « la Piscine » (1969) doit l’essentiel de son attrait aux quatre interprètes, Delon, Romy Schneider, Ronet, Birkin. Dans ce remake improbable, Marianne Lane (Tilda Swinton), star du rock tendance glam privée momentanément de sa voix à la suite d’une opération, se terre dans l’île sicilienne de Pantelleria avec Paul (Matthias Schoenaerts), son compagnon depuis six ans, quand déboule Harry (Ralph Fiennes), son ex, producteur de disques, venu avec sa fille (Dakota Johnson). Enfin, est-elle vraiment sa fille ? Elle-même en doute, mais l’enjeu offre de verser une goutte de possible inceste dans l’eau chlorée. Non, la grande question est de savoir si le couple Marianne-Paul résistera aux menées perverses de Harry et si la liberté de mœurs est la clé du bonheur. Le suspense est tolérable, il se résout par un coup de force piteux, qui fait intervenir des migrants tunisiens et des carabiniers niais.

Le scénario est écrit avec des palmes. Tilda Swinton et Ralph Fiennes surnagent tant bien que mal. Schoenaerts affiche le ravissement du maître-nageur fier de son nouveau slip de bain. Lequel slip est souvent oublié au bord de la piscine, de sorte que tous s’ébattent librement. Le film, lui, touche le fond.

Pascal Mérigeau, Nicolas Schaller, Jérôme Garcin et François Forestier

2015, «année ambivalente» pour la peine de mort

Tous les ans, le rapport d’Amnesty international fait le point sur l’état de la peine de mort dans le monde. Et 2015 est «une année ambivalente», selon Anne Denis, responsable de la commission Abolition de la peine de mort chez Amnesty: hausse record du nombre d’exécutions, mais dans le même temps, augmentation du nombre de pays abolitionnistes.

1634 exécutions dans 25 pays

C’est une année record: 2015 a enregistré le plus d’exécutions depuis 1989. Amnesty International énonce le chiffre de 1634 exécutions dans 25 pays, soit une hausse de 54% par rapport à l’année dernière, et cela sans compter les exécutions en Chine où ces chiffres sont considérés comme secret d’Etat (comme au Belarus ou au Vietnam). Pour la Chine, Amnesty estime à plus d’un millier le nombre d’exécutions.

La mort par pendaison, majoritairement publique, est la méthode la plus répandue sur l’ensemble de la planète et notamment en Iran, au Pakistan, en Irak et au Bangladesh. La décapitation reste, quant à elle, la méthode privilégiée du royaume Saoudien. La Somalie, le Tchad et l’Indonésie, entre autres, ont recours au peloton d’exécution. L’injection létale est principalement utilisée en Chine, au Vietnam et aux Etats-Unis. Ces derniers connaissent toujours d’importantes difficultés à se fournir en barbituriques.

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Trois pays concentrent 89% des exécutions

Autre chiffre marquant, la concentration de ces exécutions: trois pays sont responsables à eux seuls de 89% des mises à mort sur l’année 2015. L’Iran, qui comptabilise plus de 977 exécutions, soit une hausse de 31% par rapport à l’année 2014. L’Arabie Saoudite du roi Salmane, qui a également augmenté son rendement en 2015 avec plus de 158 exécutions (+76% par rapport à 2014). Le Pakistan, qui avait annoncé le 17 décembre 2014 la levée de son moratoire de 6 ans sur la peine de mort, a rattrapé son retard en exécutant au moins 326 personnes sur l’année 2015. C’est le taux d’exécution le plus haut jamais enregistré dans le pays.

Six pays ont quant à eux choisi de recourir à nouveau aux exécutions: le Bangladesh, l’Inde, l’Indonésie, Oman, le Soudan du Sud et le Tchad. L’adoption de récentes lois antiterroristes a remis l’exécution des condamnés au centre du processus pénal comme moyen de disuasion.

Quatre pays ont aboli la peine de mort en 2015

D’après Anne Denis, «le mouvement général tend vers l’abolition.» Les îles Fidji, Madagascar, la République Démocratique du Congo et le Suriname ont aboli la peine capitale pour tous les crimes l’an dernier. Le rapport d’Amnesty révèle une tendance globalement encourageante vers l’abolition universelle de la peine de mort: 102 pays ne la comptent plus dans leur arsenal législatif, soit plus de la moitié des pays du monde.

D’autres pays y ont moins recours. Les Etats-Unis, par exemple, sont passés de 72 exécutions en 2014 à 52 en 2015, avec seulement deux exécutions dans l’Etat du Texas. «L’opinion publique américaine est de moins en moins persuadée de l’effet dissuasif de la peine de mort sur la criminalité, affirme Anne Denis. Les Etats où le taux de criminalité est le plus important sont ceux qui pratiquent encore la peine de mort. De plus en plus de juges évoquent des condamnations injustes et discriminatoires, et rappellent le coût exorbitant de la peine capitale».

Charles Delouche

Primaires américaines, Panama Papers, peine de mort… le point sur l’actu ce mercredi matin

Panama Papers. Le cabinet d’avocats panaméen Mossack Fonseca, au coeur du scandale des Panama papers qui a éclaté dimanche, a affirmé mardi avoir été victime d’un piratage informatique opéré depuis des serveurs étrangers et avoir porté plainte à ce sujet. Ces révélations ont entraîné la démission du Premier ministre islandais.

Primaires US. La primaire du Wisconsin a souri aux outsiders. Ted Cruz remporte une nette victoire face à Donald Trump, dont l’élan semble brisé. Côté démocrate, Bernie Sanders confirme sa bonne dynamique face à Hillary Clinton, qui reste toutefois la grande favorite. Donald Trump (photo AFP) subit une lourde défaite.

Peine de mort. Les exécutions de condamnés à mortont bondi de plus de 50% dans le monde l’année dernière, atteignant leur plus haut niveau depuis 1989, s’alarme mercredi l’organisation de défense des droits de l’Homme Amnesty International.

Bangladesh. Human Rights Watch dénonce l’incapacité du gouvernement à répondre au problème de l’eau contaminée dans les zones rurales du pays, un problème connu depuis les années 90.

Migrants. Le pape François devrait se rendre à Lesbos la semaine prochaine pour exprimer sa solidarité aux réfugiés bloqués sur les îles grecques, où les demandes d’asile à instruire se multiplient, au point qu’il pourrait s’écouler plusieurs jours avant les prochains retours en Turquie.

Blackout Tattoo : le tatouage 100% noir, la nouvelle tendance qui cartonne

Le Singapourien Chester Lee, d’Oracle Tattoo, partageait il y a une semaine deux photos de ses dernières créations sur Instagram, présentant ainsi la dernière tendance tatouage : le Blackout Tattoo. Il s’agit de recouvrir la peau d’encre noire en laissant apparaître la peau par endroits.

Une photo publiée par C H E S T E R (@oddtattooer) le 25 Mars 2016 à 2h01 PDT



Une réalisation imposante au fort potentiel artistique qui séduit de plus en plus de personnes qui ont recours à cet art corporel par pur esthétisme, ou simplement pour recouvrir d’anciens tatouages.

2.000 tags sur Instagram

Le Blackout Tattoo est devenu en quelques jours le sujet le plus discuté des férus de tatouages, devançant les réalisations picturales. Avec près de 2.000 tags sur Instagram, plusieurs personnes ont déjà testé l’expérience de recouvrir leur peau d’encre noire. Les bras et les jambes sont les parties du corps les plus exposées au nouveau tatouage, mais certains n’hésitent pas à se faire tatouer la poitrine, le dos ou leur estomac, qu’il s’agisse aussi bien d’hommes que de femmes.

Une photo publiée par C H E S T E R (@oddtattooer) le 23 Mars 2016 à 5h15 PDT



Linjojo’z,
une jeune femme de Singapour, fait partie de ceux qui ont passé le cap du Blackout Tattoo. Dans un premier temps, elle demandait de recouvrir certains de ses tatouages jusqu’à recouvrir totalement sa poitrine et son bras droit d’encre noire, avec comme motifs une encolure ondulée et une rose sur sa main (à droite sur l’image de Une). Après avoir posté une photo du travail terminé, la tatoueur à l’origine de cette création récoltait 6.000 likes. Quelques jours avant de tester l’expérience, Linjojo’z déclarait pourtant quand on lui demandait si elle avait pour but de de noircir son autre bras :

Non ! Je suis contente de mes tatouages tels qu’ils le sont à l’heure actuelle !

Encre noire et motifs chair

Une photo publiée par Alonso Venegas Rodríguez (@pincelbeats) le 28 Mars 2016 à 14h36 PDT



D’autres artistes publiaient ainsi leurs travaux sur Instagram, dévoilant un travail parfois monumental. Certains recouvraient des jambes entières en se servant du peu de peau non couverte pour faire y apparaître des motifs. Un homme allait même jusqu’à tatouer son corps d’encre noire en dévoilant seulement des lignes symétriques sur son ventre.

Une photo publiée par Linda (@lindabrun) le 28 Mars 2016 à 6h06 PDT



Chester Lee confirme qu’un tel travail peut prendre des heures avant d’obtenir une uniformité parfaite. Mais pour ceux qui veulent vraiment un tatouage unique, cela en vaut la peine :

Les gens apprécient le fait que le noir soit plus joli à regarder et dure plus longtemps. Mais c’est une affaire de goûts.

Laura Meunier

Saint Laurent : Anthony Vaccarello remplace Hedi Slimane

Saint Laurent passe donc entre les mains d’un Belge… Après des semaines de spéculation, la rumeur arrive à son terme, confirmée par le groupe Kering, propriétaire de la marque Saint Laurent : c’est Anthony Vaccarello qui reprendra les rênes de la direction artistique après le départ d’Hedi Slimane ce 1er avril.

Le créateur, déjà designer pour sa marque éponyme « Anthony Vaccarello », l’était également jusqu’à aujourd’hui pour « Versus », la ligne bis de Versace, qu’il quitte donc pour se concentrer sur les collections homme et femme de la maison de luxe française. Un départ commenté par Donatella Versace : « bien que je sois triste de le voir quitter la famille Versace, je souhaite à Anthony tout le succès qu’il mérite pour ce nouveau chapitre« . Une reprise de flambeau logique, Anthony Vaccarello maîtrisant à la perfection l’esthétique sexy et l’asymétrie que l’on retrouvait déjà chez Slimane. Pour autant, pas question de faire comme son prédécesseur, le « style Vaccarello », très affirmé, étant entièrement soutenu par le groupe Kering, qui lui laisse carte blanche.

Francesca Bellettini, Présidente-Directrice générale d’Yves Saint Laurent, a déclaré : « Je suis ravie qu’Anthony Vaccarello nous rejoigne pour diriger la création d’Yves Saint Laurent. La modernité et la pureté de son esthétique s’accordent parfaitement avec l’esprit de la Maison. Les silhouettes d’Anthony Vaccarello équilibrent impeccablement des éléments d’une féminité provocatrice et ceux d’une masculinité aigüe. Anthony Vaccarello est un choix naturel pour exprimer l’essence de la maison Yves Saint Laurent. Je suis enthousiaste à l’idée d’ouvrir cette nouvelle ère avec Anthony Vaccarello et de conduire ensemble la maison vers de nouveaux succès.« 

De son côté, le principal intéressé ne cache pas son enthousiasme :

La créativité, le style et l’audace de M. Saint Laurent sont légendaires. Je suis extrêmement reconnaissant de cette opportunité qui m’est offerte de pouvoir contribuer à l’histoire de cette maison extraordinaire.

Parcours sans faute

A 36 ans, le créateur, qui a fait ses classes à la prestigieuse école de la Cambre, remportait en 2006 le premier prix du Festival International de Mode et de Photographie à Hyères, avant de lancer sa première collection automne-hiver 2009-2010, qui défilait en janvier 2009 à Paris. Dès lors, on découvrait la fameuse « patte » Vaccarello : sa maîtrise impeccable des cuirs, son goût pour l’asymétrie, le sexy, le noir, et des coupes très ajustées pour celui qui « travaille ses coupes directement sur les corps des modèles« . Et son ascension ne s’arrête pas là : en 2011, il remporte le très convoité prix de l’ANDAM, qui salue son esthétique 80’s.

Le look final du dernier défilé d’Anthony Vaccarello (automne 2016) porté par l’une de ses muses, Mica Arganaraz

Entouré par un cercle de proches qui le soutiennent depuis ses débuts (dont Emmanuelle Alt de Vogue Paris, Caroline de Maigret ou Anja Rubik, qui défile pour lui dès 2009), le designer fait rapidement parler de lui. Un succès aujourd’hui confirmé par ce nouveau poste, qui lui confère une envergure encore inégalée. A suivre de très près.

Laurianne Melierre

A lire aussi : Lettre ouverte à Hedi Slimane par Sophie Fontanel

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